samedi 2 avril 2016

Grandeur et servitude de l'art littéraire.

Si l'écriture est le vecteur de la pensée, la lecture en est le véhicule. Car, l'écriture n'a d'utilité qu'associée à la lecture. Or, cette dernière est une discipline bien capricieuse. Un jardin fleuri pourra offrir au regard ses multiples nuances de couleurs chatoyantes, tel visiteur dira qu'il est rougeoyant, tel autre qu'il bien vert, selon que celui-là y aura vu des fleurs, ou que celui-ci ne les aura pas remarquées. La lecture réduit de la même façon l'œuvre écrite, et la dénature involontairement. Pire ! un même lecteur y verra l'inverse de ce qu'il en a tiré une première fois, s'il en reprend la lecture plus tard ! C'est dire que, si ladite lecture doit à son tour être écrite pour être lue, tel un article de presse, ce dernier n'aura plus beaucoup de rapport avec l'original ! Chacun, finalement, ne sait lire qu'à l'éclairage de ses présupposés du moment. Dès lors, pour embrasser toute la pensée de l'auteur d'un texte, il est nécessaire de le relire plusieurs fois, puis d'en parler autour de soi, et seulement alors de faire la synthèse de tout cela, en tout cas pour les ouvrages qui ont quelque chose à exprimer ! On comprend que beaucoup se détournent de la lecture, et préfèrent véhiculer la pensée préfabriquée servie en images à heures fixes.

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