vendredi 10 février 2023

La vie est un combat. L’arme gagnante


Ma jeunesse est sortie de la deuxième, et j’espère seconde, guerre mondiale qui ne laissa aucune famille sans ses morts militaires ou civils, au front ou sous les bombes. Alors, oui, pour ma génération et celle de mes parents, la vie n’avait d’autre visage que le celui d’un combat. Mes grands-parents et ancêtres connurent d’autres guerres qui virent les pères partir, et ne pas revenir, qui virent les veuves empoigner la charrue. Oui, pour eux aussi, la vie fut un combat. Mes aïeux, aussi loin que je peux remonter, en plus d’autres guerres, de révolutions, de massacres en tous genres, connurent les famines qui ne leur laissaient que les fougères et les orties pour nourrir leurs enfants. Pour eux aussi, la vie était un perpétuel combat. La célèbre peinture de l’angélus par  Millet qui décora mon enfance a imprimé dans mes neurones cette éternelle image de la vie : la prière au travail dans le combat quotidien.
Aujourd’hui, on voudrait que la vie fût une jouissance avec assistance ! Et s’il y a des malheureux, eh bien ! c’est la faute à l’assistance ! Je me demande si. dans ce basculement de notre société dans l’assistanat généralisé, quelque chose n’a pas sombré qui faisait l’ossature morale de notre peuple. Car le combat de la vie n’a pas pour seuls ennemis les forces du mal extérieures. Il doit aussi faire face aux maux qui ruinent de l’intérieur la personne humaine, que sont la paresse, la fuite, le mensonge, le déshonneur. 
Mais alors, comment sortir vainqueur de ce combat ? Le vainqueur est celui qui garde la tête haute, même s’il est la victime. Entre le voyageur dépouillé au bord du chemin. et les voleurs enfuis, qui garde la tête haute ?
Mes enfants et moi-même avons connu ce combat qui vit la mise à mort et le dépeçage d’une entreprise. De cette curée, qui sortit la tête haute ? Est-ce le banquier qui, en refusant d’apporter son concours temporaire de trésorerie à une entreprise qui ne présentait aucun risque financier, mais avait comme seul tort d’être étranger à certains réseaux, signa l’arrêt de mort ? Est-ce la pauvre clique des éternels aigris qui, en répandant leur fiel parmi les investisseurs, rendirent toute solution impossible ? Est-ce l’autorité publique qui, plutôt que de laisser les opérateurs en place, qui n’avaient rien à se reprocher, terminer le programme, firent appel à un personnage qui sera, plus tard, mis en examen ? 
La vieillesse apporte une étrange sensation. Celle d’entrevoir sourdement, au tréfonds de sa carcasse de chair, l’écho d’un autre soi-même, qui fait fi du temps et de l’espace. Il semble bien que l’homme de chair soit la matérialisation temporaire d’une Pensée, elle-même image de l’Esprit. C’est cette Pensée qui sauve. Il faut s’enfoncer au tréfonds de son infiniment petit qui, seul, ouvre l’immatériel de la Pensée qui vibre en chacun de nous, pour qui sait l’entendre. Cette introspection s’appelle la prière. La force de la prière est l’arme gagnante dans le combat de la vie. Alors le temporel s’ouvre à l’éternité. Elle nous fait entrer dans le secret de notre autre vérité, et nous dévoile, l’espace d’un instant, les bienfaits de sa bénédiction.

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