vendredi 24 décembre 2010

Noël

Ce jour-là connut la matérialisation inouïe en notre univers de la violence de l’Esprit. Il y a deux mille ans, hier, la puissance fantastique de la Pensée engendra le Christ. Dieu faisait irruption dans sa création.
Fort d’une inébranlable confiance en son Père, un jeune homme, comme les autres, commandait aux éléments. Il guérissait les malades, ressuscitait les morts, enseignait l’amour. Il pouvait anéantir ses ennemis, il en fut tenté, il s’y refusa. Il domina sa propre mort pour se manifester à nouveau à ceux qui savent regarder. 
Il fallait qu’il naquît dans l’univers des hommes, qu’il y mourût, et en ressuscitât pour ensemencer l’humanité. Aujourd’hui, parmi nous, la graine a germé deux milliards de fois.
 Vers quel destin nous entraîne cette spiritualisation de la matière ? Il faut relire Teilhard de Chardin : 
Dans un Univers où nous ne pouvons plus considérer sérieusement que la Pensée soit un phénomène exclusivement terrestre, le Christ (...) (est) identifié enfin par le travail des siècles, comme le sommet ultime de l’Évolution”.

mercredi 22 décembre 2010

Église

Il paraît que des catholiques allemands quittent en nombre l’Église à la suite des scandales de pédophilie chez des prêtres. Mais l’Église n’est pas un parti politique que l’on quitte ainsi au gré de ses humeurs, en renvoyant sa carte. Pour un chrétien vrai, cette Église, catholique en l’occurrence — c’est elle qui est visée —, n’est rien moins que le corps vivant du Christ, dont chacun est membre. A-t-on jamais vu un membre quitter son corps de son plein gré ? On peut l’en arracher, mais alors il meurt. 
Je ne peux m’empêcher de rapprocher cette information de celle-ci : en Iraq, en Égypte, des chrétiens sont massacrés dans leurs églises. Ceux qui en réchappent, et dont la foi force l’admiration, ne quittent pas leur Église, mais quittent en nombre leur pays pour continuer de vivre dans leur Église. 
Alors je pose la question : si demain la France, ou l’Allemagne, devait vivre le drame de l’Iraq — une hypothèse qui n’est plus, hélas, dans le domaine de l’impossible —, quitterai-je l’Église pour continuer de vivre dans mon pays, ou quitterai-je mon pays pour continuer de vivre dans l’Église ?

mercredi 8 décembre 2010

Jean Staune : "La science en otage"




Je viens de lire l'excellent livre de Jean STAUNE, “La science en otage” aux Presses de la Renaissance. Il fallait qu’un tel livre fût écrit, et Jean Staune parfaitement fait. 
J’en recommande vivement la lecture à tous ceux qui s’intéressent à la science contemporaine et à sa philosophie, et y cherchent réponse à leurs justes interrogations.
Mes propres travaux m’avaient largement ouvert au spectacle de l’intolérance, que Jean Staune décrit sans concessions, et qui transforme la recherche en un champ de bataille idéologique, voire mercantile. Ce livre, d’une densité inouïe et d'une documentation impressionnante, est précieux parce que l’on en sort parfaitement armé pour développer son esprit critique, et trouver le bon chemin dans ce dédale de fausses routes que sont les a priori du scientifiquement correct.



samedi 4 décembre 2010

Peur de la mort ?

Pourquoi avoir peur de la mort ?
Ou bien “après” la vie, il n’y a rien. C’est la conclusion à laquelle aboutit l’athéisme radical. Dès lors, pourquoi avoir peur de “rien” ? Pourquoi craindre de remplacer quelque chose par rien ? “Rien”, cela ne fait pas mal !
Ou bien après la vie il y a autre chose. Quoi ? Il ne peut s’agir de “quelque chose”. Car “quelque chose” suppose un espace pour le recevoir et pour le différencier “d’autre chose”. “Quelque chose” suppose aussi le temps pour séparer l’avant, où ce “quelque chose” n’est pas encore, de l’après, où il n’est plus. Or ce temps et son espace sont des données  de notre monde. Au-delà de la vie, espace et temps n’ont plus cours. Donc il ne peut s’y concevoir “quelque chose”. Alors quoi ? Que peut être l’opposé de “rien”, s’il n’est pas “quelque chose" ?  Eh bien, c’est “tout”. Au-delà de la vie, il y a “tout” ou “rien” ! Voilà l’équation. 
Dès lors, faut-il avoir peur du “Tout” ? Ce “Tout” qui, étrangement, figure le ciel que nous décrivent les Écriture, depuis quelques milliers d’années.  Ce “Tout”, que recouvre-t-il ? Les passés et les futurs superposés en un instant éternel ; les ici et les ailleurs réunis en un point infini ;  le bien et le mal, cette dimension négligée de notre espace-temps, cette diffraction du parfait que notre univers décompose, comme le prisme dénature la lumière blanche. 
Mais alors, ce "Tout" me renferme aussi ! Je suis en devenir, ici-bas, ce que je suis, déjà abouti, dans le tout. Si j'ai peur du "Tout", n'est-ce pas que j'ai peur de moi ?