lundi 27 avril 2015

Planète

Pourquoi le drame du Népal m'a-t-il fait souvenir de ce que j'écrivais récemment dans mon livre "Pourquoi quelque chose ?":
"Non, notre Terre n’a rien à voir avec la planète du Petit Prince, qu’une certaine écologie médiatique prétend “sauver“. La Terre se défend toute seule, avec férocité parfois. La Terre n’a que faire des hommes, ces pucerons minuscules qui lui parcourent l’écorce, et qu’elle peut anéantir par le moindre tressaillement. La Terre est une boule de feu, à peine emballée dans une mince écorce, aussi mince qu’une peau de pomme. C’est sur cette pellicule que nous sommes installés. Une peau craquelée, mouvante et fragile, peinant à contenir le feu qui la ronge, et que ravage par endroits des crevasses et des éruptions incandescentes. C’est dans l’épaisseur infime de cette croûte que nous apparaissent, colossales, les montagnes de l’Himalaya ou de la cordillère des Andes, ou les abyssales fosses marines inexplorées. C’est aussi dans cette mince pellicule que nous forons, toujours plus profondément, pour trouver notre précieux pétrole, sans que nos modestes piqûres n’affectent l’impassibilité de la Terre.  Voilà le plancher des Hommes sur lequel nous nous répandons et nous croissons, inconscients de notre insondable petitesse. Nous sommes des bactéries sur une grenade dégoupillée, que nous voulons “sauver” ! Il n’est pas si loin le temps où les hommes imploraient Gaïa, la déesse de la Terre, pour qu’elle les épargne."

dimanche 26 avril 2015

Pourquoi quelque chose ?

Je me suis toujours demandé comment on pouvait vivre sans un minimum de spiritualité, sans un peu de foi dans un certain au-delà. Cet au-delà — nécessairement subjectif, puisqu’il n’est donné à personne d’en avoir le contact, la perception directe — chacun l’exprime à sa façon, c’est le propre des religions. Mais, sans son hypothèse, rien n’a de sens. La vie, ma vie, devient une erreur du hasard, un hasard qui, lui-même, n’a pas de sens. Ceux qui nient cette autre dimension de notre être, qui bornent leur pensée au matérialisme physico-chimique de notre univers sensible d’espace-temps, sont comme ces poissons rouges qui n’envisagent pas autre chose que leur bocal. Ils se demandent comment ils sont arrivés là, et pourquoi. 
J’ai passé ces dix dernières années à chercher à comprendre. J’ai lu des dizaines d’ouvrages, cent peut-être. J’en ai écrit six sur le sujet. Le dernier, “Pourquoi quelque chose ?”, résume un peu tout ce que j’ai cru deviner, et ouvre l’appétit du savoir. On ne le lit pas sans marquer des étapes, comme l’on fait un voyage où il y a tant à voir.

mercredi 22 avril 2015

Le "fait religieux"

Voilà que la presse fait état de soi-disant enquêtes, menées par d’obscurs instituts ou “observatoires”, qui révèlent que plus d’un cadre dirigeant sur quatre serait confronté à la question de la religion en entreprise. Et, de citer pêle-mêle : la demande d’absence pour une fête religieuse, le port ostentatoire de signes religieux (croix, kappa, foulard, turban), la demande d’aménagements d’horaires, la demande de prières pendant les pauses, voire pendant le temps de travail, le refus de travailler avec une femme.
Il faudrait rappeler à ces beaux cerveaux que des gens ont vécu avant eux, et que cela fait plus de mille ans que la France chrétienne ne pose plus de problèmes aux cadres dirigeants en question. On n’a jamais vu quelqu’un s’absenter indûment pour une fête religieuse chrétienne, puisque ces jours-là sont officiellement chômés. Ce n’est pas la peine, non plus, de rajouter sournoisement la Croix dans la liste des signes “ostentatoires” pour tenter d’amalgamer la chrétienté française de fait à l’islam importé. Mes grands-mères portaient la coiffe bretonne ; seraient-elles, aujourd’hui, interdites d’entreprise ? En quoi, par ailleurs, cela gêne-t-il un cadre qu’un employé chrétien prie en silence pendant sa pause, voire pendant le temps de travail ? Quant à refuser de travailler avec une femme, ce serait plutôt le contraire.
L’hypocrisie de ces pseudo enquêtes est criante, qui ne cherchent qu’à masquer derrière une prétendue laïcité les problèmes posés par la seule religion musulmane. Pour le Christ, il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César : c’est la définition de l’intégration. Pour Mahomet, il faut tout pour Allah, seul : c’est la négation de toute intégration possible.

La RATP va jusqu’à inscrire dans ses règlements intérieurs l’interdiction de “toute attitude ou port de signe ostentatoire pouvant révéler une appartenance à une religion ou à une philosophie quelconque”. Interdit-elle aussi le rituel maçonnique de la poignée de main ? 

mardi 14 avril 2015

Angélus

Les gens de mon âge gardent souvent, imprimé au fond de leurs souvenirs inconscients, ce tableau de Jean-François Millet, peint il y a un siècle et demi, qui décorait les murs de leur enfance. Au-delà de la qualité picturale de l’œuvre, c’est la charge spirituelle de son sujet qui m’émeut. Ce couple, dans son champ, qui pose un instant ses outils ; cette femme qui joint les mains ; cet homme qui ôte sa casquette alors que l’on croit entendre au loin tinter au clocher du village les neuf coups suivis de leur pleine volée de “l’angélus qui sonne” ; cette image est celle de nos racines, la pensée chrétienne qui a modelé la France et les Français. Depuis cinq siècles et demi, depuis Louis XI qui ordonna de faire sonner l’angélus en France, le matin, à midi et le soir, vingt générations de nos grands-mères joignirent les mains, vingt générations de nos grands-pères ôtèrent leur casquette (soit 2.097.150 aïeux), trois fois par jour, pour invoquer Marie, appeler son secours et sa protection. Aujourd’hui, les cloches dérangent, les ancêtres dérangent, l’au-delà dérange. À l’âge des smartphones et d’internet, où seul compte le présent de l'instant, j’ai  voulu rappeler que chacun a un passé, et que chacun sera le passé de quelqu'un.

vendredi 10 avril 2015

Souche de Français

Alors que l'on inaugure aujourd'ui la réplique à usage touristique de la grotte Chauvet, c'est de l'original que je veux parler. Il y a 36000 ans — 360 siècles —, nos ancêtres à la mille quatre cent ou mille cinq centième génération, des humains de Cro-Magnon, s'y sont abrités, y ont vécu peut-être — on a trouvé des traces de feu —, y ont exercé leur art, y ont  affirmé déjà leur spiritualité. À travers la paroi rocheuse sur laquelle ils traçaient leurs magnifiques œuvres et apposaient leurs mains, cherchaient-ils à acquérir un peu de l'énergie tellurique dont leur être primitif ressentait la présence ? En tout cas, fiers sommes-nous de porter, peut-être, leur ADN. L'hypocrisie des temps modernes voudrait abolir la notion de Français de souche. Eux étaient la souche des Français.