vendredi 15 mars 2013

Élection et démocratie


   Un milliard deux cents millions de catholiques ont un nouveau pape depuis quarante-huit heures. Connaissez-vous un seul d’entre eux qui manifeste son opposition à ce choix ? Voilà une élection qui, non seulement recueille l’adhésion de l’unanimité des fidèles concernés, mais entraîne déjà dans le sillage de l’élu la communion de pensée et la mobilisation d’action de tout le peuple catholique. N’est-ce pas  un miracle ?
Soixante-dix millions de Français ont un nouveau président depuis huit mois. Le soir de l’élection, la moitié des citoyens concernés étaient hostiles à ce choix. Huit mois après, seulement, c’est deux tiers d’entre eux qui manifestent leur opposition. Et sur le tiers restant, combien sont mobilisés ? N’est-ce pas un constat d’échec ? 
Oh ! J’entends déjà les protestations : ce n’est pas pareil ! Non, et c’est bien tout le problème… Il y a au moins deux différences essentielles :

1 - Imaginez un instant que le pape soit élu, lui aussi, au suffrage universel des catholiques. Après tout, avec les moyens modernes de communication et d’informatique, la chose devrait être techniquement possible. Oh ! Il doit bien se trouver, plus probablement d’ailleurs, chez les non-catholiques non concernés que chez les fidèles, des adeptes de ce système : “égalité, démocratie directe, etc.“. Et que les médias seraient heureux, alors, qui pourraient jouer à faire les rois et les défaire, uniquement pour faire de l’audience pour placer la pub ! À quel beau spectacle n’assisterions-nous pas aujourd’hui, d’un catholicisme en morceaux ? Seulement, voilà ! Un milliard deux cents millions de catholiques s’en remettent, pour la circonstance, en toute confiance, à une centaine d’entre eux, une centaine seulement que l’on peut qualifier d’ultra-sages. Il faut avoir approché, conversé un peu avec tel ou tel de ces cardinaux pour savoir que le titre prestigieux d’Éminence qui leur est réservé n’est pas usurpé. S’exprime en chacun d’eux l’exhaustivité de la nature humaine qui transcende la poussière dans la dimension de l’esprit. Il n’est pas étonnant, dès lors, que celui d’entre eux qui reçoit ainsi la dignité papale confine à l’au-delà.
L’élection du Président de la République, en France, a sombré dans le travers égalitaire avec le suffrage universel qui arase tout le monde au niveau le plus bas. N’existe-t-il donc pas dans ce pays aussi quelques “ultra-sages“, détachés des contingences de la politique, de l’argent, de l’orgueil, dans lesquels un peuple uni mettrait sa confiance pour désigner le meilleur ?
2 - La seconde différence est que le peuple catholique est un peuple de foi. Sa pensée ne se limite pas à la condition matérielle de son environnement “planétaire“. Son histoire s’inscrit dans le prolongement d’un événement divin. Sa marche est un cheminement de retour vers cet au-delà.
Mais la France ? N’y a-t-il pas aussi dans son histoire quelque grandeur que ne reflètent guère les manigances sordides du suffrage universel ? Son destin ne serait-il pas plus lisible si l’on n’avait pas abattu ses basiliques pour construire aujourd’hui des salles de  shoot ? Qu’on ne s’étonne pas alors, qu’une parodie d’élection aboutisse à une parodie de président.

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