jeudi 19 septembre 2013

La France est gouvernée au hasard


Il parait que Monsieur Bayrou est de nouveau dans l’opposition, après qu’il a voté et appelé à voter pour l’actuel Président de la République, et ce au motif que ce dernier n’a pas tenu ses engagements. Ainsi, Monsieur Bayrou n’a pas vu en temps utile que ce candidat-là ne tiendrait évidemment pas ses engagements ? Il n’a pas vu que ses promesses électorales étaient irréalistes ? Il n’a pas vu que le personnage n’était pas fiable ? Il n’a pas vu que son équipe était incompétente ? On peut comprendre qu’une certaine population peu apte à la réflexion politique et trop influençable par des médias intéressés fassent cette erreur, en trop grand nombre toutefois. Mais, quelqu’un qui se veut leader politique a-t-il droit à une pareille bévue ? 
Le vrai scandale français, aujourd’hui, n’est pas que ce président-là soit mauvais, mais qu’il ait été élu ! Alors, il est peut-être temps de s’interroger sur l’absurdité du système électoral français qui, depuis quarante ans, livre la France au bon vouloir du hasard. Car, a-t-on remarqué qu’à chaque fois le Président désigné l’est par un petit poil qui s’ajoute, d’un côté ou de l’autre, aux cinquante pour cent fatidiques ? Et c’est ce petit poil, marginal et qui ne représente aucune tendance nationale, qui décide finalement du sort de notre quotidien et de celui de nos enfants pendant cinq ans et plus car, trop souvent, des disposition néfastes prises engagent l’avenir durablement.  Ce petit poil, c’est un détail qui peut le déterminer. Ce peut être la dernière intervention télévisée de l’un ou l’autre des challengers, réussie ou ratée. Ce peut être un comportement, une attitude, un nœud de cravate qui déplaît. Ce peut être le temps qu’il fait le jour du scrutin. En un mot, c’est le hasard. Ainsi la France est gouvernée au hasard. On pourrait faire l’économie du second tour en tirant à la courte paille entre les deux finalistes, le résultat serait le même. 
Alors, quand une charrette est est ainsi tiré tantôt à hue, tantôt à dia, au gré du hasard, il ne faut pas s’étonner qu’elle finisse au fossé, comme la France aujourd’hui. On entend souvent dire qu’il faudrait ajouter au système électoral une dose de proportionnelle, une dose de ceci, une dose de cela. C’est une dose, une grosse dose d’intelligence qu’il faudrait lui apporter. 
Jadis, le pays était gouverné par les combinaisons d’une caste politique qui laissait à l’écart la volonté populaire. De Gaulle a voulu y remédier en mettant au centre du jeu le citoyen. L’intention était louable. Mais, le temps passant, et la maturité politique citoyenne ne s’améliorant pas, le pouvoir médiatique tentaculaire et insidieux a transformé ce qui aurait dû être un débat d’idées, d’opinions réfléchies, en un jeu télévisé comme une élection de miss. Cela occupe un dimanche, on passe une bonne soirée télé, et après on se plaint des élus. 
Je ne sais dans quel état la charrette France sortira du présent quinquennat. Mais si elle en sort, il faudra d’urgence adapter les règles du jeu démocratiques aux conditions nationales et mondiales modernes.

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