vendredi 19 janvier 2024

"Euthanazie"


Ils sont bien jeunes, ceux qui prétendent légiférer sur la fin de vie... Oh ! Bien sûr ! On peut, hélas, mourir jeune. Mais, si l'on demandait aussi aux vieux ce qu'ils en pensent ? J'en fais partie...

Puis-je citer un cas personnel ? Mon frère, plus âgé que moi, souffrait de son cancer en phase finale, sur son lit d'hôpital. La morphine n'agissait plus. Le médecin, conscient qu'il ne pouvait plus rien pour lui, déclare : « c'est inhumain de laisser un homme souffrir comme cela », et il le fait transférer dans le service des soins palliatifs, « là, ajoute—t—il, ils ont ce qu'il faut pour arrêter la douleur ». Au téléphone (on était en plein covid, et les visites étaient impossibles) mon frère me dit : « Je ne souffre plus ». Quelques jours plus tard, on m'annonçais son décès. Était-il mort dans la « dignité » pour reprendre le slogan de quelques-uns ? Ce mot n'a pas de sens ici. Il était simplement mort dans la sérénité ! Le médecin savait parfaitement qu'en prenant sa décision, il mettait son malade en situation de non retour. Mais, en ne la prenant pas, il ne changeait rien à la fin inéluctable, et y ajoutait la douleur insupportable, inutile.

La morale que je tire de cette épreuve personnelle est que tout existe déjà pour faire face dignement, en effet, au drame de la mort, non pas dans la dignité qui ne veut rien dire, mais dans la sérénité qui est l'aspiration de tout le monde. Il n'est pas besoin de pérorer en Assemblée sur des lois inutiles et perverses, quand il suffit d'appliquer, en les développant, les moyens dont on dispose déjà pour résoudre le problème. 

Il y a trente ou quarante ans, alors dans les affaires, je projetais de financer, construire et gérer, avec un ami médecin déjà spécialisé dans ce domaine, un établissement de soins palliatifs à Tours. Il s'agissait, certes, de soulager le mourant de sa douleur insupportable, mais aussi de l'accompagner dans ses derniers jour par une démarche affectueuse, dans un environnement personnalisé propice à la sérénité. Je me heurtais alors aux entraves de l'Administration qui, « justement, réfléchissait à la question... », et ne toléraient pas que le privé s'en mêlât. Je crois qu'ils réfléchissent encore...

Plutôt que rendre légal le droit de tuer, les pouvoirs publics pourraient-ils faire leur travail en créant dans tous les hôpitaux ces structures d'accueil ultime pour des fins de vie sereines, et laisser les médecins et les personnels soignants remarquables faire leur métier ?

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