jeudi 14 février 2013

Mariage gay. Réponse à M. Luc Ferry

Dans une chronique du Figaro de ce jour, vous exposez, Monsieur, votre opinion à propos de la querelle du “mariage gay“ qui agite en ce moment les Français.
Il semble pourtant que vous n’ayez pas parfaitement perçu la pensée de « vos amis chrétiens » et les motifs de leur opposition à laisser dénaturer par la loi le mariage civil — car, Dieu merci, le sacrement religieux du mariage n’est pas concerné, qui en sort d’ailleurs, paradoxalement, grandi —.
Si j’ai bien compris votre démonstration, dans un premier temps, vous déniez au mariage civil toute valeur sacrée, vous appuyant sur l’idée que « la sacralisation cosmique de la nature est une conception qui n’a plus cours ». Vous posez là une vue sur l’Univers qui est aux antipodes de la spiritualité chrétienne. Il n’est pas étonnant, dès lors, que vous ne soyez pas en phase avec “vos amis chrétiens“. Permettez-moi cependant de vous poser cette question :
pourquoi, s’il en est ainsi, faire une cérémonie de mariage, avec écharpe et confettis, avec serment et témoins, et surtout, pourquoi les homosexuels revendiquent-ils de bénéficier aussi de ce qui n’a plus cours ?
Dans un deuxième temps, et sur la même lancée, vous en déduisez que l’homosexualité « n’est pas un désordre » est sa pratique n’est pas « antinaturelle ». Mais, ce n’est pas de l’homosexualité et de ses pratiques qu’il s’agit. Chacun est libre de sa libido, tant qu’elle ne porte pas préjudice aux autres, aux enfants en particulier. Ce que veulent défendre « vos amis chrétiens », c’est leur patrimoine — commun avec vous — de citoyens, lequel comprend aussi l’institution du mariage civil, avec son héritage historique, sa raison d’être et sa capacité à garantir l’avenir. Ceux qui, aujourd’hui, ont la velléité de se l’approprier à des fins personnelles purement ludiques et immédiates commettent une agression que même la majorité politique de l’instant n’autorise pas.
Enfin, et là, c’est énorme, vous concluez : « je ne vois aucune raison, d'interdire à des homosexuels d'accéder au mariage s'ils le souhaitent. Ça ne me retire rien, ne me nuit en rien, ne m'empêchera en rien de me marier à l'église si je le veux ». Est-ce que vous ne seriez pas en train de basculer dans ce discours des “laïcs“ qui dissimule mal un anticléricalisme inavoué, lequel consiste à dire : les religieux, dans leurs églises ; tout le reste pour moi ! La nation française, son histoire et ses institutions appartiennent à tout le monde, et ce n’est pas parce que son État est laïc, ce qui est heureux, que les antireligieux en deviennent propriétaires.
Un mot encore. Nulle part, dans votre propos, vous n’évoquez le souci de la pérennité des générations futures, à laquelle l’institution du mariage ne me paraît quand même pas étrangère.

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