mercredi 31 mai 2017

Du père STALLA-BOURDILLON, directeur du service pastoral d’études politiques à l'Assemblée

Pour une fois, je ne rédigerai pas cet article, mais je tiens à vous livrer l'essentiel de celui du père STALLA-BOURDILLON, directeur du service pastoral d’études politiques à l'Assemblée, paru dans Le Figaro de ce jour 31/05/2017, sous le titre "Les questions spirituelles ont leur place dans l’Hémicycle". Voilà, pour ma modeste part, dix ans que je travaille le sujet auquel j'ai consacré six livres à ce jour (en savoir plus).  

“En vérité, une autre question se joue dans cette élection, beaucoup moins visible : celle de la représentation que se font les parlementaires du sens de la vie humaine. Les parlementaires français ne parviennent plus à articuler une pensée sur le sens de la vie. L’état de décomposition de la vie politique en France semble le résultat de la disqualification systématique des questions d’ordre spirituel. En effet, comment y aurait-il un projet politique possible sans un sens de l’homme préalablement défini ? À quelques rares exceptions dans les différentes formations politiques, les parlementaires ne se préoccupent pas de la nature humaine. Cet aspect est sans doute sorti un peu trop vite du champ de la pensée politique. Et notre société se trouve d’autant plus fragilisée qu’elle assiste à une activité politique qui n’assume plus la dimension spirituelle d’une personne.
D’où vient cette absence de considération pour l’accomplissement humain qui fragilise tant l’autorité de la parole politique ? De deux erreurs.
La première s’appelle le matérialisme pratique. Il est devenu surhumain de réfléchir au sens de sa vie. C’est même un tabou, et l’on se censure pour ne pas trahir son propre questionnement et son ignorance. En refusant obstinément de s’attarder sur quelques questions essentielles, notre société accélère son délitement. Seule la conscience d’un appel à découvrir le sens de l’existence libère notre énergie et inspire l’engagement. Seul ce qui nous transcende nous humanise vraiment : la vie de l’esprit. Notre société souffre d’un interdit très oppressant qui a fini par contaminer la classe politique elle-même : l’interdit d’interroger le sens profond des choses et l’articulation des trois ordres.
La seconde erreur plonge ses racines dans une mauvaise compréhension de la loi de séparation de l’État et de l’Église. La loi de 1905 n’est plus seulement un cadre juridique nécessaire permettant à chacun d’exprimer ses convictions. Elle est devenue une étrange interdiction faite au monde politique de réfléchir aux choses spirituelles. On a substitué la notion de laïcité à l’effort intellectuel et spirituel qu’exige la vie. On a cru avoir résolu l’énigme en s’interdisant de la formuler. Cette norme s’impose désormais aux politiques eux-mêmes, qui sont les moins capables d’intégrer les questions religieuses et spirituelles. La laïcité les immunise contre tout risque de verser dans le questionnement même philosophique. Il y a une présomption de culpabilité à l’égard de celui qui s’interroge. Une réflexion existentielle est déjà suspecte d’accointance religieuse. C’est face à l’apothéose de la pensée matérialiste, gardienne de la légitimité politique, que l’on est en droit de s’inquiéter sur les travaux de la prochaine Assemblée nationale.”

vendredi 19 mai 2017

Dialogue sur Facebook

Me référant à mon article de samedi dernier ici (http://bernardhuet.blogspot.fr/2017/05/deux-foyers-dincendie.html), j’écrivais sur Facebook cette réflexion : “Par formation, je ne suis pas pour les solutions simplistes. Mais, il en est quand-même une qui crève les yeux, pour juguler le chômage : revenir à la liberté du travail ! Et en prime, cela pourrait bien aussi régler le souci de l'immigration”. Je ne résiste pas au plaisir de rapporter ici le dialogue qui s’en est suivi avec une excellente amie épistolaire, Élizabeth Grandin. Ce dialogue montre que Facebook, parfois, ne sert pas seulement à raconter ce qu’on a mangé la veille. 

EG : 
— Si seulement le chantier du travail était la seule préoccupation, mais celui des valeurs morales et éthiques est plus que préoccupant. L'économie n'est pas le pilier d'un pays, c'est la famille qui en est la clé de voûte. Quand elle est mise à mal, tout le reste s'écroule. Donc, j’ai quelques doutes...

BH :
— Chère Élizabeth, bien sûr ! Les valeurs morales d'un peuple sont, comme vous dites justement, la clé de voûte de l'édifice. Mais, aucune voûte ne peut tenir sans un solide sol de fondations. C'est sur une économie solide que peut s'édifier une patrie. On n'a jamais vu une nation prospérer sur la misère. C'est sur le travail que peut se bâtir la famille. On ne voit pas souvent les valeurs familiales éclore sur les décharges de Calcutta. C'est en ce sens que j'ai aussi précisé que même les valeurs morales et chrétiennes d'accueil des réfugiés des guerres odieuses actuelles pourraient de nouveau prédominer sur un socle retrouvé de plein emploi. L'économie n'est certes pas le but final. Mais elle est la condition nécessaire d'un redressement moral. 

EG :
— Bernard, votre réponse, que j'ai validée tout d'abord, m'a perturbée toute la journée... En fait, c'est la morale, l'éthique et la référence à Dieu dans la Constitution d'un pays qui sont le fondement d'une société. Quand l'homme obéit à Dieu à travers Ses Commandements, Dieu donne tout : le travail, l'économie, les richesses, etc... " Cherchez le Royaume de Dieu et Sa Justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît." (Mt 6,33)

BH :
— Élizabeth, Merci ! Vous me donnez une formidable occasion d’aborder ce sujet qui me semble essentiel, et sur lequel je me suis souvent exprimé dans mes livres. Oui, il est écrit, sous Matthieu, ce que vous citez. Mais, il est aussi écrit (Genèse 1,28) : “Soyez féconds, multipliez, remplissez la Terre et soumettez-là”. Il n’y est pas écrit : “cherchez le royaume de Dieu, et la postérité vous sera donnée par surcroît” ! Sans prétendre refaire une exégèse biblique — je n’en ai pas la légitimité, oh ! légitimité ! — je crois que le Créateur n’a pas voulu une créature passive, à qui Il donnerait tout gratuitement sans qu’elle eût à participer à son œuvre de création, pourvu seulement qu’elle chantât ses louanges. Attention de ne pas tomber dans le fatalisme islamique qui excuse tout ! Si l’être humain est la seule créature dotée d’un libre arbitre, ce pouvoir d’agir au-delà de l’instinct animal pour le bien ou pour le mal sous son entière responsabilité, c’est sans doute pour qu’il en soit fait usage. Dès lors, la parole de Matthieu s’éclaire : c’est en cherchant le Royaume de Dieu que vous trouverez la force et le savoir pour réaliser tout le reste. D’ailleurs, j’ai sous les yeux la traduction de l’abbé Crampon de 1923, on y lit : “Cherchez premièrement le royaume de Dieu et Sa justice, et tout cela vous sera donné par dessus”. Ce “premièrement” n’est pas anodin. Il exprime que la recherche de Dieu est la condition nécessaire pour que soit donné le quotidien, mais il n’exempte pas d’œuvrer à la création de celui-ci, ainsi qu’il nous en est fait l’injonction dès la première page de la Sainte Bible.

samedi 13 mai 2017

Deux foyers d'incendie

Dans les années 70, nous ne connaissions ni le racisme, ni le chômage. Mieux, nous allions chercher des autocars entiers de travailleurs en provenance de Turquie, de Yougoslavie, et bien sûr du Maghreb. Nous leur aménagions des hébergements auprès des chantiers ou des usines. Les municipalités leur construisaient partout des immeubles en dur, des foyers de travailleurs migrants. Nous ne nous inquiétions pas qu’ils fussent musulmans. Ils venaient travailler avec leurs habitudes qui étonnaient parfois. Ils percevaient leur salaire. Nous ne fermions pas, alors, nos portes à double tour. Miracle de la vertu ? Oui, mais de la vertu du travail ! Que s’est-il passé qui nous a conduit à la situation catastrophique d’aujourd’hui ? Deux événements dramatiquement concomitants. 
1- L’esprit soixante-huitard, ressac du traumatisme de la guerre, vice éducatif des enfants de la Libération, a infecté toute l’administration et l’économie française par ses théories anarchiques, libertaires, son rejet de l’autorité et de la discipline, et finalement, son refus du travail. On a vu proliférer les contrôleurs chargés de faire la chasse à ceux qu’animait encore une notion de conscience professionnelle. On a vu des ministres imposer bêtement et méchamment l’interdiction de travailler trop longtemps. On a vu des pédagogues enseigner la paresse aux enfants. La dynamique de l’emploi n’y a pas résisté. Le chômage de masse a pris la place. Or, c’est dans ce nouveau contexte que des théoriciens ineptes ont entrepris de renouer avec l’immigration d’antan, sans se soucier des possibilités d’accueil. Et voilà des foules de migrants livrés à l’oisiveté, aux artifices de subsistance, à la rapine parfois. Ainsi naissent le racisme, la violence, la guerre civile. 
2- En même temps, et sans que les deux événements soient liés, un Islam de la violence déclenchait à partir du Moyen-Orient une guerre d’extermination des chrétiens. Des populations entières fuyaient et venaient se jeter désespérément dans la nasse de l’immigration inassimilable ci-dessus, mêlées à des infiltrations d’assassins. 
Deux foyers d’incendie exigent deux fronts de lutte. À l’extérieur, il faut faire la guerre, et la gagner, contre les bandes qui se réclament par blasphème de Dieu pour commettre leurs forfaits. Pour cela, il faut des armées fortes. À l’intérieur, il faut revenir à la liberté du travail. Je sais que nos jeunes ne sont pas des fainéants et ont compris qu’on les a trompés. Ce sont eux qui, si on les laisse s’exprimer, recréeront le plein emploi, et démineront dès lors la bombe de l’immigration. Un nouveau président, en France, a été élu par des méthodes douteuses. Puisse-t-il au moins réussir ce double pari ! Alors, et alors seulement, il sera légitimé.