mercredi 8 mai 2019

Écritures inclusive et exclusives

Ainsi, notre langue française serait exclusive, coupable de pratiquer l’exclusion du genre féminin. Écrire "je vois passer un chat" serait exclusif. Il faut écrire "je vois passer un chat-te"pour n’exclure personne ! Les exemples foisonnent, de ces innovations grotesques. "Dieu a créé l’homme à son image" est exclusif. Les traducteurs ancestraux des Saintes Écritures auraient sans doute dû écrire qu’Il a créé "l’humain"... Délicieux jargon !
Les ayatollahs de ce galimatias brandissent l’argument que l’Académie française aurait enfin homologué ces nouveautés...! Mesdames, lisez d’abord le communiqué de ladite Académie. Vous y trouverez, par exemple, ceci : « ... (le) dictionnaire de l’Académie française, qui n’a pas pour vocation de recenser la pluralité des usages en train de naître ou de se former, mais de dire le "bon usage" dès lors qu’il est établi et consacré. Il est toutefois possible que, lorsque la neuvième édition du dictionnaire de l’Académie sera achevée et entièrement mise en ligne, des révisions puissent être apportées pour intégrer des évolutions confirmées ». Ou encore : « La commission s’est conformée aux méthodes éprouvées à l’Académie, qui a toujours fondé ses recommandations sur le "bon usage" dont elle est la gardienne, ce qui implique, non pas d’avaliser tous les usages, ni de les retarder ou de les devancer, ni de chercher à les imposer, mais de dégager ceux qui attestent une formation correcte et sont durablement établis ». C’est clair : "des révisions pourront être apportées", ce qui veut dire que d’autres ne le seront pas ! On peut sans doute reprocher (amicalement) aux académiciens d’avancer bien lentement, de passer plus de temps à étudier le menu que le mot du jour. L’Académie est une vieille dame qu’il ne faut pas bousculer. Mais, au moins, elle ne fait pas n’importe quoi. Elle n’a pas fermé la porte à l’évolution. Elle est même là pour ça ! Mais elle a laissé un gardien à l’entrée.
J’entendais une conférencière issue de la diversité, comme l’on dit à la télé, nous expliquer que l’écriture inclusive permet de faire évoluer la langue ; qu’une langue qui n’évolue pas est une langue morte. Je remercie nos nouveaux concitoyens de nous apprendre comment écrire notre langue, mais voyez comme nos chers ancêtres ont su la faire évoluer avant vous, avec discernement le plus souvent. Je ne sais si une langue qui n’évoluerait pas serait morte, mais une langue qu’on charcute, qu’on martyrise, qu’on viole, le sera sûrement et rapidement. Une langue est comme un enfant, on le nourrit avec intelligence, on ne le gave pas de sucreries malsaines.

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