lundi 16 novembre 2020

"Ceci est mon corps…"


La messe n’est ni un spectacle, ni un repas. Le sacrement de l’Eucharistie ne se dissocie pas. Le miracle, chaque fois renouvelé, de la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin rend nécessaire la participation active et conjointe du prêtre officiant, et du fidèle communiant. Organiser l’un sans l’autre, c’est attenter à la liberté de culte.


On ne peut pas comprendre ce mystère si l’on n’entre pas pleinement dans le triptyque sacré de la Cène. Trois paroles majeures de Jésus fondent définitivement le christianisme :

  • 1°) « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».
  • 2°) « Prenez et mangez (buvez)-en tous ».
  • 3°) «  Vous ferez cela en mémoire de moi ».

1°) À qui s’adresse Jésus ? À l’évidence, pas seulement à ses douze disciples. Toute la vie publique du Christ est tournée vers l’humanité entière. Ce n’est pas au seuil de la mort terrestre qu’il va restreindre son propos à ses amis proches. Son ambition n’était pas de bâtir son Église pour le temps de vie des apôtres. Donc, c'est face au monde entier présent et futur, que, par l’expression d’une volonté divine : « ceci est mon corps, ceci est mon sang », il réalise une le miracle de s’identifier à la nourriture qu’il va partager, et ainsi d’entrer, par elle, dans le corps de chacun des douze qui deviendront ainsi un peu de lui. Pourquoi fait-il cela ? Pour se dupliquer dans les douze personnes présentes afin qu’après sa mort, qu’il sait imminente, son œuvre continue. Pour signifier également que, si la nourriture sert à alimenter la vie d’ici-bas, cette vie n’est que la vision qui nous est offerte d’une autre vie qui, elle, immatérielle, spirituelle, a comme nourriture lui-même, le Christ, Esprit du Père. Si l’on réfute ce miracle immense, prodigieux qui eut lieu voici deux mille ans, rie du reste n’a de sens.

2°) Mais, pour que le miracle ait lieu, il faut que chacun des présents accepte de revêtir de sa peau le corps du Christ entré en lui. Le miracle est interactif. Jésus ne force personne à être son disciple, mais il pose clairement la condition de réussite : si vous voulez être mon disciple, « prenez et mangez ». Et, ce commandement, à travers les douze, c’est au monde entier qu’il le donne. Sans cette deuxième parole, la première devenait sans effet.

3°) Voilà donc douze apôtres, nourris jusqu’au tréfonds de leur être par la personne de Jésus entrée en eux, et en mesure, dès lors, d’aller à travers le monde répandre la parole du Christ, mais aussi munis du pouvoir de sauver les corps et les âmes. Or, ces apôtres mourront un jour ! Et Jésus sait qu’ils seront tous martyrs de leur engagement. Il lui faut donc organiser l’avenir. Ici entre en jeu le troisième volet du triptyque : Jésus révèle à ses douze apôtres qu’en acceptant sa présence en eux, ils ont aussi acquis le pouvoir de transférer à leur tour cette présence divine à leurs successeurs, et ainsi de suite. « Vous ferez cela en mémoire de moi » ne veut pas dire « vous mangerez ce pain en mémoire de moi », mais « le pain et le vin que vous offrirez à votre tour sera encore et toujours mon corps et mon sang ». 

Formidable découverte qui nous fait comprendre tout-à-coup ce qui se passe quand le prêtre consacre la sainte Hostie : il réitère ce que jésus a fait il y a deux millénaires, grâce au pouvoir qui lui en a été transmis au fil des siècles par la volonté du Christ. Oui !  l’Hostie consacrée aujourd'hui reste toujours et encore le corps du Christ !

Ainsi sont les trois paroles fondatrices de l’Église du Christ. 

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