dimanche 1 septembre 2013

Le titre d'un livre…


Le titre que j’ai donné à mon ouvrage récent “Capitaine de La Garde“ est-il le meilleur ? 
Il livre le témoignage autobiographique, jusqu’alors inédit, d’un officier de Gendarmerie, mon père, appelé contre son gré, en 1941 et 42, à commander La Garde personnelle du maréchal Pétain à Vichy. Il montre qu’en cette époque douloureuse de sauve-qui-peut, des hommes ont pu rester à la tâche dans l’honneur, et réplique ainsi à la dictature de la pensée savamment orchestrée aujourd’hui par quelques-uns.
J’aurais pu appeler ce livre “l’honneur d’un capitaine“, mais le titre a déjà été utilisé maintes fois. J’aurais aussi pu choisir “l’honneur d’un commandant“, car à la suite des faits rapportés, l’homme fut promu commandant. 
Or voilà que l’actualité s’empare d’un autre événement qu’il convient en effet de saluer avec respect, le décès du commandant Hélie de Saint Marc. Alors le vocable “honneur d’un commandant“ se répand dans la presse. Imaginons un instant qu’il eût fait le titre de mon livre ; que des lecteurs influencés par cette actualité médiatisée l’eussent acheté. Ils y auraient trouvé l’histoire d’un autre homme. Nul doute que nombre d’entre eux — défense du consommateur aidant — se seraient sentis trompés, auraient crié à l’escroquerie, auraient peut-être fait procès…
Mes lecteurs me font massivement l’éloge de mon ouvrage. Mais, ils ne sont que l’élite ; ceux qui s’intéressent au contenu et non à l’emballage. Car le livre est devenu un bien de consommation. L’auteur qui veut “vendre“ doit fabriquer ce que le “marché“ attend. Voilà ce que l’Édition contemporaine a fait de la littérature ! Des prix sont décernés, ici et là, pour des livres écrits par des nègres, parce que leur titre et leur pseudo-auteur se vendront bien. 
Imagine-t-on un artiste se pliant à produire ce que la foule demande ? L’esthète éclairé regarde-t-il le titre d’une toile avant d’en recevoir le message pictural , la pensée qu’elle exprime ? La littérature n’est-elle pas un art ? Le titre d’une œuvre est-il plus important que l’œuvre ?

Aucun commentaire: