lundi 23 octobre 2017

Laïc ou laïque

Une divergence de vues m'opposait récemment à un correspondant sur Internet, au sujet de l'usage des mots laïc et laïque. Fallait-il dire "un État laïc, ou un État laïque ?
J'ai donc posé la question au service du Dictionnaire de l'Académie française. Voici les éléments de la réponse :
"On écrit un État laïque. 
LAÏC adj. m. Autre forme de Laïque, qu'on rencontre surtout lorsque ce mot est employé substantivement. 
LAÏQUE adj. (au masculin, on écrit quelquefois Laïc). Emprunté du latin ecclésiastique laicus, de même sens. À l’origine, il n’y avait qu’un seul mot laïc, dont le féminin était laïque. Mais ces deux formes ont été prises pour deux mots différents."
Tout s'explique. À l'origine, il y avait des clercs — les prêtres, les religieux — et il y avait les laïcs — les autres —. Et, parmi ces autres, il y avait les anticléricaux, les pourfendeurs des écoles chrétiennes, les combattants de l'école laïque (au féminin), "la laïque". Quand il s'est agi, pendant la Révolution, d'interdire aux religieux — les clercs — de faire partie du gouvernement de la République, ceux-ci se sont trouvés devant le dilemme cruel de qualifier la République de laïque, mais l'État de "laïc" ! On n'allait tout de même pas affubler l'État républicain du même qualificatif que les calotins laïcs ! Mais on ne voulut pas non plus abandonner le terme de "laïcité" qui sonne si bien ! Alors, on forgea un nouveau mot, à la fois masculin et féminin, à la fois substantif et adjectif : "laïque", en en réservant l'usage à César, et en priant Dieu de se contenter de "laïc". 
C'est ce que l'Académie révèle pudiquement en disant : "ces deux formes ont été prises pour deux mots différents".
Voilà pourquoi, pour ma part, je continuerai d'écrire le français dans sa logique originelle : "laïc" au masculin, "laïque" au féminin, une République laïque, un État laïc, n'en déplaise aux "laïcards" (et non pas "laïquards")...

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