dimanche 10 février 2013

Message à Monsieur Jacques Attali

Monsieur, je n’ai pas le plaisir de vous connaître, mais me permettez-vous néanmoins de vous exprimer les sentiments que m’ont inspirés votre récente prise de position pour la suppression des fêtes religieuses dans le calendrier “laïque“. 
Vous faites une erreur fondamentale. La laïcité de l’État en France n’est pas synonyme d’anticléricalisme. Elle ne demande pas d’organiser une vie civile en opposition aux libertés religieuses des Français. La laïcité, c’est au contraire l’affirmation officielle de cette liberté première. La laïcité est le bouclier qui s’oppose à ce que l’État soit confisqué, accaparé, volé par telle ou telle confession de croyants, ou par tel ou tel athéisme de confrérie, au gré des errements politiques. S’il y avait une réflexion contemporaine à mener sur le sujet, elle serait, non pas de supprimer la liberté d’expression de la spiritualité de tous nos concitoyens, mais au contraire d’en faciliter l’accès aux populations que le bouleversement mondial des migrations déracine, hélas.
Monsieur Attali, quel mal vous ont fait les célébrations joyeuses de chaque 15 août, quand nos villages s’assemblent pour chanter autour d’un proche sanctuaire les louanges de Marie, la sainte mère du Christ ? Quel préjudice vous porte la pieuse convivialité des fêtes de famille de vos voisins autour de la première communion de leur enfant avec l’Esprit ? Quelle douleur insupportable provoque en vous la vision d’une crèche, le jour de Noël, au point de vouloir en faire un “Noël laïc (?…)“ ?
Ne seriez-vous pas —  j’en serais sincèrement navré — victime d’un début de ressentiment contre tout ce qui manifeste à vos yeux la sérénité de l’ouverture à l’au-delà qui vous semble refusée ? Je conçois que cette frustration vous soit douloureuse. Mais, je vous assure, il existe des moyens faciles pour s’en affranchir et de bénéficier soi aussi de la richesse d’une pensée qui ne soit plus bornée par un matérialisme obscurantiste, mais s’ouvre à la connaissance d’une autre dimension de l’être humain. J’ai un peu écrit sur le sujet. Cela m’a procuré chaque fois un grand bonheur. L’on a bien voulu me dire qu’au lecteur, aussi, bien souvent, il en était ainsi.
Dès lors vous comprendriez sans effort que les fêtes religieuses font partie de la vie de vos concitoyens, et que les en priver serait une forme d’amputation. Ne pratiquons pas, en France, les méthodes de l’extrémisme d’un autre âge.

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