lundi 11 septembre 2017

Euthanasie

Suis-je propriétaire de ma vie ? "Je suis venu au monde sans le demander. Qu'on me laisse en partir quand je veux". Tout semble être dit ! Mais, quelle prétention d'imaginer que trois millions d'années se sont évertuées à m'engendrer, pour rien ! Que cent vingt mille générations d'aïeux m'ont confié leurs gènes, pour rien ! Que le ciel, la Terre, les animaux, les plantes et l'air que je respire me sont offerts, pour rien ! Non ! Cette vie-là ne m'appartient pas, pas plus que le flambeau n'appartient au coureur de relais. Ma vie appartient à ce long passé. Et, dès lors qu'il m'a été donné le bonheur de procréer à mon tour, elle appartient désormais à cette postérité. "Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la". L'injonction créatrice est pourtant claire. Il n'est pas dit "jouissez et partez quand vous voulez" ! Si nos contemporains n'étaient pas aussi manipulés par ceux qui veulent les asservir à leur profit, ils goûteraient la richesse de cette spiritualité. Ils découvriraient le bonheur d'avoir compris ce que je me suis efforcé d'écrire dans mes livres : ma vie n'est sans doute que la trace, sur l'écran du temps, d'une autre vérité dans son au-delà. Vérité qui, elle, ne m'appartient pas. Mais, voilà ! On veut en faire des automates consommateurs. Alors, il ne faut pas qu'ils pensent trop.
Autre chose est le problème de la charité devant la souffrance insupportable d'autrui. Est-il permis, sans transgresser cette loi de la vie, d'abréger l'épreuve de la douleur ? Est-il raisonnable de s'acharner dans la souffrance ? Je ne sais pas répondre. Mais, voilà en tout cas la seule question qui compte.