dimanche 6 juillet 2014

Être “de droite“ ou “de gauche“ ?


Un interlocuteur ami de Facebook me fait l’honneur de me poser cette question :
« La Droite revendique sa catholicité sans complexe, ce qui est plutôt bien, par contre il semble plus délicat de dire que l'on croit en Dieu lorsque l'on est de gauche… Pourquoi ? »
Qu’il me permette d’y répondre par la voie de ce blog plus personnel.
La question semble faire un a priori du statut d'homme (ou de femme) “de droite“ (avec majuscule) ou “de gauche“. On serait avant tout "de droite" ou "de gauche", comme on est grand ou petit, brun ou blond. Et de cet état naturel découlerait une plus ou moins grande aptitude à la spiritualité. Or, on ne naît pas "de droite" ou "de gauche", même si le milieu social dans lequel on a grandi contribue bien sûr à cette orientation politique. J’ai moi-même pris conscience de ce choix dès l’âge de huit ans. La Libération venait de permettre les premières élections après l’occupation allemande. C’était quand même il y a 70 ans ! Mon père, me regardant, mais se parlant finalement à lui-même, dit : « je me demande bien pour qui je vais voter ». Dans ma candeur d’enfant, croyant que socialisme voulait dire altruisme, souci du prochain. Je murmurai : « socialiste ? ». J’entends encore sa réponse, un cri : « ah, ça ! jamais ! ». Comme quoi, si l’histoire ne repasse pas les plats, elle sert quand même toujours la même cuisine. 
Quant à définir ce qu'est être "de droite" ou "de gauche" (en France), je crains qu'il ne s'agisse-là que d'un classement artificiel inventé et mis en oeuvre par des politiciens professionnels ambitieux aux seules fins de se constituer des troupes de militants.
Cela dit, y a-t-il une corrélation avérée entre cet autoclassement politique et une disposition naturelle à la spiritualité ? La question posée fait un amalgame entre la "catholicité" des uns et la croyance en Dieu des autres. Ce n'est pas la même chose. On pourrait poser la question ainsi : les chrétiens catholiques sont-ils plutôt "de droite" ou "de gauche" ? J'aurais tendance à répondre : les chrétiens que l'on massacre en ce moment par milliers à Mossoul et ailleurs, sont-ils “de droite“ ou “de gauche“ ? La question pourrait aussi être : est-il plus facile de déclarer sa foi quand on se dit "de droite", que lorsque l'on se dit "de gauche" ? Elle sous-tendrait alors l'idée qu'il y aurait dans notre pays, comme une dictature de la pensée, qui pousserait les croyants à se cacher. Et que cette tyrannie des lobbies s'exercerait plutôt dans les milieux "de gauche". Est-ce ce que mon interlocuteur ressent ? Alors, je veux lui répondre ceci :
La foi n'a que faire du classement politique des Français. Elle s'offre indifféremment à tous ceux qu'une rencontre, un jour, a éclairés. La foi n’est pas la croyance qui, elle, ne relève que de l’activité cérébrale. La foi ne se démontre pas. Elle est une connexion, qui s’établit en chacun avec le tréfonds de soi-même, au-delà de la raison, au-delà des neurones, au-delà de la seule dimension matérielle de notre condition humaine. Les chrétiens appellent cela une communion. Tout le monde y a droit. Il suffit de s’y ouvrir.

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