samedi 8 octobre 2022

Le roman artificiel

Les nouvelles technologies fondées sur l'utilisation d'ordinateurs de plus en plus puissants vont permettre bientôt, si ce n'est déjà, de demander à la machine de rédiger elle-même un roman. Il suffira pour cela de lui faire ingurgiter de force des milliers d'œuvres littéraires de référence, puis de lui demander d'écrire un roman d'amour en deux cents pages qui se passe à tel endroit, le tout à la manière de tel écrivain à succès.

La mode veut que l'on appelle cela "intelligence artificielle". Je crois que l'on a sombré, au contraire, dans le puits sans fond de la non-intelligence. Car, l'intelligence n'a rien à voir avec la performance électronique d'une machine. L'intelligence est spécificité de la personne humaine, don à la créature qui trouve sa source dans l'immatérialité de l'être. C'est cette intelligence-là, naturelle, voire surnaturelle, que l'écrivain tente de transmettre par sa plume, comme le compositeur le fait avec les notes, et l'artiste avec son pinceau. La machine n'y aura jamais accès. 

Par ailleurs, s'ouvre avec ces techniques l'épineuse question des droits d'auteur. Quel droit aurait le commanditaire d'une telle construction préfabriquée de s'en prétendre l'auteur ? Où serait, dans cette suite de mots arrangés par la machine, la pensée de l'auteur, c'est-à-dire son intelligence ?

Les écrivains crient au plagiat. Les éditeurs montent aux créneaux. Les lecteurs choisiront ce qu'ils veulent consommer. Ou bien l'artifice de l'intelligence électronique retombera tout seul comme une mauvaise mayonnaise, ou bien l'intelligence humaine est décidément en voie de disparition. 

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