dimanche 11 août 2013

Souvenirs…


Pourquoi ne puis-je respirer l’odeur du cheval sans sombrer aussitôt dans la nostalgie des fermes d’antan ? L’atavisme des paysans bretons dont je suis issu a-t-il imprégné à ce point mon sang, les cellules, les atomes, les particules de mon corps, pour que l’odeur retrouvée du cheval relance ainsi dans mon inconscient le film d’un passé disparu ? Les odeurs sont les messagers les plus fidèles de la mémoire. Elles ne trompent pas. Elles voyagent en formation, déversant tour à tour l’âpreté du foin qu’on descendait dans le râtelier, la sensualité du grain qu’on stockait dans le grenier, l’enivrante acidité du cidre qu’on laissait échapper de la barrique, la doucereuse aigreur du lait qu’on déversait dans l’écrémeuse. Hélas, je ne reverrai plus ces lieux d’enfance. Fermes détruites ou transformées en habitations sans âme. Le galop du temps a tout emporté. Restent les odeurs… 
La généalogie m'a appris près de cinq siècles de souches bretonnes, sur onze générations, jusqu'à l'annexion de la Bretagne par la France. J'en ai fait un livre : "Français de souche, ne vous en déplaise".

1 commentaire:

CHTOPHE a dit…

C'est une vraie madeleine de Proust que cette odeur.
Moi aussi, je vibre et je sens le bonheur à l'odeur du cheval, peut-être non comme toi, car mes parents n'avaient pas de ferme, si ce n'est pour une maison de campagne moderne, mais sans doute parce que toi, mon admirable père, m'a initié à l'équitation et à l'amour de cette "plus belle conquête de l'homme".
Alors chaque fois, que je monte à cheval, ou que j'approche une écurie, je pense à toi. Je pense aussi à ton père, mon grand-père inconnu et dont j'ai le bonheur de posséder les bottes équestres, que tu portas toi aussi.
Je sais désormais que ce bonheur vient de plus loin, de mon arrière grand-père, ton grand-père fermier breton, fier et amoureux de son "Peuchard".
Ainsi est la France que j'espère jamais nous ne perdrons, pour le bonheur de nos enfants.