vendredi 15 janvier 2010

Trois cent Français à l'hectare…

À propos de ce sujet d'actualité, il me vient une idée de réflexion.
La France compte environ 65 millions d’habitants, sur un territoire de 655 000 kilomètres carrés, soit, en moyenne, un habitant à l’hectare.
Mais l’on peut aussi lire, sous la plume de Pierre CHAUNU ("L'obscure mémoire de la France"- Perrin - p 64) : “La France doit son sol, sa terre, ses paysages au long pétrissement de la main de 15 à 20 milliards d’hommes (...) qu’ont arrosés tant de sueur, de sang et de larmes”.
La France compte donc entre 230 et 310 habitants, morts, à l’hectare. Pour un Français vivant, 300 Français morts, sur chaque hectare du sol national ! Et, la densité démographique n'étant à l'évidence pas uniforme, on peut dire que dans zones les plus peuplées, les vivants marchent littéralement sur leurs morts. Nos jardins sont des sanctuaires. Si les corps ont une âme, alors la France a une âme.
Larousse définit cette identité comme "le caractère permanent et fondamental d'un groupe, qui a fait son individualité". Voltaire écrit dans son dictionnaire philosophique : "C'est la mémoire qui établit l'identité", et il illustre ce propos par la belle image d'un fleuve "dont toutes les eaux coulent dans un flux perpétuel. C’est le même fleuve par son lit, ses rives, sa source, son embouchure, par tout ce qui n’est pas lui ; mais changeant à tout moment son eau qui constitue son être, il n’y a nulle identité, nulle mêmeté pour ce fleuve".
L’identité nationale en question ne résiderait-elle pas ainsi dans ces vingt milliards de Français qui sont le lit permanent d'une eau éphémère ? Être français, dès lors, ce serait être l’héritier d’un instant, qui s’inscrit dans le cours perpétuel de l’identité nationale, comme passe l’eau dans le lit du fleuve.

1 commentaire:

Anonymous a dit…

Anonyme a dit…
Pourquoi les politiques en charge du sujet, ne disent-ils pas les choses aussi clairement, délicatement, de manière aussi poètique.
Peut-être comprendrait-on?
Merci pour votre clairvoyance.JPC