mercredi 18 juillet 2012

Merveilleux boson qui ouvre l'au-delà


Revenons un instant sur cette affaire de boson magique. On a découvert la particule originelle dont l’Univers est issu ; celle, parmi les dix à la puissance quatre-vingts particules élémentaires qui constituent la substance du monde, qui apporte aux autres leur matérialité : leur masse. 
Nous avons tous appris à l’école que les choses ont une masse. Nos professeurs faisaient de louables efforts pour nous expliquer que cette masse n’avait rien à voir avec le poids qui est une notion liée à gravitation, laquelle s’exerce précisément sur ce qui a une masse. On tournait en rond. La masse semblait être une propriété intrinsèque de tout objet, et personne n’était en mesure de comprendre d’où elle venait. 
Or, cette question n’était pas anecdotique, qui renvoyait directement à la question explosive de création. En effet, sans masse, pas de matière, plus de matérialisme ! Enlevez leur masse aux choses, il ne reste que pensée, esprit… Un boulevard pour les tenants d’une création divine, qu’il fallait fermer d’urgence. Donc, si l’on voulait expliquer le monde par la seule science de la matière, il fallait dire qui, ou quoi, fournissait aux dites particules cet attribut bienvenu sans lequel nous ne serions pas là pour en parler.
Quelqu’un, un physicien britannique, Peter Higgs, eut l’idée que cette masse observée n’était autre qu’une inertie due à l’encombrement du vide qui, dès lors, ne serait pas vide, mais empli d’une multitude de particules spécifiques, élémentaires parmi les plus élémentaires, insaisissables, invisibles, mais bien réelles. Un peu comme une foule  qui vous empêche de marcher sur un trottoir, vous rendant lourd, inerte. On baptisa ce nouveau venu du vilain nom de boson, et un avis de recherche fut lancé.
La question était tellement capitale pour le monde scientifique, athée, positiviste, que l’on n’hésita pas à investir plusieurs milliards d’euros pour construire un gigantesque accélérateur de particules au sein duquel on escomptait bien déloger, s’il existe, cet élément suprême de sa cachette au cœur de la matière, en fracassant celle-ci sur elle-même.
Et, on l’a trouvé, le boson !
Enfin, presque.
Déjà, les couteaux sortent.
— Les uns disent : voyez ! Il n’est plus nécessaire d’aller chercher Dieu. Le boson explique tout. C’est lui qui crée tout seul la matière du monde, par sa seule présence.
— Les autres répondent : peut-être est-ce là l’explication scientifique du phénomène de masse. Pourquoi pas ? Mais, d’où sort-il votre boson miracle ? 
— Vous n’avez rien compris, rétorquent les premiers. Le vide est un vide qui n’est pas vraiment vide. Il est empli de potentialités d’existence qui ne demandent qu’à se matérialiser, pourvu qu’on leur en fournisse l’énergie. Or, ce boson que l’on vient de déceler est justement ce qui fournit cette énergie.
— Il n’empêche, qui l’anime lui-même ? Serait-il le “boson de Dieu“ ? Votre découverte, qu’il faut néanmoins saluer sur le plan scientifique, se retourne contre votre théorie. Si nous avons bien compris, cette potentialité d’existence dont vous parlez semble bien qualifier aussi le fameux boson de Higgs. D’ailleurs, sa durée de vie est si courte, si imperceptible, qu’il semble impossible de l’isoler en entier. Tout au plus peut-on en déceler les résidus de sa désintégration. Il est, ce boson, à cheval sur la frontière entre la matière et la non-matière. Il n’est ni particule ni onde. Il est à la fois onde et particule. Il est le passeur qui relie les berges de la pensée au rivage du monde matériel. Il est la preuve, s’il en fallait une, qu’il n’y a pas de fossé entre le monde d’ici-bas, et l’au-delà dont celui-ci est issu.
— Ce que vous dites là n’est plus de la science, mais déjà de la métaphysique, bientôt du spiritualisme.
— Ne voyez-vous pas que cette science, dont il faut vous louer, vous conduit tout droit à l’Esprit ? D’ailleurs, ce monde que vous voudriez cantonner de force dans sa dimension matérielle, à quoi servirait-il ? Si vous pouvez répondre à cette question, alors nous serions disposés à vous rejoindre. Sinon, il faut chercher plus loin, au-delà…Teillhard de Chardin ne disait pas autre chose quand il écrivait, en 1934 : « Ou bien il y a une issue quelque part, pour la pensée et la personnalité, ou bien le monde est une terrible méprise ».

mardi 17 juillet 2012

Décadence


En moins de deux générations, la France est devenue un tout petit pays. Elle ne compte, aujourd'hui, que pour moins d'un centième de l'humanité. Dérisoire ! 
Elle fut, jadis, une grande nation internationale. Non pas par le nombre de ses habitants comparé à la population mondiale, mais par son rayonnement culturel et moral, par l'héritage millénaire qu'elle portait. Une ou deux générations ont suffi pour ruiner cette richesse. 
La décadence a commencé dans ce pays quand la crise nerveuse de 68 a montré l'état avancé du cancer de la paresse ; paresse physique, paresse intellectuelle, paresse morale. L'origine en est sans doute à rechercher dans l'épouvantable saignée que fut le drame de la guerre, et dont 68 fut, vingt ans après, le ressac. En 45, les enfants qui naquirent des ménages restés indemnes furent des demi-dieux. Leurs parents voulaient qu'ils ne connussent pas les malheurs qui furent les leurs, les angoisses, les privations. Dans l'euphorie de la paix retrouvée, ils les élevèrent dans l'illusion d'un monde désormais sans contraintes, sans interdits, sans sanctions. Faut-il le leur reprocher ? Vingt ans plus tard, ceux-ci découvraient qu'on les avait trompés, que la vie était une compétition, un chemin semé d'interdits. Que faire ? Reconnaître qu'ils étaient dans l'erreur, et s'adapter à la dure vérité de la société ? Courage hors de portée ! Alors, ils dépavèrent les rues et hurlèrent leur haine.  
La crise, cependant, fut muselée dans ses apparences, mais le mal continua de ronger le corps social, pour ne pas dire socialiste. Pendant quarante-cinq ans, les valeurs vitales de l'héritage furent détruites, une à une, sournoisement. Que reste-t-il aujourd'hui du sens des responsabilités, de l’effort, de l’ambition, de l’audace ? Qui possède encore un reste d’esprit critique ? Qui ose encore employer le mot “morale“ ?
Et ces Gaulois décadents continuent de se prendre pour le monde, en contemplant leur nombril. 
L’avenir ? Il appartient désormais à ceux qui ouvrent la fenêtre et regardent dehors.

jeudi 5 juillet 2012

Coucou, le revoilà le boson…


On l’a trouvé ! 
Ce jeudi 5 juillet 2012 marquera l’histoire du monde. On aurait enfin trouvé le boson miracle, cette particule infime qui permet d’expliquer le monde en se passant de Dieu !
Jusqu’alors, on savait qu’il y avait un univers matériel, on vit dedans, on en fait partie. La matière, on la voit, on s’y cogne, elle existe bien ! Cette matière, on en avait répertorié à peu près tous les constituants : pas moins de 1080 particules infimes, de toutes sortes (un nombre inimaginable ; 10 multiplié 80 fois par lui-même ; un 1 suivi de 80 zéros ; essayez de l’écrire puis de le lire ; à côté, le nombre de grains de sable du Sahara est dérisoire). D’elles étaient faits tous les atomes et leur noyau, les cailloux et les montagnes, les océans et l’atmosphère, la Terre et les étoiles, l’Univers entier.
Or, certains osaient encore prétendre qu’il y avait aussi un univers immatériel, un univers de pensée, d’esprit en quelque sorte, inaccessible. Un au-delà dont serait issu notre univers de matière, d’espace et de temps. Billevesées que cela, scientifiquement et gravement incorrect, qui menait tout droit à l’idée d’un Dieu créateur. 
Ils disaient, ceux-là, qu’on pouvait bien casser et casser la matière jusqu’à trouver la plus petite des particules primordiales, il faudrait encore expliquer ce que celle-ci faisait là. 
Or, les deux partis butaient sur la même question, posée différemment. Comment, pour les uns, l’immatériel pouvait-il se transformer en matière ? Comment, pour les autres, la matière pouvait-elle naître de rien ?
Réfléchissons : qu’est-ce qui caractérise la matière par rapport à l’immatériel ? C’est la masse. Non pas le poids qui met en jeu un autre phénomène, pas trop connu non plus, la pesanteur, mais la masse, c’est-à-dire une sorte d’inertie qui s’oppose au mouvement. L’immatériel est partout, la matière est ici ou là. D’où vient cette masse ? 
Le monde scientifique, évidemment tenant de l’hypothèse sans Dieu, se dit alors que si l’on pouvait prouver que cette masse est encore une affaire de matière, il ne serait plus nécessaire de passer par la case création divine pour expliquer le monde. 
Un physicien anglais, Higgs, émit l’hypothèse qu’une particule spéciale, répandue dans tout l’univers, serait peut-être la cause de cette inertie, un peu comme une foule qui vous empêche d’avancer sur le trottoir. D’où le nom de boson de Higgs, ou encore de particule de Dieu qui fut malicieusement donné à l’objet recherché, puisqu’il “fabriquait“ la matière. 
Voilà comment il fut décidé de frapper un grand coup. On construisit entre France et Suisse, à cent mètres sous terre, le gigantesque accélérateur de particules du CERN : un tunnel en anneau de vingt-sept kilomètres, garni d’instruments. Coût : quatre milliards d’Euros. Durée des travaux : douze ans. Puis on fit tourner dans les deux sens et à des vitesses folles des particules de noyaux d’atomes et l’on observa les débris des collisions. Le boson en question devait bien se trouver là.
Les responsables de cette expérimentation dantesque se devaient d’annoncer un résultat. Voilà qui est fait : l’équipement « a parfaitement rempli son office », dit le communiqué de presse : on a trouvé la particule originelle que l’on cherchait.
Enfin, on ne l’a pas vraiment trouvée, on a décelé d’autres particules issues de sa propre désintégration. Car la durée de vie du dit boson est infime.
Bon, on n’est pas totalement certain qu’il s’agisse bien du boson recherché, mais « quasiment sûr ».
Enfin, l’essentiel est que l’expérimentation continue…
Il n’empêche, l’aventure est passionnante. En effet, si on la trouve, cette particule, on expliquera merveilleusement ce passage fabuleux de l’immatériel à la matière, de la Pensée à la substance. C’est en se projetant sur l’écran de l’espace et du temps que l’Esprit crée son image, infinité de particules qui, tels des pixels, engendrent la vision de la matière. Les tenants du positivisme strict auront raté leur coup, mais la science aura fait faire un bond à la compréhension de la création du monde.