mercredi 6 août 2014

La mort du Journal Officiel ?


La version papier du Journal officiel va disparaître au profit de sa seule publication numérique. Le “JO“, dont l’origine remonterait à Richelieu, est l’organe officiel par lequel l’État promulgue ses lois. Et voilà que la presse (Le Figaro de ce jour) parle de “fin programmée d’une institution française“ : 
« La disparition de sa version imprimée (…) fait partie d’un contexte global d’affaissement progressif de l’autorité de l’État (…) Le passage complet d’un journal au numérique — on se souvient du triste destin de France Soir — est la marque d’un déclin, sinon d’un décès annoncé. (…) Cette dématérialisation (…)  suscite des interrogations sur l’avenir de ce quotidien qui est l’expression de la puissance publique, voire sur l’autorité de la République en général ».
Sans papier, plus de lois, plus d’État, rien de moins ! On croit entendre les scribes qui gravaient les édits dans la pierre, crier au sacrilège quand, voici 5000 ans, les Égyptiens prétendirent utiliser à cet effet leur vulgaire papyrus. Il semble bien, pourtant, que l’humanité y ait survécu. Et, quand, il y a six siècles seulement, Gutenberg utilisa sa diabolique invention de l’imprimerie sur papier, je suppose que les dérouleurs de parchemin hurlèrent à leur tour à la fin du monde. Or, c’est l’inverse qui se produisit : la culture, et donc l’humanité, fit un bond dans son progrès. 
Eh bien ! Qu’on le veuille ou non, s’opère aujourd’hui sous nos yeux l’avènement historique du cinquième support de l’écriture, l’électronique. Personne n’en mesure la portée, y compris dans la diffusion de la pensée. C’est peut-être, d’ailleurs, ce qui inquiète le plus les médias traditionnels : ne plus contrôler la pensée. Si la dématérialisation du journal officiel doit être considérée comme un symbole,  c’est de cet évènement-là qu’il s’agit.

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