vendredi 18 mars 2011

Les enjeux du nucléaire

Les angoisses ressenties par chacun à la suite des accidents de centrales électriques japonaises sont légitimes. Il serait gravement fautif de ne pas en tirer les enseignements techniques. Moins légitime, voire lamentable, est l’attitude de certains qui n’ont pas eu honte de tirer profit de ces drames pour améliorer leurs sondages. Or l’enjeu de l’énergie nucléaire ne se limite pas au confort de quelques Occidentaux déjà nantis, et qui en parlent en ne pensant qu’à eux. Sans doute, ceux-là peuvent-ils renoncer à une part de leur bien-être, mais en quoi cela va-t-il résoudre le problème de l’humanité ? Car l’enjeu de l’énergie est mondial. Il y va de la survie des 9 ou 10 milliards d’êtres humains qui se bousculeront sur la Terre dans quelques dizaines d’années.
Une personne meurt de faim ou de soif toutes les cinq secondes dans le monde. C'est la moitié de la population de l'agglomération parisienne qui disparaît tous les ans ! Et ce malheur touche particulièrement les enfants, les plus vulnérables. L’évolution démographique est exponentielle. La bombe de la famine va éclater dans les prochaines années. La population mondiale s’accroît chaque jour de 200.000 bouches supplémentaires. Il y aura 1,5 milliard d’affamés en 2050 qui nous réclameront de quoi vivre. La foule de nos enfants et de leurs enfants qui se bousculeront sur la Terre à la fin de ce siècle réclamera pour vivre une énergie consommable que ne pourront fournir indéfiniment les combustibles fossiles, pétrole et gaz, accumulés par la nature pendant des millions d’années, et dilapidés en quelques dizaines d’années. Version moderne de la guerre du feu, les hommes s’entre-tueront pour de l’énergie ; pour vaincre la malnutrition ou le manque d’eau potable ; pour construire sur Terre et dans l’espace un cadre de vie à la dimension de l’humanité de demain. 
Car la famine, c’est avant tout un problème d’énergie. L’eau ne manque pas sur Terre, avec laquelle l’on saura produire la nourriture. C’est d’énergie que l’on aura besoin, en quantité et accessible à tous, pour rendre cette eau potable, pour la dessaler et la distribuer, pour cultiver, pour faire tourner des usines, pour produire le nécessaire. Devant les 9 ou 10 milliards d’êtres humains prévus en 2050, nous sommes condamnés à doubler la production mondiale d’énergie.
Ce n’est pas avec quelques éoliennes intermittentes, même plantées en rangs serrés autour du globe, que l’on réglera ce problème. On ne la trouvera pas, cette énergie colossale, ailleurs que dans l’atome ! Les atomes sont les minuscules et innombrables accumulateurs qui stockent en leur sein la formidable dotation originelle d’énergie nécessaire à l’évolution de l’humanité. Il y a dans quelques grammes de matière autant d’énergie que l’on sait en produire en faisant brûler des milliers de tonnes de charbon. Un grain de plutonium offre autant d’énergie qu’une tonne de pétrole ! Si l’on savait récupérer toute l’énergie contenue dans un seul gramme de noyaux atomiques, l’on pourrait faire plusieurs fois le tour du monde dans le plus gros Airbus. 
Saurons-nous utiliser avec sagesse ce colossal gisement quasiment illimité, mis à notre disposition par la Création prévoyante, et dissimulé au fond des noyaux atomiques, au cœur de cette matière dont nous sommes façonnés ? Saurons-nous domestiquer cette énergie afin de construire à notre tour le monde dont nous avons hérité ?
Oui, des accidents peuvent arriver, dramatiques pour les victimes. Mais, fallait-il que l’homme n’inventât pas le feu afin que ne tuent pas les armes du même nom ? Avec l’énergie nucléaire, l’humanité peut en effet s’anéantir. Mais sans elle, elle est sûre de disparaître. Nous avons le devoir d’investir lourdement en recherche pour maîtriser au plus vite ces techniques et les distribuer dans le monde entier.