lundi 15 février 2010

Internet, un monde virtuel ?

Tel est le verdict du tribunal des médias. Face à un monde “réel”, qui serait vous et moi et tous les autres, se développerait, à grande vitesse sur la fameuse “toile”, un univers factice où chacun viendrait désormais vivre une autre vie. 
Cette pensée officielle reconnaît, certes, la puissance désormais incontournable de ce réseau de communication immédiate entre les hommes. Elle en accepte la conséquence heureuse qu’est l’explosion de la diffusion de la connaissance. Elle déplore avec raison que des régions trop vastes du globe terrestre en soient encore exclues, et s’interroge sur le visage du monde quand, en effet, six ou sept milliards d’êtres humains seront “connectés”. Mais elle n’en démord pas, ce monde-là est virtuel.
Mais le monde “réel” auquel pensent ces médias n’existe pas ! Ou, plus exactement, il est inaccessible, ce qui revient au même. Pour qu’il puisse se matérialiser, il faudrait que des communications physiques, réelles, s’établissent en nombre et instantanément entre tous les points de la Terre. Que chacun puisse se voir en vrai, se parler, se toucher. Ce n’est évidemment pas possible. Personne ne peut dire qu’il connaît la réalité de la Chine à l’Amérique, du Groenland à l’Antarctique. D'aucuns peuvent avoir séjourné ici ou là, mais jamais partout à la fois ni perpétuellement. La connaissance que nous avons de notre monde n’est que l’image que nous en fournissent les médias. Et c’est cette image que nous appelons réalité. Mais c’est elle qui est virtuelle !
Internet, au contraire, est en train de nous fournir la réalité du terrain. Sans fioriture, sans prisme déformant, sept milliards d’hommes et de femmes de toutes latitudes, de toutes conditions, de toutes cultures pourront bientôt, instantanément et simultanément, se parler, se voir et se comprendre. Alors, un monde réel s’ouvrira, qui n’a encore jamais existé dans l’humanité, et il en sera fini du monde virtuel de la pensée codifiée, aseptisée, préfabriquée.

2 commentaires:

Madeleine a dit…

Et si Internet était, tout bêtement, la "manifestation" de l'Inconscient Collectif ? Et si cet Inconscient Collectif savait, d'une façon ou d'une autre, que sa mémoire est actuellement en danger et qu'il faut la préserver ? Danger d'être corrompue ou effacée, si ce monde venait à disparaître prochainement ?

Regardez Internet devenir une mémoire collective (le scan des vieux livres notamment) dans le même temps qu'il est ce que l'humanité a créé de pire au monde: une machine "banale" qui entre jusque dans les chambres à coucher des enfants, une machine qui est en train d'espionner nos élans les plus intimes, nos noms, nos comptes en banque et bientôt nos ADN...

Madeleine

Bernard Huet a dit…

Bonjour Madeleine, comment… ?
Je crois que l’inconscient collectif que vous évoquez se situe dans une dimension qui transcende grandement la “toile”. Je le situerais — ce terme étant alors inadapté — dans la dimension du Tout, cette cinquième dimension que j’ai tenté de décrire dans mon livre “Le ciel du ciel, ou la dimension cachée” (cf ci-contre). On y découvre ce que devient notre univers, si on ajoute au temps et à l’espace la dimension du partout et du toujours. La mémoire collective y règne, mêlée au futur encore inconnu. C’est la perte de cette dimension du Tout, la chute dans le temps et dans l’espace, qui engendre l’individualité que nous connaissons ici-bas. Mais l’individu se souvient. Comme ces particules intriquées de l’infiniment petit qui semblent ne faire qu’un, les Hommes se connaissent…
Internet, alors, peut-être en effet le catalyseur universel d’une humanité à naître.
Et puis, il y a au-delà encore, une ultime dimension. Au chapitre X.