jeudi 14 janvier 2010

Identité humaine




Débattre de l'identité nationale, c'est bien. Mais si l'on parlait de l'identité humaine ? Car la même interrogation vaut pour l’identité de l’Homme dans la création. Qu'est-ce qu'être Homme ? Qu’en est-il de chacun de nous, quand on sait que notre corps perd 500 000 cellules tous les jours, remplacés par autant de nouvelles ? En une année nous sommes un corps nouveau à 90%. Nous mourons ainsi tous les ans. Et au soir de notre vie, plus une seule des particules élémentaires de notre corps n’est d’origine. Une transfusion totale de matière s’est plusieurs fois opérée. Et pourtant, il semble bien que nous restions nous-mêmes. Alors, il faut bien admettre qu’autre chose nous définit, nous identifie. 
Devant cette question, Voltaire, de nouveau, rapporte ces belles lignes de Lucrèce qui décrit la crainte de l’homme devant la mort, « comme si n’étant plus, il pouvait être encore ». 
Le merveilleux de l'être humain n’est pas dans la matérialité de ces poussières innombrables qui font et refont maintes fois le corps, puis se lassent. Il est dans les interactions de ces particules, qui engendrent un pouvoir d’agir commun infiniment supérieur à la seule addition des pouvoirs de chacune. Comme ces hologrammes dont chaque parcelle peut restituer l’ensemble de l'image, chaque particule de notre corps porte en elle le savoir et la mémoire des autres, de toutes les autres. Chacune transcende la goutte d’eau qui fait le flot, pour s’exprimer dans la mémoire du temps zéro, ce point sans dimension qui contenait le Tout. 
Alors, chaque être humain, monceau de particules lui-même, porte ainsi en lui le souvenir de l’avant et la connaissance de l’après. Chaque homme exprime l’humanité entière, d’hier et de demain.
Si tu comprends cela, cher lecteur, tu retrouveras ta place pleine et entière dans ce monde qui t’inquiète. Tu es un relais indispensable dans le long fleuve de la vie, ici-bas. Pas un être créé n’est inutile ni accessoire. Regarde l’autre en pensant qu’en lui aussi il y a le Tout.

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