jeudi 27 juillet 2017

Français de souche


Je lis, dans le dictionnaire de l'Académie française cette définition du mot race : "Se dit aussi d'un groupe d'individus qui se distingue d'autres groupes par un ensemble de caractères biologiques et psychologiques dont on attribue la constance, non pas à l'action du milieu, mais à une lointaine hérédité. La race caucasienne. La race mongole. La race juive. Une race pure. Une race métissée".
Donc, il y a des races. Ouf ! On avait fini par croire que cela n'existait pas. Je me demandais, en effet, depuis un certain temps, comment on pouvait définir un juif, par exemple, en s'affranchissant du concept de race. Ceci étant, il est vrai qu'aujourd'hui, le brassage de l'humanité fait que lesdites races sont en train de se métisser, sauf celles pour lesquelles le sentiment d'appartenance quasi religieux est si fort qu'elles s'autoprotègent contre cette dilution. Certains, aimant remplacer les mots par d'autres pour se donner l'illusion d'un progrès, ont rendu incorrect le mot race, se contraignant à en trouver un autre. On parle dès lors de souche. Voilà qui change tout ! Donc, il y a des souches ! Pour autant, parler de Français de souche est en effet infondé. Il faudrait parler de Français de souches (au pluriel), car les souches en question sont bien antérieures à la création du territoire national. Si l'on veut trouver un dénominateur commun aux Français contemporains, ce n'est donc peut-être pas dans la notion de souche ou de race qu'il faut le chercher, mais autour du concept beaucoup plus clair d'Histoire. À Français de souche, je préfère le terme de Français historique. Des Français dont l'hérédité, pour reprendre le mot du dictionnaire, s'enfonce dans une histoire suffisamment profonde pour se distinguer du seul label de Français administratif.
Il se trouve que je suis né en Bretagne ; que mon père et ma mère y sont nés ; que mes quatre grands-parents y sont nés et y ont vécu ; et qu’avant eux je peux remonter, noms à l’appui, onze générations d’ancêtres bretons jusqu’au milieu du XVIe siècle, époque qui vit l’annexion du Duché de Bretagne par le roi de France. Avant, je ne sais rien, car les archives ont été détruites lors des guerres de religion, mais on imagine mal que mes deux mille aïeux de l’époque, qui m’ont légué sans le savoir un peu de leur ADN, soient tous tombés du ciel ou issus de l’immigration.
Ceci, Messieurs les censeurs, me donne-t-il le droit de me prétendre Breton de souche ? Et Français de souche par extension, puisque la Bretagne est devenue française ? Supposons que oui. Dès lors, qu’est-ce qui me fournit ce label ? Ma naissance en Bretagne ? Mais, si j’étais né à Strasbourg au gré des affectations militaires de mon père, pourrais-je me prétendre Alsacien ? Certes non ! Il faut donc bien d’autres critères pour revendiquer une souche : un sol, sans doute, mais aussi des ancêtres sur ledit sol. Reste la question : à partir de combien de générations sur un même sol peut-on prétendre à une souche ?
On dit que tous les Français sont des immigrés. Oui, un jour, forcément, ils l'ont été ! En ce qui me concerne, cela semble remonter au VIe ou VIIe siècle, quand les populations celtiques de l'île de Bretagne émigrèrent en Armorique, chassés par les invasions des Angles et des Saxons. Ces immigrés-là s'intégrèrent aux indigènes bretons, descendants eux aussi des migrations celtes d'Europe centrale, cinq siècles avant Jésus-Christ. La plus ancienne grand-mère, issue de ces deux souches d'aïeux, que j'aie retrouvée aurait près de 500 ans aujourd'hui. Onze générations ont ensuite conduit ses gènes bretons jusqu'à moi. Cela ne vous suffit pas, comme souche ? J'en ai fait un livre :
https://sites.google.com/site/idfranceloire/catalogue/bernard-huet-francais-de-souche


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