lundi 16 août 2021

Né de paysans bretons…

Il est un mot qui m’exaspère par la suffisance qu’il exprime : celui d’être "né" ou "née" pour justifier ses souches aristocratiques ! Eh bien, moi aussi, je suis  "né" ! Né de paysans bretons ! Des laboureurs, cultivateurs, couvreurs, forgeons, cuisinières, bonnes de curés, peut-être, ou sacristains… Plus de 100 noms sur 500 ans selon la généalogie remontée ; bien plus  sans doute que la sauvagerie des guerres de religion ne permettent plus de rechercher. Je viens de circuler dans cette Bretagne, aujourd’hui envahie de touristes. Chaque clocher, chaque cimetière, chaque calvaire de ce qui fut jadis la profonde forêt de Brocéliande me renvoie dans le cœur le martèlement des sabots de mes ancêtres qui en foulèrent le sol. J’ai assisté à une messe de l’Assomption sur un piton rocheux où quelqu’un a réalisé, dans les siècles récents, une reproduction de la grotte de Lourdes en remerciement pour quelque bienfait. Le lieu est mystique. Au delà de la piété mariale qui en emplit ce ciel tous les ans, le sol en exhale les élans millénaires de nos aïeux gaulois cherchant en ces sommets à s’approcher du ciel… Je me plais à rêver que, parmi leurs druides, quelque arrière, arrière,…. grand-père y cueillit le gui sur les chênes disparus. De mes ancêtres retrouvés, j’ai conté l’histoire dans un livre (*). Au-delà, le temps s’efface… Mystère !

 (*) https://sites.google.com/site/francaisdesouchevousendeplaise/home

mardi 3 août 2021

L'ordinateur "inventeur"…

Titre de presse (*) : « pour la première fois, une "intelligence artificielle" dépose un brevet ». Celle-ci aurait, en Afrique du Sud, été reconnue comme étant l’inventeur « en toute autonomie » d’un récipient alimentaire conservant la chaleur. Cette façon aguicheuse de personnaliser la machine fait sans doute vendre des journaux, mais de quoi s’agit-il ? On qualifie d’intelligence artificielle une machine qu’on a gavé de tant d’informations, de savoir et de formules, qu’elle est désormais capable de trouver toute seule dans sa mémoire la réponse à une question complexe, sans avoir besoin d’une intelligence externe — naturelle, celle-là — pour la guider dans ses recherches. Pourtant, si vous laissez l’appareil seul dans son coin, il ne lui viendra jamais à "l’esprit" — qu’il n’a pas, d’ailleurs — de chercher à créer ce récipient, et donc de l’inventer. C’est bien qu’il existe quelque chose qui différentie l’intelligence naturelle de la soi-disant intelligence artificielle. Ce quelque chose est  la dimension cachée de l’être humain qui s’exprime depuis son au-delà immatériel, cet indicible qui tente de se faire entendre à travers les mystérieuses particules quantiques constitutives de la créature humaine, et qu'on appelle conscience. Croit-on pouvoir brancher un ordinateur sur l’Au-delà ? L’ordinateur qui gagne au jeu de go ou d'échec sur un adversaire humain, le robot qui trie les ordures mieux et plus vite que la main humaine, le véhicule qui anticipe l'accident et freine plus rapidement et plus fortement que le conducteur, réussissent ces exploits grâce à leur rapidité de calcul fulgurante et à leur capacité de mémoire vertigineuse. Apprendre vite, tout retenir, et comparer toutes les situations en un clin d'œil, voilà la recette de l'intelligence dite artificielle. Mais, est-ce pour autant de "l'intelligence" ? L'ordinateur sera "intelligent" le jour où il sera capable de se poser la question : Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ?

(*) Le Figaro 3/08/2021