samedi 23 mai 2009

Vide spirituel...

Notre monde occidental est confronté à un double vertige :
1°) Vertige d’une totale désorientation spirituelle, résultat calamiteux de cinquante ans de pensée prête à l‘emploi. Qui fait encore l’effort d’un cheminement personnel de pensée, attribut pourtant exclusif de l’être humain, nécessaire à son épanouissement, à sa réalisation ? Nos enfants seront-ils condamnés à vivre par procuration, définitivement privés de ce précieux libre arbitre ?
L’engouement de nos concitoyens, observé depuis peu, pour les religions ou philosophies orientales donne la mesure cette peur du vide qui s’empare d’eux. Que cherchent-ils, sinon à se remettre en chemin par eux-mêmes ?
Les Églises de la chrétienté ne semblent pas avoir pris la mesure de ce désarroi. En choisissant d’adapter la liturgie à la pensée préfabriquée, un certain clergé des années soixante à ouvert, béant, le fossé qui sépare désormais la véritable foi mystique, du succédané des célébrations spectaculaires et conviviales. Les polémiques déclenchées par les récents rappels du pape au sujet de la dignité de la personne humaine, sont à la mesure de la béance de ce fossé.
2°) Et dans le même temps, vertige des découvertes scientifiques formidables qui, devant nos yeux incrédules, entrouvrent la porte d’un désormais inéluctable prolongement spirituel de notre univers matériel.
Les scientifiques de l’infiniment petit viennent de construire un gigantesque accélérateur de particules à l’aide duquel ils comptent bien percer le mystère de la dimension zéro, en cassant la matière jusqu’au plus infime, jusqu’à l’élément primitif, jusqu’à la particule originelle d’où, pensent-ils, tout est parti, et ainsi expliquer le monde en se passant de Dieu. Mais voilà, si la science veut atteindre la dimension zéro, il lui faudra casser et casser encore et encore... Jusqu’où ? Il arrivera un moment où cette matière cédera la place à autre chose. À quoi ? C’est ce que la science matérialiste redoute de découvrir, ce qu’elle a rejeté pendant des siècles.
Les scientifiques de l’infiniment grand, quant à eux, viennent de satelliser des télescopes en orbite autour de la Terre, merveilles de technologie à l’aide desquels ils comptent bien percer le mystère du temps zéro, en captant les vestiges du big-bang, ce fameux point sans dimension et sans âge, qui “explosa” il y a quatorze milliards d’années, en une inflation vertigineuse pour créer l’univers. Mais voilà, si la science veut atteindre le temps zéro, il lui faudra franchir le seuil de la matière, pour affronter le souffle de l’Esprit. Le grand défi qui s’ouvre à l’Homme en ce troisième millénaire est d’oser jeter un œil de l’autre côté du big bang. Qu’y verra-t-il ? À quoi ressemble la Pensée ?
Face à ce double défi, comment se diriger ? La science avance en aveugle, qui pose questions sur questions. Les religions sont devenues des ONG qui ne regardent plus le ciel. “Un jour, disait Albert Schweitzer, viendront les ingénieurs des constructions de l’esprit ; ils uniront l’enseignement de Jésus à ce que nous apprend aujourd’hui la science”.`C’était il y a un demi siècle. Ce jour est-il arrivé ?