lundi 13 février 2023

De "l'intelligence" artificielle, à nouveau.

La lecture d’un texte sur Internet vantant les mérites de la fameuse « IA »m’amène à quelques réflexions. Je n’en citerai cependant pas les auteurs, ne souhaitant nullement leur faire le moindre tort.

La première ligne du texte définit ainsi "l'intelligence artificielle" : « une forme d’intelligence technologique équivalente à l’intelligence humaine ».

Tout est dit ! Il n'est même plus nécessaire d'en discuter… L'art de la démonstration est, pour certains, de commencer par la conclusion posée en postulat. Il fut un temps où ce procédé valait un zéro au lycée. Non ! Il n'y a pas plusieurs formes d'intelligence ! Et celle dont il est question n'est pas équivalente à l'intelligence humaine !

Plus loin, on lit : « l’intelligence artificielle, comme l’intelligence humaine, fonctionne grâce à l’interconnexion d’un réseau de neurones ». Eh bien non ! L'intelligence humaine n'est pas seulement l'affaire des neurones. Tant s'en faut ! Et c'est là tout le problème. C’est faire fi de la dimension transcendante de la créature humaine. Excusez du peu ! On peut souscrire à cette vision de l'être humain, ou la contester, mais en ignorer le sujet est aller un peu vite en besogne.

Commençons par la forme :

L'article cite quelque part « le savoir de l’intelligence artificielle ». mais, l’intelligence ne se définit pas comme un savoir ! Le Littré, autant que le dictionnaire de l'Académie définissent l'intelligence comme « la faculté de comprendre ». Pas celle de savoir ! C’est la cognition qui est la faculté de savoir. Certes, les dictionnaires commerciaux confondent volontiers les deux concepts dans leurs trop nombreux synonymes. Mais, pour une réelle révolution intellectuelle que veulent faire, à juste raison d'ailleurs, les promoteurs de ces technologies du futur, l'usage du bon vocabulaire est un préalable minimum. Aucun raisonnement ne tient dans un langage approximatif ! 

Voilà comment ce vocable malheureux d'intelligence débouche directement sur une impasse : la machine est-elle capable de "comprendre" ce qu'elle énonce, c'est-à-dire, toujours selon le Littré, « de saisir par l'esprit » ? La machine a-t-elle un "esprit" ?

Quant au fond :

Comparer la soi-disant intelligence artificielle à l'intelligence humaine exige d'abord qu'on se mette d'accord sur le concept d'être humain. Il y a deux options :

Ou bien l'homme n'est que de la chimie, assemblage de carbone, d’oxygène, d’hydrogène, d’azote, de phosphore, de soufre, et rien de plus, comme l'enseigne une certaine science positiviste farouche. Alors, son intelligence ne peut être également que la manifestation d'électrons circulant dans sa chair. Le problème de l'intelligence artificielle n'existe plus. L'homme n'est rien de plus qu'une machine un peu molle. Que le meilleur gagne !

Ou bien l'on concède à l'homme une cinquième dimension de réalité qui transcende le temps, l'espace et la matière pour lui ouvrir l'univers de l'Esprit dont il est l'image éphémère. L'intelligence dévoile dès lors sa vraie nature : le message de cet Au-delà, qui ne tourne pas en boucle dans les neurones, mais s'entend comme un écho au fin fond des milliards de particules dont la chair est construite. C’est ce message extramuros qui déclenche à notre insu "l'intelligence" du comportement humain. Alors, il faut se rendre à l'évidence : la machine n'est pas connectée avec cet Au-delà. Son "intelligence" n'a rien à voir avec l'intelligence humaine. Si "l'intelligence artificielle" était "intelligence", elle découvrirait toute seule qu'elle n'est pas "intelligence"…

Pour autant, faut-il rejeter ces recherches technologiques ambitieuses ? Certainement pas ! Elles entrent de plain-pied dans le génie humain, et ouvrent sans doute une ère nouvelle du cogito de Descartes. Simplement, peut-être aurait-on été mieux inspiré de parler, par exemple, de “savoir artificiel", plutôt que "d'intelligence artificielle". Tout l'article serait devenu limpide : « une forme de savoir technologique équivalente au savoir humain » ou encore : « le savoir artificiel, comme le savoir humaine, fonctionne grâce à l’interconnexion d’un réseau de neurones » etc. Mais, évidemment, c'est une formulation moins marchande.


 

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