mardi 10 août 2010

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

On peut lire dans l’excellent magazine Le Point de cet été 2010 les propos du philosophe André Comte-Sponville :
 “La plus grande de toutes (les questions métaphysiques concernant l’origine du monde) reste : Pouquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Question définitivement sans réponse (...). Pourquoi le big bang plutôt que rien ? (...) Pourquoi Dieu plutôt que rien ? On ne répond jamais, on ne fait que déplacer la question…”
Pour ceux que la torpeur de l’été pousse à la méditation, je veux livrer cette piste de réflexion. 
Pourquoi butons-nous sur l’apparent mystère de cette vieille question de Leibnitz ? Parce nous ne pouvons nous extraire du décor du temps et de son espace ; parce nous ne faisons pas l’effort de penser en cinq dimensions. Alors en effet, comment comprendre que “quelque chose” jaillisse de “rien” ? Mais, oû voyons-nous que l’inverse de “quelque chose” est “rien” ? 
La création est un acte qui s’engendre hors du temps, puisque le temps fait à l’évidence partie de la création. (La Genèse ne dit pas autre chose qui décompte le temps au fur et à mesure de ses actes de création : “ce fut le premier jour… le deuxième jour… et ainsi de suite”).
Que peut-être ce monde, considéré en cinq dimensions, sinon le royaume du Tout ; du Tout temporel, avant et après confondus en un instant éternel ; du Tout spatial, ici et ailleurs confondus en un point infini ?
La Création, dès lors, est la vision qui nous est donnée, en séquences successives, dans notre espace-temps à quatre dimensions, d’une vérité totale, qu’en termes de religion nous appelons Dieu. 
La question ci-dessus évoquée est le parfait exemple de cette illusion d’optique, de cette erreur d’observation. En deçà du commencement il n’y a ni quelque chose ni rien. Il y a Tout. Ce quelque chose qui crée mystère, n’est pas issu de rien mais de Tout. Et la question aurait dû être : “Comment aurait-il pu se faire qu’il y eut rien, qu’il n’y eût pas Tout ?”.

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