dimanche 31 janvier 2010

Malaisie

En Malaisie, la minorité chrétienne (<10%) et la majorité musulmane (60%) s’affrontent. Les églises sont vandalisées. La raison en est une querelle sémantique qui a dégénéré, au sujet de la “propriété” du mot Allah et du droit des uns et des autres de l'utiliser. Absurde et futile ! Et pourtant, voici ce qu’écrit, dans Le Figaro du 30 janvier 2010, Florence Compain : “L’ostracisme des non-musulmans est tel qu’ils perdent (les non-musulmans) leur sentiment d’appartenance à ce pays qu’ils considéraient jadis comme le leur. L’implosion guette un pays dévoré par le démon identitaire”.
Pourquoi la lecture de ce reportage m’a-t-elle fait frémir ? La Malaisie, c’est loin, c’est différent… Peut-être.

jeudi 28 janvier 2010

Français de souche





Claude Allègre et Denis Jeamba écrivent dans la rubrique “Débats, opinions” du Figaro du 27 janvier 2010 : “ Il n’y a pas de Français de souche (...) Le vocable “Français de souche” n’a aucun sens. Il y a belle lurette que la biologie de l’ADN nous a appris que nous étions tous métis ” !

Je ne sais si les auteurs de ces lignes ont voulu provoquer, ou si la pensée de 68 les habite encore, au point qu’ils ne s’attachent plus au sens des mots.
Le Larousse définit ainsi “la souche” : “Partie inférieure du tronc d'un arbre, d'où partent les racines”. 
S’il n’y a pas de Français de souche, alors la France n’a pas de souche, c’est à dire pas de racines. Ce n’est évidemment pas de la souche de ses montagnes et de ses plaines qu’il s’agit ! Autant dire qu’il n’y a pas de France, puisqu’un arbre sans racine, cela n’existe pas. Mais, si la France a bien une souche, celle-ci ne peut-être que la souche des Français. Donc, si la France existe, il y a bel et bien des Français de souche.

Puis ce dictionnaire ajoute à sa définition :”Origine de quelqu'un : Être de souche paysanne“. Et encore :”Source, origine, principe d'un ensemble ethnique, d'une famille linguistique : Mot de souche francique”. 
Le Littré, quant à lui, précise, sous l’acception figurée :”Celui de qui sort une génération. Celui qui est reconnu pour être le plus ancien dans une généalogie : La souche de la maison des Capétiens. Faire souche, être le premier d'une suite de descendants”.
On ne peut être plus clair. S’il n’y a pas de Français de souche, alors ces ouvrages donnent les définitions de mots qui n’existent pas ! L’origine, la généalogie, la génération, la descendance sont des mythes à proscrire. 

Un peu plus loin, les deux auteurs affirment :“Le produit de l’histoire le plus central dans l’identité nationale est, sans aucun doute, la langue”.
Mais, si l’identité nationale avait dû trouver son fondement dans la langue, alors les Canadiens seraient des Français, et les Alsaciens n’auraient jamais été des Français ! La langue commune découle de l’identité nationale, mais ne la détermine pas

Plus loin encore :“Après la langue, notre identité trouve son fondement dans la République où s’immergent les droits de l’homme et la laïcité”.
 Est-ce à dire que si la Révolution n’avait pas coupé la tête du Roi, il n’y aurait pas eu d’identité française ? Toutes les nations du monde, ou presque, ont forgé au cours des siècles leur identité. Je ne sache pas qu’elles soient toutes des Républiques. La République est un aspect heureux de l’identité française. Elle n’en est évidemment pas la cause.

Quant à la laïcité, il s’agit d’une règle d’administration de l’État français, qui lui impose de faire sa tâche sans considérer les différences religieuses. C’est une mesure sage, mais qui, à l’évidence, n’a pas vocation à fonder une identité nationale. Il y a assez d’exemples de pays dont on ne peut contester qu’ils ont aussi une identité, et dont l’État n’est cependant pas soumis à ce principe de laïcité. Et puis, invoquer la laïcité le lendemain de la glorieuse non-décision sur la burqa me semble mal venu. Comment ne pas voir que c’est au contraire la stratification des spiritualités depuis nos ancêtres de Lascaux qui a forgé l’identité française. C’est la longue sédimentation de la pensée qui a fait la France. La France est la construction de l’esprit, de pères en fils.

L’enquête sur l’identité nationale aura eu au moins le mérite de faire remonter à la surface, tous les lieux communs, les déclarations péremptoires infondées, les recopies de pensée unique, les sous-entendus inavoués. Et cela, parce qu’on a peur des mots, peur d’aborder la question de l’immigration que le politiquement correct interdit d’évoquer, peur de perdre des voix. Alors, on est prêt à faire de la France un terrain vague, ouvert à toutes les irruptions, à tous les affrontements, à ceux qui entrent sans frapper, et qui frappent une fois entrés…

Oui, il y a des Français de souche, comme il y a des arbres enracinés. Certains sont de souche très profonde. D’autres de souche plus récente. Mais ceux-ci n’en sont pas moins dignes d’être Français ! Et un jour, leurs descendants deviendront eux aussi de souche profonde.
La France n’appartient à personne. Ou plutôt, elle appartient à nos enfants et à leurs descendants. Il nous revient seulement de cultiver cette forêt France et d’en préserver les souches.

samedi 16 janvier 2010

Gaulois…

Un éditeur m’a dit que mes livres, “mêlant science-fiction, philosophie, métaphysique et connaissances scientifiques”, étaient bien trop “pointus”. Je viens de relire, sous la plume de Pierre CHAUNU ( L’obscure mémoire de la France - Perrin), que “les sépultures mégalithiques de l’Europe occidentale sont plus anciennes que les pyramides. (...) Une France de l’Ouest se dessine, soucieuse des mystères de l’au-delà, métaphysicienne, ésotérique, religieuse et mystique. Ils ont remué autant de pierres pour leurs morts que les Égyptiens, et ils l’ont fait, avant eux”.
Je dois être un peu Gaulois… (N'est-ce pas un critère d’identification nationale ?) et j'écris pour le Gaulois, ceux qui pensent que la culture de l'esprit est aussi nécessaire que la culture du corps.

Trop pointu…

Un excellent éditeur (je ne peux pas le citer sans son accord, mais je le ferais volontiers) m’a indiqué dans une lettre circonstanciée (c’est rare) que, “mêlant science-fiction, philosophie, métaphysique et connaissances scientifiques”, le manuscrit que je lui avais soumis était “trop pointu pour s’inscrire dans ses publications”. Cette franchise, dont je le remercie, m’a ouvert les yeux sur l’une des raisons des difficultés de l’édition pour un auteur. 
En effet, de toutes parts je reçois de chaleureuses félicitations des lecteurs de mon précédent ouvrage ("L'étoile de confiance" aux Éditions Publibook) qui me disent “avoir été passionné”, “y avoir trouvé matière à réflexion et apaisement”, “être ressorti du livre plus dilaté et ouvert”, “avoir compris le message d’espérance”, qui évoquent “le lyrisme avec lequel l’auteur nous entraîne dans ses convictions et ses passions”, ou qui s’associent aux compliments “que votre livre a pu vous valoir”.
Et pourtant, les éditeurs restent insensibles… Et un second ouvrage, de la même veine, est en train de connaître le même problème.
Car être éditeur, c’est aussi faire acte de commerce, et cela n’est pas critiquable. Or tout commerçant sait bien que pour faire du chiffre, il faut vendre au grand public. Seulement voilà, si ce public-là est prêt à faire de gros efforts physiques pour entretenir son corps — footing, vélo et salles de gym en attestent — il n’est pas du tout enclin à entretenir de la même façon sa pensée. Il est vrai que les médias lui en délivrent tous les jours une toute cuite. 
Alors, il reste à l’auteur deux solutions : ou bien écrire, lui aussi, pour faire du chiffre ; ou bien continuer de chercher un éditeur qui pense que la culture de l’esprit est aussi un métier.  

vendredi 15 janvier 2010

Trois cent Français à l'hectare…

À propos de ce sujet d'actualité, il me vient une idée de réflexion.
La France compte environ 65 millions d’habitants, sur un territoire de 655 000 kilomètres carrés, soit, en moyenne, un habitant à l’hectare.
Mais l’on peut aussi lire, sous la plume de Pierre CHAUNU ("L'obscure mémoire de la France"- Perrin - p 64) : “La France doit son sol, sa terre, ses paysages au long pétrissement de la main de 15 à 20 milliards d’hommes (...) qu’ont arrosés tant de sueur, de sang et de larmes”.
La France compte donc entre 230 et 310 habitants, morts, à l’hectare. Pour un Français vivant, 300 Français morts, sur chaque hectare du sol national ! Et, la densité démographique n'étant à l'évidence pas uniforme, on peut dire que dans zones les plus peuplées, les vivants marchent littéralement sur leurs morts. Nos jardins sont des sanctuaires. Si les corps ont une âme, alors la France a une âme.
Larousse définit cette identité comme "le caractère permanent et fondamental d'un groupe, qui a fait son individualité". Voltaire écrit dans son dictionnaire philosophique : "C'est la mémoire qui établit l'identité", et il illustre ce propos par la belle image d'un fleuve "dont toutes les eaux coulent dans un flux perpétuel. C’est le même fleuve par son lit, ses rives, sa source, son embouchure, par tout ce qui n’est pas lui ; mais changeant à tout moment son eau qui constitue son être, il n’y a nulle identité, nulle mêmeté pour ce fleuve".
L’identité nationale en question ne résiderait-elle pas ainsi dans ces vingt milliards de Français qui sont le lit permanent d'une eau éphémère ? Être français, dès lors, ce serait être l’héritier d’un instant, qui s’inscrit dans le cours perpétuel de l’identité nationale, comme passe l’eau dans le lit du fleuve.

jeudi 14 janvier 2010

Identité humaine




Débattre de l'identité nationale, c'est bien. Mais si l'on parlait de l'identité humaine ? Car la même interrogation vaut pour l’identité de l’Homme dans la création. Qu'est-ce qu'être Homme ? Qu’en est-il de chacun de nous, quand on sait que notre corps perd 500 000 cellules tous les jours, remplacés par autant de nouvelles ? En une année nous sommes un corps nouveau à 90%. Nous mourons ainsi tous les ans. Et au soir de notre vie, plus une seule des particules élémentaires de notre corps n’est d’origine. Une transfusion totale de matière s’est plusieurs fois opérée. Et pourtant, il semble bien que nous restions nous-mêmes. Alors, il faut bien admettre qu’autre chose nous définit, nous identifie. 
Devant cette question, Voltaire, de nouveau, rapporte ces belles lignes de Lucrèce qui décrit la crainte de l’homme devant la mort, « comme si n’étant plus, il pouvait être encore ». 
Le merveilleux de l'être humain n’est pas dans la matérialité de ces poussières innombrables qui font et refont maintes fois le corps, puis se lassent. Il est dans les interactions de ces particules, qui engendrent un pouvoir d’agir commun infiniment supérieur à la seule addition des pouvoirs de chacune. Comme ces hologrammes dont chaque parcelle peut restituer l’ensemble de l'image, chaque particule de notre corps porte en elle le savoir et la mémoire des autres, de toutes les autres. Chacune transcende la goutte d’eau qui fait le flot, pour s’exprimer dans la mémoire du temps zéro, ce point sans dimension qui contenait le Tout. 
Alors, chaque être humain, monceau de particules lui-même, porte ainsi en lui le souvenir de l’avant et la connaissance de l’après. Chaque homme exprime l’humanité entière, d’hier et de demain.
Si tu comprends cela, cher lecteur, tu retrouveras ta place pleine et entière dans ce monde qui t’inquiète. Tu es un relais indispensable dans le long fleuve de la vie, ici-bas. Pas un être créé n’est inutile ni accessoire. Regarde l’autre en pensant qu’en lui aussi il y a le Tout.

samedi 9 janvier 2010

Réseaux sociaux

Les réseaux Internet, dits sociaux, tout comme les blogs, pouraient être de formidables vecteurs de développement de la pensée. Des milliards d’hommes et de femmes de toutes latitudes et de toutes cultures peuvent désormais, en direct, y confronter leurs idées et les enrichir mutuellement. Ainsi s’est façonnée l’humanité au cours des âges, mais avec la lenteur des échanges physiques des siècles passés, des caravanes, des navires à voiles. Aujourd’hui, c’est à une explosion du processus que nous assistons, à un big bang culturel, à une Nouvelle Renaissance. Prend-on conscience du formidable appel d’air culturel que va provoquer ce déferlement populaire ? Oh, nos populations ne sortiront pas sans douleur du coma intellectuel où les ont plongées ce dernier demi-siècle de pensée unique. La révolution culturelle qui s’opère sous nos yeux sera la renaissance du sens critique, la renaissance de la primauté de l’individu, la renaissance du désir d’avenir. Nous avons le privilège inouï d’en être contemporains.
Mais pourquoi faut-il que, version moderne de l’Agora, ces réseaux électroniques soient aussi pour certains le support de leurs graffitis ? Ceux-ci s’y comportent comme sur les murs malodorants des édicules qui dissimulaient leur anonymat. Ils y griffonnent leurs bas instincts, l’aveu de leur médiocrité. Ils s’y répandent et contemplent leurs déjections. Hélas ! Il y a une population pour ça. Comment éliminer ces parasites ?