jeudi 1 janvier 2015

2015

— 1er janvier 2015, 6 h 30, debout comme d’habitude. Je n’ai jamais fêté le Premier de l’an, parce que je n’ai toujours pas compris ce que j’aurais commémoré. Car, enfin, que se passe-t-il tous les ans, ce jour-là qui justifie pareille liesse planétaire ? Tout le monde ne s’appelle pas Sylvestre. Tout le monde n’est pas né dans la nuit. Les astres du ciel n’ont pas cessé de tourner à minuit. Les électrons de mon écran n’ont pas sauté d’orbite. La nature est en sommeil pour l’hiver, sauf les corbeaux qui continuent leur vacarme. Rien, décidément, du plus petit au plus grand de l’Univers, ne marque cet instant. Il est l’exemple même du non-évènement. Et pourtant, on s’y enivre.
— Mais, direz-vous, on change d’année !
— La belle affaire ! Alors, vous fêtez le tour complet du Soleil par notre Terre. Mais, cela se produit tous les jours. Tous les jours la Terre a un an de plus que l’année dernière… À peu près, d’ailleurs, car le tour complet n’est pas un chiffre rond de jours. Alors, pourquoi festoyer cette nuit-là, plutôt que l’une des 364 autres ?
— Parce qu’on change de millésime.
— Ainsi, vous vous festoyez pour de la comptabilité ? Pire, pour l’arithmétique !
— Quand-même, l’an 2000 fut évènement !
— C’était 2001, l’évènement comptable, c’est à dire 2000 ans écoulés depuis l’an 1. Mais, nous étions si pressés de festoyer ! De plus, nous en fîmes un évènement de ce chiffre rond parce que nous avons dix doigts. Que la nature ne nous en ait attribué que trois à chaque main — pourquoi pas ? — nous compterions vraisemblablement en base 6, et entrerions aujourd’hui dans l’année 13155. C’est en 1944 que nous aurions pu fêter l’an 13000 tout rond. Pour le prochain, 14000, il nous faudrait attendre l’an 2160 de notre numérotation.
— Bof ! On fait la fête, un point c’est tout.
— Vous avez raison, et je vous souhaite finalement une très bonne et heureuse année 011111011110 en base deux…

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