dimanche 13 février 2011

Mondialisation

Dans les années 50 du siècle dernier, quand naquirent les adultes d’aujourd’hui, ou un peu avant, la population mondiale était d’un peu plus de 2 milliards de personnes. 
Dans les années 50 du siècle actuel, la même population aura atteint 9 milliards.
En une vie d’homme, la population mondiale aura été brutalement multipliée par quatre et nous sommes contemporains de cette formidable mutation !
La Terre, depuis qu’elle existe, a porté une centaine de milliards d’êtres humains. 
Vingt pour cent de ceux-ci, un sur cinq, sont rassemblés sur notre siècle !
Arrêtons-vous un instant et réfléchissons.
Avant, il y avait l’homo sapiens, l’homme qui s’observait, seul au milieu des autres.
L’humanité, alors, était un genre, une catégorie du vivant, une addition d’individus.
Le collectif n’était pas né, seule existait la multitude.
Puis vint l’inflation fulgurante dans laquelle nous nous trouvons pris.
En quelques années, sur les deux cent mille ans d’histoire de l’homme, le poids de l’humanité fut multiplié par quatre.
Alors, dans cette masse nouvellement née, l’individualité n’a plus sa place.
Comme ces protons d’atomes qui fusionnent sous la pression de l’énergie, un être collectif nouveau, l’Humanité, est en train de naître de l’individu humain.
Comme ces particules de l’infiniment petit qui occupent tout l’espace de l’infiniment grand, l’individu humain touche désormais au tout d’une humanité, personne morale.
Rien ne peut plus atteindre l’individu qui ne concerne le collectif.
La multitude devient le collectif.
Ce siècle restera dans l’histoire comme celui de l’explosion.
Le big-bang de l’Humanité.
C’est cela, la mondialisation.

jeudi 10 février 2011

Embryon

Il y aurait en France près de 180.000 embryons congelés, stockés en attente de décision sur leur sort. La population d’une grande ville française ! Il pourrait y en avoir un million dans le monde ! 
Il s’agit des embryons conçus par fécondations en éprouvettes et gardés en réserve aux fins de réimplantation en cas d’échecs. Il est alors demandé aux parents de décider de leur sort : soit le don à la science, soit le don à autrui, soit la destruction. Une minorité s’exprime en faveur des deux premières “solutions”. Les autres confirment l’abandon ou restent muets. Ils aimeraient que les médecins décident à leur place (ou peut-être le Gouvernement…). Mais personne n’a envie de décider.
Parmi les causes de ce silence, il y a comme une gêne à réutiliser ces embryons congelés pour une deuxième grossesse. Comme si, “des embryons frais, c’est quand même mieux”… Mais aussi, une interrogation plus subtile tracasse : quel serait donc l’âge réel du nouveau petit frère ou de la petite sœur, conçu ou conçue finalement en même temps que l’aîné, mais mis au monde plus tard ? Ces interrogations, à faire pleurer, donnent la mesure de l’énormité du scandale.
Or ce ne sont pas les législations nationales sur le statut des embryons ou des fœtus qui vont apporter la lumière aux parents désemparés. Un embryon de quelques semaines ne sera rien dans un pays, deviendra un être humain si l’on passe une frontière, et perdra à nouveau son identité au retour. On n’est pas Homme au même âge de part et d’autre d’une même frontière ! Les législations sont des chefs d’œuvres d’hypocrisie, condamnées à louvoyer entre des lobbies de pressions contradictoires, animées par des idéologies radicales.
Quant à la science, elle se montre souvent plus préoccupée par la notoriété et les retombées financières induites par les expérimentations médiatisées, que par la recherche d’une vérité humaine. D’éminents professeurs expliquent que jusqu’à quelques semaines, les cellules de l’embryon sont totipotentes, c’est à dire aptes à se diviser, chacune prise isolément, en un nouvel embryon. Et d’en déduire que, jusqu’à cet âge-là, l’embryon n’est donc pas un être humain, mais une potentialité humaine ! 
ô supercherie du sophisme ! À quelle heure la potentialité devient-elle réalité ? Et quel événement fait qu’à cette heure-là, les choses basculent ? Quel big bang sonne chez l’embryon le temps zéro de la vie humaine ?
Si l’embryon avant ces quelques semaines n’est pas un être humain, qu’est-il donc ? Une éprouvette de produits chimiques ? « L’homme, du carbone, de l’oxygène, de l’hydrogène, de l’azote, du phosphore, du souffre… Et rien d’autre », disent certains. Alors oui, vu ainsi, l’embryon peut être jeté dans l’évier. Mais l’être humain aussi, qu’il est devenu ensuite en vieillissant ! Qu’est-ce qui justifierait qu’une denrée sans importance devienne tout à coup un être sacré, par décision administrative ? Encore une fois, que s’est-il passé entre les deux ? Rien !
Le vrai problème n’est pas tant de savoir à partir de quel âge la loi peut décider de planter l’étiquette ”homme” sur un amas de cellules, mais de dire si la science a raison ou tort, si elle a le “droit”, d’interrompre à sa guise le processus de création d’un être humain. De l’aider, oui ; de l’améliorer si elle en a acquis le pouvoir, pourquoi pas, bien que le spectre de l’eugénisme rôde toujours ; mais de l’interrompre ?
Pourquoi donc un enfant est-il si précieux? Parce que les enfants d’aujourd’hui sont les parents de bientôt. Parce qu’un enfant qui meurt, c’est 100.000 vies qui manqueront à l’humanité dans les siècles à venir. Chaque enfant est potentiellement l’ancêtre de l’humanité de demain. Et pour ceux qui attendent, congelés, nul n’a le droit de leur refuser le futur. 
Regardez cet embryon, que la télévision nous montre complaisamment, tremblant face à la pipette qui manipule ses quelques cellules. Il est issu de la division d’une seule cellule engendrée elle-même par la rencontre mystérieuse et merveilleuse de deux pronucléus parents. Cette cellule originelle n’était pas là avant. Elle porte désormais en elle un patrimoine génétique totalement original, inédit et qui ne se reproduira plus jamais. En elle s’est engendré un nouvel individu. Commence alors la division cellulaire en deux puis quatre cellules identiques et ainsi de suite, qui auront toutes ce même patrimoine génétique et formeront un organisme. Dans ce développement de la vie, chaque vie nouvelle apparaît par le fait d’une rencontre, par engendrement. Deux cellules deviennent une nouvelle qui n’avait pas de réalité avant la rencontre. 
Mais si la vie se développe ainsi depuis toujours par divergence, comment est apparue la première cellule vivante ? Comment sinon par réunion de ses éléments ? Une seule fois il y eut création, convergence, convergence de la Pensée créatrice. 
Alors, cet embryon ! Il ne fait que renouveler à sa façon cet acte unique, originel, transcendant qui fit la vie. Comment peut-on imaginer que le miracle ne commence qu’au bout de quelques semaines ? Au fait, l’embryon a-t-il une âme ? S’il n’en a pas, alors le fœtus en a-t-il une ? Si celui-ci n’en a pas non plus, l’âme s’accroche-t-elle au corps de chair, seulement à la sortie de l’utérus, comme un dernier wagon à la sortie de la gare de triage ? Et si le fœtus a une âme, pourquoi l’embryon n’en aurait-il pas ? Où est la différence ? Est-ce le poids qui compte ?
Il faut se rendre à l’évidence : l’être humain n’est pas fait que de chimie. La chair n’est que l’aspect ici-bas, dans notre espace et dans notre temps, d’une réalité transcendante faite d’autre chose que de matière, et qui trouve sa matérialisation à l’instant de la fécondation, de la rencontre.
Qu’y a-t-il avant ce commencement de la vie terrestre ? La question rejoint celle-ci : qu’y avait-il avant le big-bang ? Elle n’a simplement pas de sens. Car avant le commencement de la vie, comme avant le big-bang, il n’y a pas d’avant, puisqu’il n’y a pas de temps. Il y a, c’est tout. Mais il y a quoi ? Vous ne trouverez pas la réponse dans la science. Vous la trouverez peut-être dans l’amour. Et l’amour n’est jamais loin de Dieu. Au bout de combien de jours est-il permis d’aimer l’embryon ?

mardi 8 février 2011

Bioéthique

Une page entière dans Le Figaro du 8/02/2011 ouvre les yeux de ceux qui feront l’effort de la lire, sur l’abîme des questions morales (on dit éthiques aujourd’hui) qui s’ouvre sous nos pieds, en même temps qu’avance à pas de géant la science de la génétique. Bébés-médicaments, mères porteuses, dons anonymes de sperme, manipulation des cellules embryonnaires, vitrification des ovocytes, insémination post-mortem, etc. Et parmi toutes ces questions, peut-être la plus redoutable : où siège la personnalité humaine ? Dans son éducation et sa culture ? Ou bien dans ses gènes ? Ou bien encore dans un au-delà de sa dimension matérielle ? Chacun peut se poser cette question : si mes parents ne s'étaient pas connus, s'ils avaient engendré chacun de leur côté, serais-l'un de ceux-là, ou les deux, ou rien?
Ce qui me met mal à l'aise, ce n'est pas la naissance de ce bébé-sauveur dont les médias font état ces jours-ci. Au contraire ! Et les arguties philosophiques qu'on lui oppose en ce moment me semblent pour le moins décalées. Ce que je ne sais toujours pas résoudre, en harmonie avec l'idée que je me fais de la nature humaine, c'est le lancinant problème du sort que l'on réserve aux embryons rejetés. Question soigneusement éludée par tous les commentateurs. Et pourtant, regardez-les, ces embryons, et dites-vous seulement que l'un d'eux pourrait être vous. 
Quelle autorité morale m'apportera la lumière ?
Mais si l’on ne veut pas “se prendre la tête“ il reste la solution de s’esclaffer, comme ce speaker d'une radio périphérique après qu’il eut bâclé ses infos : “allez, on passe au foot !“.

dimanche 6 février 2011

Liberté de penser

J’étais depuis peu sur un forum comme il en existe des cents et des mille sur Internet. Un forum d’anciens de la guerre d’Algérie. On peut y retrouver des copains perdus de vue. Ils ont pris un demi-siècle, eux aussi. On y échange des photos jaunies. Et l’on parle, mais de quoi ? Des camions Berliet ? On a vite fait le tour de la conversation. J’avais pensé qu’échanger sur la vie, entre copains vieillis ; découvrir la richesse de la pensée accumulée chez chacun depuis ce temps ; évoquer les sujets qui me passionnent, comme ils interpellent chacun, et qui font la matière de mes livres : la science et la spiritualité, ces deux lunettes pour comprendre le monde, la vie, l’Homme ; aurait relevé le débat.
Et voilà que le webmaster, comme l’on dit aujourd’hui, bloque la discussion au motif que l’on ne doit pas « aborder de sujets ayant rapport avec la politique et la religion » !
Il est navrant, accablant, désespérant, de constater combien la besogne de vidage des cerveaux entreprise depuis quarante ans, en France, par les génies de 68,  a aujourd’hui atteint le point de non-retour. 
Parler d’humanisme, c’est parler de « religion » ! Les esprits gavés artificiellement de pensée unique par des médias instrumentés sont désormais incapables de la moindre pensée personnelle. 
Vous ne pouvez, dans ce pays, que parler de foot, ou régurgiter sans l’avoir assimilé la pâtée du vingt heures d’hier soir. Ne vous avisez pas de formuler un avis sur l’immigration s’il diverge de la pensée préfabriquée imposée. N’évoquez jamais plus quelque notion de souche, d’origine, d’ancêtres. Quant à dialoguer sur Vichy et ses hommes, la loi l’interdit désormais.
La liberté de parole n’existe plus en France. D’ailleurs, les Français n’en ont plus besoin.
Sur ce blog, j’accueille volontiers les derniers Mohicans qui sont encore capables de pensée. Je n’y bloquerai que les graffitis de pissotières, tant il est vrai qu’il y a là, sur Internet, une autre tare.