mardi 15 octobre 2013

"Notre-Père", nouvelle version.


L’affaire paraîtra futile aux beaux esprits qui ne voient pas plus loin que le bout de leur matière. Et pourtant ! Le Vatican va autoriser une nouvelle traduction de la prière universelle des chrétiens qui remplacera « ne nous soumets pas à la tentation » par « ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Cette version postconciliaire aujourd’hui en usage m’a toujours gêné. Quelle audace, que de prier Dieu afin qu’il nous exempte  de la tentation du mal ! « Ne nous soumets pas à la tentation » ! Le Christ lui-même fut soumis à la tentation ; et il la repoussa. De quel droit prétendrions-nous en être dispensés ? 
La vérité est que Dieu ne nous soumet à rien. Il nous offre le bien. À nous de nous en servir. Mais, si nous refusons de faire ce bien, alors nous créons nous-mêmes le mal, l’absence de bien. On entend ceux-là dire que « s’il y avait un Dieu, il n’y aurait pas tout ce mal sur Terre ». Mais, s’il y a le mal, c’est notre faute, pas celle de Dieu !  
La prière de ma jeunesse demandait au contraire que Dieu ne nous laissât pas « succomber » à cette tentation de fuir le bien. C’était un engagement d’une autre vigueur. La différence est fondamentale. Dans cette version ancienne, nous demandions la force de nous battre. Dans la version moderne, nous demandons le privilège de la paresse. Il est vrai qu'au milieu des années soixante, c’était le signe des temps. On sait ce qu’il en advint.
Si l’on revient enfin à l’acception originelle du Pater Noster, et si les chrétiens qui le formulent en mesurent le sens profond, alors on aura corrigé une grande erreur qui va bien au-delà du seul aspect sémantique.

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