Or, les sciences cognitives connaissent mieux depuis une vingtaine d’années le fonctionnement du cerveau qui ingurgitera de telles vidéo. L’œil reçoit quantité d’informations superposées qu’il transmet au cerveau. La plus grande partie en seront traitées par les milliards de neurones du cortex de manière "automatique", avant d’atteindre le niveau de la conscience. Si vous posez le doigt sur la plaque de cuisson, votre cerveau donnera immédiatement l’ordre de le retirer avant que vous n’ayez pris conscience que vous vous brûlez. Mais le cerveau fait aussi le tri dans cet afflux d’informations. Seules quelques unes atteindront ce que l’on appelle la conscience, les autres ne seront jamais "vues" par l’observateur. Ainsi, une seule image de cinéma d’une quarantaine de millisecondes incluse dans une séquence sera bien saisie par l’œil et traitée par le cortex, mais n’atteindra jamais le stade de la conscience. On l’appelle subliminale, c’est à dire "en deçà du seuil de conscience". Si je glisse plusieurs très courtes photos de choucroute dans ma vidéo qui vous parle de la pluie et du beau temps, vous aurez tout à coup envie de manger une choucroute, sans savoir d’où cela vous vient.
On imagine le parti qui peut en être tiré aujourd’hui par la faune de politiciens, faiseurs d’opinions et mercantis de tous poils, pour manipuler les cerveaux à volonté. Certes, le phénomène n’est pas nouveau pour la télé d’État. Déjà, il y a quarante ans, les images subliminales avaient fait polémique pour l’élection présidentielle. Le scandale avait été vite étouffé, mais n’imaginons pas que, depuis, les opérateurs aient été touchés par la grâce, et se soient interdit ces procédés peu honorables, même si des moyens techniques permettent maintenant de les déceler. Quant aux médias nouveaux que sont les réseaux sociaux, on ne voit pas pourquoi ils seraient épargnés par ce virus de la manipulation par l'image.
Autre chose est la communication par l’écriture. Là, pas de manipulation possible. L’auteur d'un texte ne peut qu’y exprimer sa pensée, avec talent ou maladroitement, c’est selon, mais nul ne peut tricher avec les mots. Voilà pourquoi, sur les réseaux sociaux, je ne m’intéresse qu’aux textes écrits, en écris mol-même, et ne regarde jamais les vidéos ni n’en produis.
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