mardi 20 juin 2017

Le livre électronique

Ainsi, Victor Hugo, lu sur un écran, n’est plus Victor Hugo ! C’est en tout cas la vision que la Commission de Bruxelles avait (*) de la littérature, qui imposait une TVA de 20% sur les livres électroniques, quand celle-ci est à 5,5% sur les livres papier, au motif que, si le livre papier est un bien culturel, le livre électronique n’est qu’un service. Le patrimoine culturel, pour les édiles de l’Europe, c’est le papier et le carton, pas ce qui y est écrit. L’art, pour ces gens-là, c’est ce qui s’accroche au mur du salon, qui va bien avec les rideaux ; ou bien, ce qui se montre dans la bibliothèque, avec un joli dos. Qu’on me permette de penser que le patrimoine culturel réside dans la pensée qui est écrite, et non dans le support. Faut-il écrire sur les parchemins du IIe siècle, ou sur les papyrus égyptiens, pour que la Commission de Bruxelles considère qu’il s’agit de patrimoine culturel ? Et quand, demain, l’écriture numérique sera remplacée par un autre média, ladite Commission cédera-t-elle encore aux lobbies des boutiquiers pour punir l’innovation technologique qui leur crée problème ? Ne comprend-on pas que la différence entre l’animal et l’homme est que, chez celui-ci, l’inné n’existe pas ; que l’humanité ne progresse que grâce à la diffusion de son savoir acquis au fil des temps, et qu’il n’y aurait ni Commission, ni Europe, ni France aujourd’hui, si la littérature en était restée au support des tables gravées par des scribes. L’écriture électronique, qui balbutie encore, est un formidable outil de diffusion mondiale de culture pour les siècles à venir. Son destin mérite d’être remis en des mains éclairées.
(*) Directive non suivie par la France, où le taux de TVA reste, depuis 2016, à 5,5 % quel que soit le support.

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