mercredi 14 mars 2018

Euthanasie et "suicide assisté"

Cela fait quand même drôle d'entendre parler les autres de la façon dont ils vont vous "euthanasier" un jour… Car, ce sont les jeunes qui en bavardent. Les vieux ? On ne leur demande pas leur avis ! Au fond, je me demande si le souci de ces bavards n'est pas de s'éviter — à eux ! — la souffrance de voir un des leurs souffrir. Dans une civilisation (??) qui ne fait pas de différence entre un être humain et un singe évolué, voilà où l'on en arrive !
Alors, avant qu'il soit trop tard, permettez à une victime potentielle de dire deux mots sur le sujet.

1 À propos de la sémantique, ceux-là nous expliquent qu'euthanasie et suicide assisté, ce n'est pas la même chose. Que dans un cas, c'est le malade qui avale lui-même la pilule qu'on lui fournit ; que dans l'autre, c'est le médecin qui fait la piqûre. Ne soyez pas trop hypocrites quand même ! Dans les deux cas, il y a quelqu'un qui met volontairement fin à une vie d'autrui. C'est de cela qu’il s'agit. 

2 Sur le fond, de quoi parle-t-on ? Du droit au suicide ? Que je sache, on n'a jamais mis quelqu'un en prison après qu'il se fut suicidé ! Mais, il s'agit du "suicide assisté", répliquera-t-on. Désolé, mais un suicide, c'est lorsqu'on se tue soi-même. Si quelqu'un d'autre le fait à votre place, cela s'appelle un meurtre. N'inventons pas des mots pour dissimuler les faits.

La question est donc celle-ci : aura-t-on le droit bientôt de mettre fin à la vie d'autrui ?
— Seulement, rétorquera-t-on, dans le cas où, d'une part cette personne le demande et, d'autre part est atteinte d'une maladie incurable qui la fait souffrir de façon insupportable.
Quand on parle de droit, il faut préciser de quel tribunal il s'agit. 
S'agit-il du tribunal de sa conscience ? Si tel est le cas, aucune loi humaine n'apportera la réponse. On peut se demander, d'ailleurs, si cette revendication d'une législation civile ne cache pas le besoin de s'affranchir de ce tribunal de la conscience. C'est très dur de décider seul, "en son âme et conscience". Si la loi le faisait à notre place… 
Mais si le "droit" dont on parle est celui du tribunal des hommes, alors il faudra que celui-ci se prononce au préalable, d'une part sur l'irréversibilité de la maladie, d'autre part sur le caractère insupportable de la souffrance. 
Sur la première question, on a déjà vu des guérisons avoir lieu contre tous dires d'experts. Mais, passons ! Si tel est le cas, ce sera simplement une bavure.
Sur la seconde question, c'est plus compliqué. À partir de quel degré de douleur l'euthanasie deviendrait-elle licite ? Et comment le mesurer ? Il n'y a pas d'échelle de Richter de la douleur, et il n'y a pas d'appareil pour la mesurer. Et puis, le caractère "intolérable" est variable d'un individu à l'autre. Enfin, puisque l'égalité est à la mode, qu'en serait-il de l'égalité devant la mort, entre un grand souffrant, et un autre souffrant seulement un petit peu moins ? Une actuelle et dramatique affaire montre que tout cela est utopique, que les tribunaux n'ont d'autre souci que de se déclarer incompétents. Mais alors, si ce n'est pas le juge qui décide, qui d'autre osera prétendre à la légitimité dans la décision de mort ? Nous voilà revenus devant le tribunal de la conscience. On n'y échappe décidément pas !

Pourquoi cette question — grave ! — se pose-t-elle finalement à l'homme moderne ? Parce que celui-ci a franchi sans s'en rendre compte la ligne rouge du savoir interdit. Il sait désormais, non pas créer la vie, mais provoquer à sa convenance la création de la vie, l'entraver ou la modifier. Et à la fin de celle-ci, il sait la prolonger artificiellement, puis y mettre fin à son gré. Le vieux rêve de l'Homme jouant à être Dieu est en train de se réaliser. Une fois, déjà, l'Homme mangea le fruit de l'arbre de la connaissance. Il en perdit le paradis de l'insouciance. Une ère de mutation de même ampleur s'ouvre-t-elle devant nous ? L'interdit divin aura-t-il, dès lors, été transgressé : "Maintenant, qu'il n'avance pas sa main, qu'il ne prenne pas aussi de l'arbre de vie, pour en manger et vivre éternellement" (Genèse 3,21-22). Voilà pourquoi, ce n'est pas sur le "droit" de donner la mort qu'il faut légiférer, mais sur la faute d'entrave inutile à ladite mort naturelle, opérée par des manipulations artificielles finalement coupables. Secourir le mourant par des soins palliatifs anti douleur est un devoir, jusqu'au coma provoqué s'il n'y a plus d'autre solution. Mais, pour le reste, laissons Dieu donner la vie et la reprendre Lui-même.

Je ne sais ce que Dieu qui tient mon âme entre Ses mains entend faire de mon corps. Mais, quand l'heure d'ici-bas sera venue, que personne ne s'aventure à décider à Sa place !

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