samedi 29 mai 2010

I Pad et autres tablettes électroniques de lecture

Les commentaires lus ou entendus en ce moment, au sujet de la sortie d’une nouvelle tablette électronique, sont consternants. On en parle (de cette marque comme des autres), comme d’une série de nouveaux gadgets pour jouer avec Internet, ou pour classer des photos. C’est tout.
Personne ne se rend compte, ou certains font semblant de ne pas voir, qu’il s’agit tout simplement de l’avènement, pour les siècles à venir, d’un nouveau support de l’écriture.
Il est normal que le public n’en ait pas conscience. Les médias n’en disent rien, or l’on sait bien que peu de gens pensent par eux-mêmes, mais attendent d’ingurgiter des opinions toutes faites.
Il est concevable aussi que ceux qui ont compris le phénomène, mais dont les intérêts sont en jeu — éditeurs, imprimeurs, et tous les métiers du papier — cherchent à en retarder l’effet.
Lorsqu’il y a cinq mille ans, fut inventé le papyrus égyptien, je suppose que les scribes, qui jusqu’alors rangeaient soigneusement leurs tablettes en pierre, crièrent déjà au sacrilège. Trois mille ans après, la même indignation, ou indifférence feinte selon le cas, accueillit sans doute l’avènement du parchemin. Lequel, à son tour, fut bien obligé de s’incliner devant Gutenberg est sa diabolique invention de l’imprimerie sur papier. Eh bien, qu’on le veuille ou non, aujourd’hui s’opère la mise en place historique d’un cinquième support de l’écriture : l’électronique.
J’entends crier que les outils de lecture actuels sont inconfortables, ont plein de défauts, etc. C’est sans doute vrai. Mais que les aînés se rappellent leurs premiers téléphones portatifs ; j’ai le mien au grenier, un objet de musée ! Attendez un an ou deux, et on ne parlera plus de ces soucis. Alors, l’on verra sans doute les mêmes qui aujourd’hui jouent Cassandre, revenir tels des “experts” dans la presse, nous expliquer la mutation qui s’est produite…

dimanche 9 mai 2010

La littérature va mal

Irène Frain : “La littérature va mal. La survie de la littérature est en jeu aujourd'hui car nous assistons à une médiocrisation croissante des textes proposés qui sont tous très formatés ; formatés pour la médiocrité et répondant à la règle de l'instantanéité".
Oui, et il y a un étrange parallélisme avec le monde de la banque. Il n’y a plus d’éditeurs, comme il n’y a plus de banquiers. Il y a dans les deux cas des employés d’entreprises commerciales, à qui l’on demande du chiffre, les uns en plaçant des produits grand public, les autres en vendant du papier.
Claude Durand (ex-éditeur de Soljenitsyne…) cite, dans le Figmag, le cas d’un écrivain (?) “qui bâcle ses livres de plus en plus mauvais”, mais dont il faut publier “le torchon”, parce qu’il est juré ! Il faut alors, poursuit-il, “concevoir un emballage médiatique destiné à vendre ce livre détestable à la critique et au public”. Il cite ensuite le cas similaire de certains livres de journalistes : “on a transformé des gazetiers en écrivains”.
Pourtant, Claude Durand conclut : “Il y a beaucoup de raisons d’être optimiste. (...) Je pense que les nouveaux formats numériques vont développer la lecture chez les jeunes. L’édition reste promise à un grand avenir, pourvu qu’elle reste fidèle à sa vocation première : découvrir, accompagner et promouvoir des auteurs, de ceux dont Michel Serres disait que, par leurs œuvres, ils augmentent le monde”.