mercredi 5 mars 2014

Les grandes oreilles…


Le Figaro de ce jour donne sous le titre “Les nouvelles grandes oreilles de la justice“, l’information suivante :
En avril, va être mise en service la nouvelle plateforme nationale unique des interceptions judiciaires construite dans le “bunker“ de la société Thalès à Élancourt. Elle centralisera toutes les écoutes électroniques judiciaires (téléphone, SMS, mails, consultations internet, chats, géolocalisation, factures, etc.). En quelques “clics“ et quelques secondes, les magistrats, officiers de police judiciaire, agents des douanes pourront réquisitionner les opérateurs (Orange, Bouygues, Free, etc.) et procéder à leurs investigations sans délai de procédure.
Pour rassurer le public, les initiateurs du système précisent que seul le ministère de la Justice en aura les clés. C’est sans doute ce qui est le plus inquiétant ! Les dérives de la démocratie médiatique contemporaine viennent de montrer comment le pouvoir politique peut aisément échapper au pouvoir citoyen. Qui peut garantir que la représentation nationale issue des urnes, à la suite de scrutins médiatiquement manipulés, ne sera pas un jour subversive ? Alors, en quelles mains tomberont ces clés ? Et, pour chacun de nous, que faire ?
 Le problème ne situe pas dans l’avènement de ces technologies nouvelles, même si l’on n’en mesure pas, il est vrai, l’étendue des conséquences. Il réside, en réalité, dans le décalage dangereux qui s’accentue entre le progrès scientifique et l’évolution sociale et humaine qui ne suit pas. À quelques variantes mineures près, nous vivons aujourd’hui comme si le monde n’avait pas changé depuis un siècle. Or, la procédure démocratique inventée par nos ancêtres n’est plus adaptée à la mondialisation de l’humanité. La verticalité du pouvoir des tribus a cédé la place à l’horizontalité de la communication universelle. Le monde n’est plus un échiquier sur lequel quelques-uns déplaçaient des pions. Il est devenu un immense flux d’idées qui parfois souffle en tornade, et auquel personne ne peut résister. Alors, comment protéger les gens ? Comment assurer l’avenir ? Comment chacun peut-il désormais vivre sa vie ? Certainement pas en se réfugiant derrière l’écran de sa télé ! Ni en montant aux créneaux de son pré carré. Mener sa barque, comme l’on disait autrefois doit se traduire aujourd’hui par prendre le vent, prendre le large. 
C’est à l’éclairage de ce mouvement en avant, de cet élan de l’humanité, que doivent d’urgence être pensées et mises en œuvre de nouvelles procédures de représentations nationales et de délégation du pouvoir démocratique. Les grandes manifestations récente, en France, contre la destruction des valeurs culturelles nationales perpétrées par quelque minorités au pouvoir, auront eu au moins le mérite de démontrer qu'une volonté populaire existe. Les moyens modernes permettent aujourd'hui l’expression instantanée et perpétuelle de cette volonté. Alors, les manipulations sectaires malintentionnées deviendront inaudibles ; les tentatives d’appropriation frauduleuse des clés du pouvoir seront balayées par la vigilance des citoyens ; et la surveillance électronique des délinquants ne risquera plus d’être détournée à des fins illicites. Mais, où sont les hommes ou les femmes d’États, suffisamment clairvoyants, énergiques et intègres, qui peuvent, ici ou là, mener à bien cette mission ?

lundi 3 mars 2014

Français de souche !


En remontant la généalogie de mes ancêtres, je trouve un Huet à la sixième génération. Il se prénommait Jean, comme mon second prénom. Il vivait en Bretagne comme tous ses descendants. Il était contemporain de Louis XIV.  
En remontant par les femmes — cette généalogie-là n’est pas moins précieuse — , je trouve un ancêtre à la onzième génération. Il se prénommait déjà Jean. Il vivait aussi en Bretagne. Il était contemporain d’Henry IV.
Alors, c’est quoi, un Français de souche ?
L’homme est devenu Homme, disait Pierre Chaunu, le jour où il a commencé à enterrer ses morts. On évalue la population de ces morts, en France, à 15 ou 20 milliards. La France est grande de 550.000 km2. Cela fait 300 morts à l’hectare ! Eh oui, nous marchons sur nos morts.
Alors, encore, c’est quoi un Français de souche ?
C’est quelqu’un qui marche sur ses morts.

dimanche 2 mars 2014

Résurrection


Ceux qui ont, un jour, connu l’échec dans leur vie, auront remarqué qu’au temps de leur succès, peu nombreux étaient ceux qui manifestaient quelque reconnaissance sincère de leur mérite propre. Au mieux, ils cherchaient ailleurs une explication — … ah oui, mais ! — ; au pire ils manigançaient pour faire trébucher. Mais qu’arrive la chute, alors les médiocres se redressaient, agressaient s’ils pouvaient.
En lisant Joseph Ratzinger (Jésus de Nazareth - au Rocher) je découvre ceci concernant le procès du Christ :
« S’abattent sur Jésus les outrages brutaux de ceux qui se savent les plus forts et qui lui font sentir leur pouvoir et tout leur mépris. Celui dont ils avaient eu peur auparavant encore est maintenant entre leurs mains. L’ignoble conformisme d’âmes faibles se sent fort pour agresser celui qui semble dès lors être désormais impuissance. »
Oh, certes, toute comparaison serait irrespect. Mais, quand même, au temps de Jésus, les lâches qui se conduisaient ainsi n’avaient pas compris qu’ils offraient à leur victime les conditions de sa résurrection. C’est une loi de la nature, il faut tomber pour se relever.