vendredi 24 décembre 2010

Noël

Ce jour-là connut la matérialisation inouïe en notre univers de la violence de l’Esprit. Il y a deux mille ans, hier, la puissance fantastique de la Pensée engendra le Christ. Dieu faisait irruption dans sa création.
Fort d’une inébranlable confiance en son Père, un jeune homme, comme les autres, commandait aux éléments. Il guérissait les malades, ressuscitait les morts, enseignait l’amour. Il pouvait anéantir ses ennemis, il en fut tenté, il s’y refusa. Il domina sa propre mort pour se manifester à nouveau à ceux qui savent regarder. 
Il fallait qu’il naquît dans l’univers des hommes, qu’il y mourût, et en ressuscitât pour ensemencer l’humanité. Aujourd’hui, parmi nous, la graine a germé deux milliards de fois.
 Vers quel destin nous entraîne cette spiritualisation de la matière ? Il faut relire Teilhard de Chardin : 
Dans un Univers où nous ne pouvons plus considérer sérieusement que la Pensée soit un phénomène exclusivement terrestre, le Christ (...) (est) identifié enfin par le travail des siècles, comme le sommet ultime de l’Évolution”.

mercredi 22 décembre 2010

Église

Il paraît que des catholiques allemands quittent en nombre l’Église à la suite des scandales de pédophilie chez des prêtres. Mais l’Église n’est pas un parti politique que l’on quitte ainsi au gré de ses humeurs, en renvoyant sa carte. Pour un chrétien vrai, cette Église, catholique en l’occurrence — c’est elle qui est visée —, n’est rien moins que le corps vivant du Christ, dont chacun est membre. A-t-on jamais vu un membre quitter son corps de son plein gré ? On peut l’en arracher, mais alors il meurt. 
Je ne peux m’empêcher de rapprocher cette information de celle-ci : en Iraq, en Égypte, des chrétiens sont massacrés dans leurs églises. Ceux qui en réchappent, et dont la foi force l’admiration, ne quittent pas leur Église, mais quittent en nombre leur pays pour continuer de vivre dans leur Église. 
Alors je pose la question : si demain la France, ou l’Allemagne, devait vivre le drame de l’Iraq — une hypothèse qui n’est plus, hélas, dans le domaine de l’impossible —, quitterai-je l’Église pour continuer de vivre dans mon pays, ou quitterai-je mon pays pour continuer de vivre dans l’Église ?

mercredi 8 décembre 2010

Jean Staune : "La science en otage"




Je viens de lire l'excellent livre de Jean STAUNE, “La science en otage” aux Presses de la Renaissance. Il fallait qu’un tel livre fût écrit, et Jean Staune parfaitement fait. 
J’en recommande vivement la lecture à tous ceux qui s’intéressent à la science contemporaine et à sa philosophie, et y cherchent réponse à leurs justes interrogations.
Mes propres travaux m’avaient largement ouvert au spectacle de l’intolérance, que Jean Staune décrit sans concessions, et qui transforme la recherche en un champ de bataille idéologique, voire mercantile. Ce livre, d’une densité inouïe et d'une documentation impressionnante, est précieux parce que l’on en sort parfaitement armé pour développer son esprit critique, et trouver le bon chemin dans ce dédale de fausses routes que sont les a priori du scientifiquement correct.



samedi 4 décembre 2010

Peur de la mort ?

Pourquoi avoir peur de la mort ?
Ou bien “après” la vie, il n’y a rien. C’est la conclusion à laquelle aboutit l’athéisme radical. Dès lors, pourquoi avoir peur de “rien” ? Pourquoi craindre de remplacer quelque chose par rien ? “Rien”, cela ne fait pas mal !
Ou bien après la vie il y a autre chose. Quoi ? Il ne peut s’agir de “quelque chose”. Car “quelque chose” suppose un espace pour le recevoir et pour le différencier “d’autre chose”. “Quelque chose” suppose aussi le temps pour séparer l’avant, où ce “quelque chose” n’est pas encore, de l’après, où il n’est plus. Or ce temps et son espace sont des données  de notre monde. Au-delà de la vie, espace et temps n’ont plus cours. Donc il ne peut s’y concevoir “quelque chose”. Alors quoi ? Que peut être l’opposé de “rien”, s’il n’est pas “quelque chose" ?  Eh bien, c’est “tout”. Au-delà de la vie, il y a “tout” ou “rien” ! Voilà l’équation. 
Dès lors, faut-il avoir peur du “Tout” ? Ce “Tout” qui, étrangement, figure le ciel que nous décrivent les Écriture, depuis quelques milliers d’années.  Ce “Tout”, que recouvre-t-il ? Les passés et les futurs superposés en un instant éternel ; les ici et les ailleurs réunis en un point infini ;  le bien et le mal, cette dimension négligée de notre espace-temps, cette diffraction du parfait que notre univers décompose, comme le prisme dénature la lumière blanche. 
Mais alors, ce "Tout" me renferme aussi ! Je suis en devenir, ici-bas, ce que je suis, déjà abouti, dans le tout. Si j'ai peur du "Tout", n'est-ce pas que j'ai peur de moi ? 

mercredi 24 novembre 2010

Calendrier cosmique

J’ai imaginé que l’Univers était né en même temps que vous, cher lecteur, et que ses 14 milliards d’années depuis le big bang ne duraient plus que le temps d’une vie, la vôtre (je vous ai accordé 100 ans dans mes calculs !). Voici ce que fut et sera votre spectacle.
À l’âge d’un jour moins quelques minutes, la nuit fait place à la lumière. À 21 ans vous assistez à l’assemblage de notre galaxie. À 66 ans vous voyez, pour la première fois dans l’histoire, s’élever le Soleil et à 67 ans vous fêtez la création de la Terre. À 71 ans seulement vous apparaît la vie, et vous devrez attendre le dernier mois de votre dernière année pour croiser l’ancêtre Australopithèque. Le 24 décembre de cette dernière année (si vous êtes né un premier janvier) vous apprenez le langage, et le 30 décembre, vous domestiquez le feu. Vous recevrez alors le diplôme de sapiens le 31 décembre, et décorez votre grotte à Lascaux dans la nuit du 31. Vous employez votre dernière heure à inventer l’agriculture, puis l’écriture, et connaissez Jésus-Christ à 23 heures, 52 minutes et 29 secondes.

dimanche 21 novembre 2010

La capote

En première info des journaux télé, hier soir : “Le pape a réuni les cardinaux(*) pour autoriser l’usage du préservatif…!”. Et en fin de journal : “Nous rappelons la principale information du jour : le pape autorise l’usage du préservatif…”. Ce matin, je me précipite sur les infos à la radio, au cas où… La nouvelle du jour : “Le pape pour l’emploi du préservatif ! Dans un livre à paraître, etc.”. Nul doute que demain matin, lundi, la presse écrite va en faire ses gros titres. Je les vois déjà à la une : “Révolution au Vatican… Changement de cap à l’Église catholique… Le préservatif enfin réhabilité…”
On comprend maintenant pourquoi nos contemporains étaient malheureux. On aurait pu penser que leur mal exprimait l’angoisse devant la faim dans le monde, par exemple ; ou la menace terroriste, l’extrémisme religieux ; ou encore la prolifération de l’arme atomique ; à moins que ce fût la fonte des glaces. Foin de tout cela ! Il s’agissait du pape et du préservatif. Maintenant que la grande nouvelle est tombée, tout va s’arranger.
L’histoire humaine a connu de grands événements depuis l’émergence de l’homo sapiens : l’invention de l’agriculture, il y a 12000 ans ; de l’écriture, il y a 5000 ans ; la chute de l’Empire romain ; la découverte de l’Amérique ; la première bombe atomique ; l’effondrement de l’URSS… Malraux avait dit que ce siècle serait religieux ou ne serait pas. Il n’avait rien vu. Ce siècle restera dans l’histoire comme le siècle de la capote !


(*) En réalité, l'ordre du jour de ce synode portait sur : l'Islam radical à la suite des attentats contre les chrétiens, les relations avec le protestantisme, la réforme liturgique, et le drame de la pédophilie. 

jeudi 11 novembre 2010

saint Martin

Chacun connaît sans doute le geste de Martin, officier de l’armée romaine à 18 ans qui deviendra saint Martin de Tours, partageant son manteau pour en donner une moitié à un malheureux grelottant de froid devant Amiens.
Mais sait-on que la nuit suivante, dans un rêve, Martin verra le Christ vêtu de ce pan de son propre manteau ?
Ainsi s’illustrait la sentence prononcée par Jésus, trois siècles avant, et rapportée par Matthieu : “Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait“.

samedi 6 novembre 2010

"Avant" le big bang ?

 « Qu’y avait-il avant le big bang, cet instant zéro (ou presque) de l’Univers » ? La question n’a tout simplement pas de sens, puisqu’il n’y a pas “d’avant” commencement. Le temps n’existait pas avant, il est une invention de la création. La science le confirme, aujourd’hui. La Genèse biblique le disait depuis longtemps (… et ce fut le premier jour, etc.). Alors, peut-on demander : « qu’y a-t-il au-delà du big bang »? Même formulée ainsi, la question n’a pas plus de sens, puisqu’il n’y a pas d’espace “au-delà” de notre univers. L’espace et le temps sont deux représentations du même concept qui n’ont pas cours “au-delà” ou “avant”. Alors, que dire ? Pour essayer d’avancer, il faut comprendre que la création — et avec elle l’espace, le temps, la matière, la vie — n’est pas issue de rien, mais de tout ; que l’inverse de quelque chose, ce n’est pas rien, mais tout. Le temps et son espace associé ne sont pas le fruit d’une dimension supplémentaire, ajoutée par la création, mais bien d’une dimension supprimée, une cinquième dimension. Que peut donc être cette vérité en cinq dimensions, dont est issu notre monde, sinon le royaume du Tout ? Un “toujours” dans un instant sans durée ; un “partout” dans un point sans étendue ? Une éternité contenue dans le zéro-temps ; un infini enfermé dans le zéro-espace.Comprendre cela, c’est s’ouvrir à une vérité du monde qui s’inscrit à merveille, autant dans sa description mathématique contemporaine, que dans le magnifique récit biblique de nos aïeux.J’ai entrepris de raconter cela dans mon livre “Le ciel du ciel, ou la dimension cachée”. Les héros de ce roman fantastique et captivant vous emmèneront à la porte de cette vérité qu’ils entrouvriront pour vous.

samedi 16 octobre 2010

Un peu d'au-delà.

Séance de dédicaces, hier, à Cultura de Chambray-lès-Tours. Une demi-douzaine d’auteurs tourangeaux présentent leurs ouvrages au milieu des rayons. Mes deux livres affichent fièrement leur sujet : un peu de spiritualité, une vision de l’Univers, un sens à la vie, qu’y a-t-il au-delà du big bang ?
 Les chalands passent. Les uns regardent sans comprendre. D’autres font un détour, de peur d’être agressés. Ou pressent le pas, prenant l’air affairé par leurs soucis. Quelques un lisent les affichettes-annonces en continuant de passer ; on voit leurs lèvres remuer ; ils s’arrêtent pour finir de comprendre et repartent, dubitatifs. 
Un peu d’humanité, enfin, dans cette absence d’âme. Des personnes s’arrêtent, s’approchent tout sourire, engagent la conversation sur le sujet. Dehors, on parle retraites, manifs…
Et parmi ceux-ci, deux visiteurs me réchauffent le cœur. Deux personnes aux antipodes du spectre socioculturel. L’un est astrophysicien. Joie d’échanger avec un scientifique dont les travaux sont le socle de mes réflexions sur l’au-delà de la matière. L’autre se présente compagnon forgeron. Je lui dédicacerai mon livre à son surnom de compagnonnage. Il en sait plus long que moi sur l’ésotérisme. 
Non, décidément, il n’y a pas à désespérer de cette Françe, elle reste profonde quand on balaye un peu.

lundi 4 octobre 2010

Sainte Bible

Je conserve, parmi mes livres les plus précieux, une traduction française de la Grande Bible (manuscrit réalisé au XIIe siècle en l’abbaye de Clairvaux sous la conduite de saint Bernard) que, faute de lire l’hébreu et le chaldéen pour remonter aux sources plus lointaines, je considère comme authentiquement catholique. Il s’agit de la traduction de l’abbé Crampon antérieure à 1894, complétée, après la mort de celui-ci, par les Pères de la Compagnie de Jésus, et finalement éditée en 1923 par la Société de saint Jean l’Évangéliste.
Je viens d’en trouver sur internet l’édition complète, rigoureusement conforme. Je la livre avec joie à tous ceux qu’intéresse la richesse de ces textes : http://bible.catholique.org/

jeudi 30 septembre 2010

Culture.

Pour dominer les circonstances, il faut les regarder de haut. Alors le désordre disparaît. La mer déchaînée devient étale vue du ciel. La force du détachement opère, si l’on sait libérer les événements, comme le cavalier s’abandonne aux allures du cheval pour mieux le maîtriser. Les difficultés se hiérarchisent, la conjoncture tourne au favorable quand on l’irradie de sa paix intérieure.
Le chef est celui qui sait remonter au sommet pour maîtriser les situations, pour comprendre et inventer l’inédit, pour décoder le futur et créer l’avenir. 
Seule la culture de l’esprit, acquise par un effort personnel d’information et de réflexion sur le monde et la société, procure cet équilibre de soi-même. Raoul Dautry disait que les chefs de l’avenir devraient posséder 25% de technique, 25% d’imagination et 50% de culture.
Se cultiver, c’est acquérir les connaissances contemporaines des sciences de l’Univers et de l’Homme, sans lesquelles ne peuvent être comprises les situations. C’est ensuite faire l’effort de l’humilité, relativiser sa place dans la totalité de l’action des Hommes, s’y relier comme un maillon de la chaîne. C’est enfin baliser le chemin des sommets pour acquérir la hauteur spirituelle de vue, la connaissance des dimensions cachées qui révèle les vraies valeurs, qui fait deviner les signes, qui ouvre l’intuition.
Se cultiver, c’est aussi prendre une assurance sur la vie. Veut-on conserver en état de marche, quelque temps encore, les cent milliards de neurones connectés cent mille fois chacun qui constituent notre machine intellectuelle ? Des expériences l’ont prouvé : la stimulation intensive de ce réseau cognitif, et le maintien d’un haut niveau culturel retardent l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
Saint-Exupéry illustrait ainsi cette nécessité:
 ”Le médiocre, sorti dernier de Polytechnique, en sait plus long sur la nature et sur les lois que Descartes, Pascal et Newton. Il demeure cependant incapable d’une seule des démarches de l’esprit dont furent capables Descartes, Pascal et Newton. Ceux-là, on les a d’abord cultivés”

J’ai tenté dans trois livres (“L’étoile de confiance“ et “Le ciel du ciel“, aux éditions publibook.com ; Hymne à l'au-delà, à la Société des Écrivains), d’apporter ce moyen de culture de l’esprit. 
Avec le premier, j’emmène le lecteur dans un fabuleux voyage aux limites du cosmos, au plus profond de la matière, et au cœur de la vie. Dans un langage accessible à tous, m’appuyant sur les découvertes les plus récentes de la science, je décris une vision renouvelée de l'Univers, qui redonne sens à la vie, joie de vivre et d'agir. 
Avec le second, je pousse un peu la porte du big bang, ce point zéro de la création d'où tout est issu : qu'y avait-il avant le big bang ? “Le ciel du ciel“, un roman étourdissant de l'esprit, s'adresse à tous ceux qui, dans un monde qu'ils ne comprennent plus, osent encore réfléchir malgré la chape de la pensée préfabriquée ; à ceux qui sont en quête de repères et d'idéaux ; à ceux qu'habite cette impression fugace d’appartenir à un mouvement cosmique qui nous englobe, nous entraîne, nous appelle. Ce livre apporte la culture spirituelle indispensable au développement humain. Il dilate la personnalité. Il suggère l'ouverture à la vérité du monde. Il soutient l'équilibre du corps et de l'esprit dans le tourbillon de la vie.
Le troisième, écrit en coauteur avec Françoise Ribera, artiste peintre de l'abstrait symbolique qui accompagne mes textes de 18 œuvres toutes inspirées de mes précédents livres, s'adresse à tous ceux qui veulent regarder l'au-delà à travers l'art et la poésie et la magie des mots.

lundi 20 septembre 2010

Pédophilie

Notre réaction, face au chancre de la pédophilie dont fut atteint, paraît-il,  un certain clergé heureusement marginal, révèle une vue bien courte et une pensée quasi nulle. 

Car, enfin, qui sont ces individus pervertis, sinon le produit, eux aussi, des idées libertaires qui contaminèrent la jeunesse occidentale voici une quarantaine d’années ? Qui sont-ils, d’ailleurs, ceux qui crient le plus fort, sinon ceux qui véhiculèrent et véhiculent encore cette infection ? 
Et l’on veut mettre cet abcès dans la balance, en regard des deux mille ans d’histoire de la chrétienté ! Vingt siècles qui ont façonné nos ancêtres dans le plus profond de leur âme et dont nous portons aujourd’hui les chromosomes. Quatre-vingts générations de grands-parents ont légué à chacun de nous leur foi, leur joie, leur martyre parfois.
Non, ces pustules postsoixante-huitardes n’ont rien à voir avec la chrétienté dont je continuerai de revendiquer très fièrement l’héritage.

dimanche 19 septembre 2010

Mourir de soif.

Un enfant, dans le monde, meurt de faim ou de soif toutes les six secondes. Quatre milliards d’êtres humains sur la Terre (60% de l’humanité !) manquent d’eau potable. Or, ce n’est pas l’eau qui manque, mais l’énergie abondante et bon marché pour la traiter et la distribuer partout dans le monde. Est-ce en plantant des éoliennes en Beauce, par exemple, que l’on va apporter à ce problème angoissant le moindre début de solution ? Il est vrai que l’écologie moderne ne s’angoisse pas pour ces considérations là. Son problème c’est son jardin perso, “ma planète à moi que les autres salissent”. Ils parlent de “sauver la planète”, mais c’est à eux qu’ils pensent. Qui se soucie de “porter secours aux autres”, et en particulier à ceux qui ont soif ? Non pas en leur distribuant des camions de bouteilles d’eau ; cela ne résout rien. Mais en investissant massivement les richesses mondiales dans le développement et la distribution de la seule énergie capable de juguler ce fléau. Une énergie colossale, dissimulée au cœur de la matière, par la nature généreuse et prévoyante, et que les hommes commencent à savoir extraire et maîtriser. S’il reste beaucoup à faire, que ceux qui ont peur pour leur sécurité personnelle pensent à ceux qui ont soif.

dimanche 12 septembre 2010

Religions



Quelqu'un m'a dit, récemment : "Je considère que les dieux et les religions ont été inventés par les hommes pour expliquer ce qu'ils ne comprenaient pas." J'ai pris quelque temps pour réfléchir, car la remarque mérite attention. Je suis arrivé à la conclusion qu'alors, s'il en est ainsi, lesdits inventeurs de religions furent des génies. D'autant qu'il faut remonter à des époques déjà lointaines, voyez l'Ancien Testament, quand les hommes n'avaient pas le savoir qui est le nôtre aujourd'hui. Car, et c'est là où je veux en venir, plus la science des hommes progresse, plus ce que l'on découvre s'accorde avec les religions dites inventées, selon mon interlocuteur. Aux confins de l’infiniment petit, la science a entrouvert la porte d’une sorte d’au-delà de notre espace-temps. Aux limites de l’infiniment grand, ses télescopes ont découvert ce qui ressemble bien aux vestiges d'une création. Alors, si des hommes ont su inventer ces religions-là, qu'il me soit permis de leur faire confiance, et de les suivre. 

samedi 28 août 2010

L'Histoire au collège.

Voilà qu’une nouvelle polémique médiatique est en train de naître à propos des programmes d’histoire au collège : “Napoléon, Clovis et Louis XIV y seraient réduits à la portion congrue, au profit de l’étude d’empires africains comme Songhaï ou Monomotapa, de l’Empire chinois des Han ou de l’Inde des Gutpa”. (Le Figaro 28 08 2010)
Dans un camp on trouve les défenseurs de l’histoire de France, sanctuaire de notre identité nationale. Dans l’autre camp se rangent les partisans de l’ouverture au monde, qu’il n’est plus possible d’ignorer. Les deux ont raison, les deux ont tort. 
Nous sommes face à un problème de civilisation, qui touche l’humanité entière. Le savoir a débordé l’homme. La masse, devenue colossale, de connaissance que les générations futures devraient ingurgiter pour suivre les progrès de la civilisation, à désormais dépassé les capacités cognitives du cerveau humain. Et ceci ne vaut pas seulement pour l’histoire, mais pour les sciences, pour les langues, pour toutes les disciplines de l’enseignement. Comment superposer à nos anciens programmes, sans rien en enlever, l’étude de la Chine, de l’Inde, du Moyen-Orient, mais aussi du big bang, de l’infiniment petit quantique, de la génétique, de l’art, de la littérature, etc ? 
Nos enfants sont-ils condamnés à être des ignorants de pans entiers du savoir humain, seulement spécialisés dans telle ou telle discipline ? De tels cerveaux, alors, seraient infirmes. Ou bien, chacun devra-t-il se contenter d’une vague coloration d’un savoir commun, utilitaire, à charge pour certains de se spécialiser ensuite ? Mais alors, les autres, quel avenir ? Les progrès de la technologie, autour de solutions comme Internet, ou la diffusion du livre électronique, viendront-ils au secours des neurones ? Alors, ce n’est pas seulement de programmes qu’il faut parler, mais d’une refonte totale de l’enseignement, à la hauteur de l’enjeu du troisième millénaire.

dimanche 22 août 2010

Kipling

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître 
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage 
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite 
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire 
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling

jeudi 19 août 2010

Injection médicalisée de la drogue !

Face à l’incohérence de la proposition de créer en France, des salles d’injection légale d’une drogue illégale, quelqu’un propose, dans la presse, d’en réserver la distribution aux pharmacies !
Voilà en tout cas, qui ferait bondir le chiffre d'affaire des officines ! Transférer, avec exclusivité bien sûr, le fonds de commerce de la drogue dans les pharmacies, quelle géniale idée ! Avec remboursement par la Sécurité sociale, pendant qu'on y est ! 
Réfléchissons un peu. Ou bien la drogue est dangereuse pour la santé publique, ou bien elle ne l'est pas. Si elle ne l'est pas, pourquoi en rendre le commerce illicite ? On pourrait même l'organiser, le patenter et prélever l'impôt. Les bureaux de tabac y retrouveraient l'activité d'antan. Soixante-cinq millions de Français se shooteraient légalement et le commerce serait florissant. Mais si la drogue est dangereuse, comment deviendrait-elle inoffensive en transitant par les pharmacies ?
Alors, que faire ? À force d’éluder la question, on laisse l’incendie se propager. Or n’importe quel pompier vous dira qu’il faut combattre l’incendie à la base des flammes. Ce n’est pas en faisant la chasse aux petits dealers de banlieues que l’on maîtrisera la situation, mais en démantelant les cerveaux de ce business international. Mais voilà, qui va-t-on découvrir ? Les ramifications sont tellement énormes, les réseaux si puissants, les retombées tant bénéfiques pour beaucoup, que personne n’ose s’y frotter.
Une autre approche serait de s’interroger sur les raisons de l’assuétude qui affecte les populations consommatrices. Ce besoin croissant de drogue n’est-il pas l’une des conséquences calamiteuses de la déstructuration spirituelle des individus, systématiquement pratiquée depuis quarante ans (faites le compte) ? À force de vider les esprits, par les médias et par l’école, de tout sens de la vie, on les a précipités dans la fuite ; et la fuite, c’est la drogue. Alors, une thérapie pourait-être de remplacer enfin cette culture du néant, par un retour à l’humanisme, à la primauté de l’esprit sur la matière, à la magnificence de l’être humain. Qu’il serait beau le pays où chacun retrouverait sa place et son rôle sur la scène de la vie. Alors il n'y aurait plus besoin de drogue.

mardi 10 août 2010

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

On peut lire dans l’excellent magazine Le Point de cet été 2010 les propos du philosophe André Comte-Sponville :
 “La plus grande de toutes (les questions métaphysiques concernant l’origine du monde) reste : Pouquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Question définitivement sans réponse (...). Pourquoi le big bang plutôt que rien ? (...) Pourquoi Dieu plutôt que rien ? On ne répond jamais, on ne fait que déplacer la question…”
Pour ceux que la torpeur de l’été pousse à la méditation, je veux livrer cette piste de réflexion. 
Pourquoi butons-nous sur l’apparent mystère de cette vieille question de Leibnitz ? Parce nous ne pouvons nous extraire du décor du temps et de son espace ; parce nous ne faisons pas l’effort de penser en cinq dimensions. Alors en effet, comment comprendre que “quelque chose” jaillisse de “rien” ? Mais, oû voyons-nous que l’inverse de “quelque chose” est “rien” ? 
La création est un acte qui s’engendre hors du temps, puisque le temps fait à l’évidence partie de la création. (La Genèse ne dit pas autre chose qui décompte le temps au fur et à mesure de ses actes de création : “ce fut le premier jour… le deuxième jour… et ainsi de suite”).
Que peut-être ce monde, considéré en cinq dimensions, sinon le royaume du Tout ; du Tout temporel, avant et après confondus en un instant éternel ; du Tout spatial, ici et ailleurs confondus en un point infini ?
La Création, dès lors, est la vision qui nous est donnée, en séquences successives, dans notre espace-temps à quatre dimensions, d’une vérité totale, qu’en termes de religion nous appelons Dieu. 
La question ci-dessus évoquée est le parfait exemple de cette illusion d’optique, de cette erreur d’observation. En deçà du commencement il n’y a ni quelque chose ni rien. Il y a Tout. Ce quelque chose qui crée mystère, n’est pas issu de rien mais de Tout. Et la question aurait dû être : “Comment aurait-il pu se faire qu’il y eut rien, qu’il n’y eût pas Tout ?”.

dimanche 25 juillet 2010

Pourquoi "Le ciel du ciel" ?

Longtemps, je me suis arrêté sur la première ligne du récit biblique de la Genèse : “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre”. Pourquoi ce distinguo ? Où commence le ciel, où finit la terre ? L’atmosphère terrestre, la stratosphère, font-elle partie de la terre ou du ciel ? Et la Lune ? Il me semblait qu’un mystère se cachait derrière ces quelques mots. Comme un code à déchiffrer.
J’ai noté ceci par exemple ceci : 
“... Le ciel même qui couvre cette terre que nous habitons, ne peut passer que pour une terre au regard de ce ciel du ciel : et l’on peut dire avec vérité, que ces deux grands corps de la nature, le ciel et la terre, ne sont que terre si on les compare à cet autre ciel [...] qui appartient seulement à Dieu.” 
Il y a bien un autre ciel, autre que le firmament dont parlent plus loin les Écritures. Un ciel qui englobe notre ciel et sa terre. 
Soudain, je réalisais que l’espace et le temps ne sont que des données de notre terre et de son ciel ; que cet autre ciel du ciel dont parle saint Augustin, n’en connaît pas la notion. 
D’ailleurs, il faut lire un peu plus loin la Genèse ; on y lit par six fois « et ce fut le premier jour, le deuxième… » et ainsi de suite. Qu’est-ce que cela veut dire, sinon que Dieu crée le temps, “après” le ciel ? J’écris “après” entre guillemets, car, pour Dieu, il n’y a pas d’après, étant hors du temps.
Ce ciel du ciel ? Un lieu sans l’espace, donc un point sans dimension ; un lieu sans le temps, donc un instant sans durée. Et ce point est immense ; et cet instant est éternel.
J’ai voulu comprendre. J’en ai fait un livre. C’est bouleversant.

samedi 3 juillet 2010

Histoire d'ordinateur

1°) Un client devant son”conseiller de clientèle” (?…) à sa banque, demande un prêt. L’employé active son ordinateur, questionne son “client” (?…), et remplit des cases à l’aide des réponses. L’ordinateur statue. En aucun moment la réflexion, l’intelligence de la situation, la pensée du “conseiller” n’ont été mises à profit. On comprend alors que si un “client” vient solliciter un accompagnement bancaire concernant une affaire, un commerce par exemple, qui n’est pas dans l’ordinateur, sa demande n’a aucune chance d’aboutir.
2°) Un contribuable devant son Inspecteur des impôts, conteste avec raison un avis de recouvrement. L’inspecteur en convient, mais avoue : ”vous ne devez pas cette somme, mais elle est inscrite dans l’ordinateur, vous devez payer, on vous remboursera ensuite” ! Démarche auprès du Receveur… Celui-ci compréhensif propose : “Donnez-moi un chèque, je vous promets de ne pas l’encaisser, et ainsi je pourrai annuler la demande de l’ordinateur”. 
Deux exemples (avérés) parmi tant d’autres, qui illustrent la dérive technocratique aveugle de l’administration. On retrouverait facilement la même situation au sein des grandes entreprises dites privées. Le facteur humain est systématiquement écarté, l'homme ne compte plus, pire, il est dangereux. Qui a encore le droit de se servir de sa pensée dans son travail ? 
On comprend, dès lors, qu’un trader un peu doué, ayant compris que le vrai patron était l’ordinateur, l’ait conditionné à sa guise, ne craignant pas la hiérarchie qui de toute façon ne dispose que du dit ordinateur pour “penser”.

samedi 29 mai 2010

I Pad et autres tablettes électroniques de lecture

Les commentaires lus ou entendus en ce moment, au sujet de la sortie d’une nouvelle tablette électronique, sont consternants. On en parle (de cette marque comme des autres), comme d’une série de nouveaux gadgets pour jouer avec Internet, ou pour classer des photos. C’est tout.
Personne ne se rend compte, ou certains font semblant de ne pas voir, qu’il s’agit tout simplement de l’avènement, pour les siècles à venir, d’un nouveau support de l’écriture.
Il est normal que le public n’en ait pas conscience. Les médias n’en disent rien, or l’on sait bien que peu de gens pensent par eux-mêmes, mais attendent d’ingurgiter des opinions toutes faites.
Il est concevable aussi que ceux qui ont compris le phénomène, mais dont les intérêts sont en jeu — éditeurs, imprimeurs, et tous les métiers du papier — cherchent à en retarder l’effet.
Lorsqu’il y a cinq mille ans, fut inventé le papyrus égyptien, je suppose que les scribes, qui jusqu’alors rangeaient soigneusement leurs tablettes en pierre, crièrent déjà au sacrilège. Trois mille ans après, la même indignation, ou indifférence feinte selon le cas, accueillit sans doute l’avènement du parchemin. Lequel, à son tour, fut bien obligé de s’incliner devant Gutenberg est sa diabolique invention de l’imprimerie sur papier. Eh bien, qu’on le veuille ou non, aujourd’hui s’opère la mise en place historique d’un cinquième support de l’écriture : l’électronique.
J’entends crier que les outils de lecture actuels sont inconfortables, ont plein de défauts, etc. C’est sans doute vrai. Mais que les aînés se rappellent leurs premiers téléphones portatifs ; j’ai le mien au grenier, un objet de musée ! Attendez un an ou deux, et on ne parlera plus de ces soucis. Alors, l’on verra sans doute les mêmes qui aujourd’hui jouent Cassandre, revenir tels des “experts” dans la presse, nous expliquer la mutation qui s’est produite…

dimanche 9 mai 2010

La littérature va mal

Irène Frain : “La littérature va mal. La survie de la littérature est en jeu aujourd'hui car nous assistons à une médiocrisation croissante des textes proposés qui sont tous très formatés ; formatés pour la médiocrité et répondant à la règle de l'instantanéité".
Oui, et il y a un étrange parallélisme avec le monde de la banque. Il n’y a plus d’éditeurs, comme il n’y a plus de banquiers. Il y a dans les deux cas des employés d’entreprises commerciales, à qui l’on demande du chiffre, les uns en plaçant des produits grand public, les autres en vendant du papier.
Claude Durand (ex-éditeur de Soljenitsyne…) cite, dans le Figmag, le cas d’un écrivain (?) “qui bâcle ses livres de plus en plus mauvais”, mais dont il faut publier “le torchon”, parce qu’il est juré ! Il faut alors, poursuit-il, “concevoir un emballage médiatique destiné à vendre ce livre détestable à la critique et au public”. Il cite ensuite le cas similaire de certains livres de journalistes : “on a transformé des gazetiers en écrivains”.
Pourtant, Claude Durand conclut : “Il y a beaucoup de raisons d’être optimiste. (...) Je pense que les nouveaux formats numériques vont développer la lecture chez les jeunes. L’édition reste promise à un grand avenir, pourvu qu’elle reste fidèle à sa vocation première : découvrir, accompagner et promouvoir des auteurs, de ceux dont Michel Serres disait que, par leurs œuvres, ils augmentent le monde”.

vendredi 9 avril 2010

E-Book, le livre sans visage ?

Sous le titreE-Book, le livre sans visage, Le Figaro du 9 avril 2010 publie une sélection du New York Times qui met en relief de façon éclatante le mal de consternant l’Édition.
Il y est d’emblée déploré qu’avec l’avènement du lecteur électronique, “les éditeurs perdent la publicité qu'offre un simple regard sur une couverture papier”. Soit ! Mais la littérature est-elle devenue l’alibi de la publicité ?
On peut lire un peu plus loin : “Un nombre croissant de lecteurs optent pour le Kindle ou d'autres appareils électroniques et, avec également l'arrivée de l'iPad d'Apple, il devient plus compliqué de voir ce que lisent les autres ou d'afficher ses propres goûts littéraires”. Et encore :”On se sent fier de le lire”, déclare Bindu Wiles, qui se rappelle que, quand elle relisait Anna Karénine récemment, elle appréciait que les gens puissent voir la couverture dans le métro. Avec un Kindle ou un Nook, précise-t-elle, “personne ne s'en apercevrait”. Alors, on lit un livre pour que les autres voient ce qu’on lit ?! Je suggère que les éditeurs ou les libraires offrent, avec le livre, un bonnet avec lequel on pourra aisément “afficher ses propres goûts littéraires”
La même angoisse s’exprime chez les libraires : “Quand un client est attiré par la jaquette, c'est déjà un obstacle de franchi. Quand il prend le livre, une bataille décisive a été gagnée.” Mais elle sera plus difficile à remporter si personne ne sait si vous lisez Guerre et Paix ou Captifs du désir”. Le lecteur est définitivement ravalé à la place d’un consommateur de grande surface : c’est l’emballage qui compte !
On comprend maintenant, comment les éditeurs sélectionnent les manuscrits : le titre doit “flasher”, provoquer un peu : le sujet deviné doit faire résonner si possible une certaine actualité ; l’auteur doit être déjà porté par les médias. Le reste est affaire de couleur de couverture, de graphisme. Bref, il faut une couverture que l'on soit "fier d'exhiber dans le métro…" Le texte littéraire ? Bof ! Nul doute que Victor Hugo se serait mieux vendu avec une belle jaquette !
La sagesse voudrait sans doute qu’au vu de cette mutation formidable qu’elle est en train de vivre, l’Édition repense sa fonction et replace ses soucis marketing, certes légitimes, dans des proportions raisonnables au côté de la diffusion littéraire et culturelle. Une chose est de publier pour être vendu, autre chose est de publier pour être lu. Il semble qu’il n’en soit rien : “Certains (éditeurs) s'attendent à ce que les fabricants de lecteurs électroniques ajoutent des fonctions qui permettent aux utilisateurs d'afficher ce qu'ils lisent”. Et pour faire bonne mesure, certains se consolent en imaginant que le livre électronique, parce que discret, ne sera que le support favori des ouvrages érotiques. 
C’est être bien peu clairvoyant. La révolution qui se prépare est un bienfait pour la littérature dont naîtra une nouvelle renaissance. Mesure-t-on le big bang qui s’annonce ? Dans la mondialisation de la culture, déjà dans les faits, chacun pourra désormais, à moindre coût et dans toutes les langues bientôt, feuilleter, rejeter ou lire et conserver le œuvres d’innombrables auteurs du monde entier qui, sans ces moyens seraient restés inconnus. Car il y a au fond des atolls du Pacifique, sur les hauts plateaux andins, ou dans les glaces du Groenland, des gens qui ont aussi quelque chose à dire, que le despotisme du marketing leur interdit d'exprimer. Or, qu’est-ce que lire, sinon entrer dans l’intimité de l’auteur, dialoguer avec lui. Je prévois que cette possibilité sera la prochaine révolution technique. Oh, bien sûr, il faudra éliminer les inévitables adeptes de graffitis d'édicules ; il y aura des logiciels pour cela. Et alors, quelle richesse que lire et écrire. 
Un avenir immense s’offre aux métiers de l’édition en ligne.

jeudi 25 mars 2010

Le livre numérique

Une page entière du Figaro Littéraire nous rassure aujourd’hui : l’édition papier n’a pas à trembler devant le livre numérique ! Un sondage nous apprend que 91% des livres lus le sont sur papier, pour 1% seulement en tablette numérique. Ça, c’est un scoop ! Continuons : à l’avenir, 71% des lecteurs resteront fidèles au papier contre 7% qui utiliseront le livre électronique. Je ne sais ce qu’aurait donné un sondage qui aurait posé les mêmes questions il y a quelques années quand fut lancé le compact-disc. Le Figaro est un journal sérieux. Mais quand il faut remplir une page, il arrive qu’on y mette n’importe quoi.
Quelqu’un nous explique sur cette page qu’il ne pourra pas se passer du contact papier. Opinion largement entendue. Moi non plus, je n’aime pas lire sur ordinateur, cela me fatigue les yeux. Mais de là à m’en tenir au fantasme du contact charnel avec le papier… Je préfère m’intéresser au contenu du livre, et je fais confiance aux ingénieurs pour résoudre ces problèmes de confort des tablettes de lecture.
Cette même personne dit qu’elle annote tous ses livres. Moi aussi, et je me reporte fréquemment à ces annotations lorsque j’écris. Or, précisément, il est souvent laborieux de retrouver le livre, la page, où ai-je lu ça ? Le même travail fait sur tablette permettra désormais de retrouver sans difficulté, comme sur l’ordinateur, telle ou telle citation, même lue il y a des années. Quelle richesse, d’avoir sous la main, à tous moments et partout, toute la bibliothèque du monde !
Enfin et surtout, j’attends avec impatience la généralisation de ce nouveau média, parce que cela me semble être un évènement historique dont personne ne mesure la portée. L'histoire de l'humanité pourrait se résumer au récit de l'évolution de son pouvoir de communication. L'humanité a commencé à se construire le jour où la pensée naissante a trouvé le moyen cognitif de s'exporter chez autrui. Il faut mesurer cette dimension de l'Homme pour comprendre l’importance que revêt le livre numérique. Le progrès intellectuel de l’humanité, qui répond à l’entropie naturelle, se mesurera en termes d’énergie de communication dépensée. Lire, c’est pénétrer l’intimité mentale de l’auteur. Mesure-t-on le bond énorme, social et culturel, qui verra sept milliards d’individus s’écrire et se lire sans contrainte, d’un antipode à un autre ? Avec la diffusion instantanée, directe et enfin affranchie du filtre des systèmes politiques, ou de la dictature du bien-pensant, nous sommes sans doute en face d’un média naissant dont l’histoire dira qu’il fut aussi important que l’invention de l’imprimerie.

lundi 15 février 2010

Internet, un monde virtuel ?

Tel est le verdict du tribunal des médias. Face à un monde “réel”, qui serait vous et moi et tous les autres, se développerait, à grande vitesse sur la fameuse “toile”, un univers factice où chacun viendrait désormais vivre une autre vie. 
Cette pensée officielle reconnaît, certes, la puissance désormais incontournable de ce réseau de communication immédiate entre les hommes. Elle en accepte la conséquence heureuse qu’est l’explosion de la diffusion de la connaissance. Elle déplore avec raison que des régions trop vastes du globe terrestre en soient encore exclues, et s’interroge sur le visage du monde quand, en effet, six ou sept milliards d’êtres humains seront “connectés”. Mais elle n’en démord pas, ce monde-là est virtuel.
Mais le monde “réel” auquel pensent ces médias n’existe pas ! Ou, plus exactement, il est inaccessible, ce qui revient au même. Pour qu’il puisse se matérialiser, il faudrait que des communications physiques, réelles, s’établissent en nombre et instantanément entre tous les points de la Terre. Que chacun puisse se voir en vrai, se parler, se toucher. Ce n’est évidemment pas possible. Personne ne peut dire qu’il connaît la réalité de la Chine à l’Amérique, du Groenland à l’Antarctique. D'aucuns peuvent avoir séjourné ici ou là, mais jamais partout à la fois ni perpétuellement. La connaissance que nous avons de notre monde n’est que l’image que nous en fournissent les médias. Et c’est cette image que nous appelons réalité. Mais c’est elle qui est virtuelle !
Internet, au contraire, est en train de nous fournir la réalité du terrain. Sans fioriture, sans prisme déformant, sept milliards d’hommes et de femmes de toutes latitudes, de toutes conditions, de toutes cultures pourront bientôt, instantanément et simultanément, se parler, se voir et se comprendre. Alors, un monde réel s’ouvrira, qui n’a encore jamais existé dans l’humanité, et il en sera fini du monde virtuel de la pensée codifiée, aseptisée, préfabriquée.

jeudi 11 février 2010

Le cou de la girafe

Il est communément admis que le long cou de la girafe est le fruit de l’évolution adaptatrice. Les gènes de l’animal auraient enregistré l’incessant effort pour attraper et manger les jeunes pousses dans les arbres. Les girafes mieux dotées en long cou auraient eu, dès lors, un avantage et auraient prospèré mieux que les autres. Et ainsi de suite.
On peut se demander pourquoi les vaches n’ont pas un long cou, qui se sont efforcées aussi depuis toujours à attraper les pommes dans les pommiers. Ou encore, les chèvres que l’on voit au Maroc ou ailleurs grimper carrément dans lesdits arbres.
Quant à l’Homme, il devrait sa bipédie à ses longs efforts pour regarder par-dessus la savane. Il est heureux, alors, que l’herbe en question ait mesuré un mètre cinquante. Si elle n’avait pas dépassé cinquante centimètres, nous marcherions toujours à quatre pattes. Quelle aubaine pour les cordonniers ! Et si ladite herbe avait mesuré deux mètres cinquante, aurions-nous appris à sauter comme les kangourous ?

dimanche 7 février 2010

Particules

Les scientifiques ont compté les particules de l'Univers. C'est-à-dire les grains les plus petits de quelque chose. Il y en aurait dix à la puissance quatre-vingt… Le nombre dix, multiplié quatre-vingts fois par lui-même ! Un "un" suivi de quatre-vingts zéros ! Essayez de l’écrire et de le lire…  
Considérez, par exemple, un trajet de quinze kilomètres. C’est, par exemple, ce que vous faites pour aller au travail. Multipliez-le par dix à la puissance sept, c'est-à-dire par dix, sept fois. Quelle distance obtenez-vous ? La distance de la Terre au Soleil, soit cent cinquante millions de kilomètres ! Et vous n’avez multiplié que sept fois. Alors, quatre-vingts fois… C’est vraiment très très loin ! Inimaginable 
Vous pouvez tenter aussi de vous faire une idée de ce nombre en essayant de compter les grains de sable du Sahara… Puis en vous disant que dans chaque grain de sable il y a cent milliards de milliards d’atomes… Que pour compter ceux-ci, à raison de cent par seconde, il vous faudrait trois cents millions de siècles, pour un seul grain de sable. Puis ensuite, que dans chaque atome d’un grain de sable ainsi compté… Ah, et puis zut ! De toute façon, l’Univers est immensément plus vaste que le Sahara ! 

dimanche 31 janvier 2010

Malaisie

En Malaisie, la minorité chrétienne (<10%) et la majorité musulmane (60%) s’affrontent. Les églises sont vandalisées. La raison en est une querelle sémantique qui a dégénéré, au sujet de la “propriété” du mot Allah et du droit des uns et des autres de l'utiliser. Absurde et futile ! Et pourtant, voici ce qu’écrit, dans Le Figaro du 30 janvier 2010, Florence Compain : “L’ostracisme des non-musulmans est tel qu’ils perdent (les non-musulmans) leur sentiment d’appartenance à ce pays qu’ils considéraient jadis comme le leur. L’implosion guette un pays dévoré par le démon identitaire”.
Pourquoi la lecture de ce reportage m’a-t-elle fait frémir ? La Malaisie, c’est loin, c’est différent… Peut-être.

jeudi 28 janvier 2010

Français de souche





Claude Allègre et Denis Jeamba écrivent dans la rubrique “Débats, opinions” du Figaro du 27 janvier 2010 : “ Il n’y a pas de Français de souche (...) Le vocable “Français de souche” n’a aucun sens. Il y a belle lurette que la biologie de l’ADN nous a appris que nous étions tous métis ” !

Je ne sais si les auteurs de ces lignes ont voulu provoquer, ou si la pensée de 68 les habite encore, au point qu’ils ne s’attachent plus au sens des mots.
Le Larousse définit ainsi “la souche” : “Partie inférieure du tronc d'un arbre, d'où partent les racines”. 
S’il n’y a pas de Français de souche, alors la France n’a pas de souche, c’est à dire pas de racines. Ce n’est évidemment pas de la souche de ses montagnes et de ses plaines qu’il s’agit ! Autant dire qu’il n’y a pas de France, puisqu’un arbre sans racine, cela n’existe pas. Mais, si la France a bien une souche, celle-ci ne peut-être que la souche des Français. Donc, si la France existe, il y a bel et bien des Français de souche.

Puis ce dictionnaire ajoute à sa définition :”Origine de quelqu'un : Être de souche paysanne“. Et encore :”Source, origine, principe d'un ensemble ethnique, d'une famille linguistique : Mot de souche francique”. 
Le Littré, quant à lui, précise, sous l’acception figurée :”Celui de qui sort une génération. Celui qui est reconnu pour être le plus ancien dans une généalogie : La souche de la maison des Capétiens. Faire souche, être le premier d'une suite de descendants”.
On ne peut être plus clair. S’il n’y a pas de Français de souche, alors ces ouvrages donnent les définitions de mots qui n’existent pas ! L’origine, la généalogie, la génération, la descendance sont des mythes à proscrire. 

Un peu plus loin, les deux auteurs affirment :“Le produit de l’histoire le plus central dans l’identité nationale est, sans aucun doute, la langue”.
Mais, si l’identité nationale avait dû trouver son fondement dans la langue, alors les Canadiens seraient des Français, et les Alsaciens n’auraient jamais été des Français ! La langue commune découle de l’identité nationale, mais ne la détermine pas

Plus loin encore :“Après la langue, notre identité trouve son fondement dans la République où s’immergent les droits de l’homme et la laïcité”.
 Est-ce à dire que si la Révolution n’avait pas coupé la tête du Roi, il n’y aurait pas eu d’identité française ? Toutes les nations du monde, ou presque, ont forgé au cours des siècles leur identité. Je ne sache pas qu’elles soient toutes des Républiques. La République est un aspect heureux de l’identité française. Elle n’en est évidemment pas la cause.

Quant à la laïcité, il s’agit d’une règle d’administration de l’État français, qui lui impose de faire sa tâche sans considérer les différences religieuses. C’est une mesure sage, mais qui, à l’évidence, n’a pas vocation à fonder une identité nationale. Il y a assez d’exemples de pays dont on ne peut contester qu’ils ont aussi une identité, et dont l’État n’est cependant pas soumis à ce principe de laïcité. Et puis, invoquer la laïcité le lendemain de la glorieuse non-décision sur la burqa me semble mal venu. Comment ne pas voir que c’est au contraire la stratification des spiritualités depuis nos ancêtres de Lascaux qui a forgé l’identité française. C’est la longue sédimentation de la pensée qui a fait la France. La France est la construction de l’esprit, de pères en fils.

L’enquête sur l’identité nationale aura eu au moins le mérite de faire remonter à la surface, tous les lieux communs, les déclarations péremptoires infondées, les recopies de pensée unique, les sous-entendus inavoués. Et cela, parce qu’on a peur des mots, peur d’aborder la question de l’immigration que le politiquement correct interdit d’évoquer, peur de perdre des voix. Alors, on est prêt à faire de la France un terrain vague, ouvert à toutes les irruptions, à tous les affrontements, à ceux qui entrent sans frapper, et qui frappent une fois entrés…

Oui, il y a des Français de souche, comme il y a des arbres enracinés. Certains sont de souche très profonde. D’autres de souche plus récente. Mais ceux-ci n’en sont pas moins dignes d’être Français ! Et un jour, leurs descendants deviendront eux aussi de souche profonde.
La France n’appartient à personne. Ou plutôt, elle appartient à nos enfants et à leurs descendants. Il nous revient seulement de cultiver cette forêt France et d’en préserver les souches.