mercredi 17 juillet 2013

Harry Potter et le pseudonyme


L’auteur de “Harry Potter“ a publié récemment un roman sous un pseudonyme inconnu. Résultat, un flop : un petit nombre de lecteurs apprécient l’ouvrage, les critiques sont bonnes, mais les ventes ne décollent pas. Puis le “grand“ public apprend la véritable identité de l’auteur : aussitôt, les ventes explosent ! 
C’est ainsi ! Pour le plus grand nombre, l’on n’achète pas un livre pour ce qu’il contient, mais pour la notoriété médiatique de l’auteur. Quant à formuler une appréciation sur l’ouvrage, on s’en remet aux médias qui diront ce qu’il faut penser.
On savait déjà que règne dans l’édition la dictature de la légitimité professionnelle, sociale ou corporative de l’auteur. Ne parlez pas de philosophie si vous n’êtes pas un intellectuel autoproclamé. N’écrivez rien sur la science ou la métaphysique si vous n’êtes pas chercheur ou enseignant. Ne vous mêlez pas des affaires de l’embryon et de la vie si vous n’êtes pas médecin, professeur de quelque chose. Le lecteur a peur de celui qui n’est pas dans la bonne case. 
On sait désormais qu’en plus, le public veut lire du “Untel,“ et veut que cela se voie. Et si Untel se dissimule, son livre ne se vendra pas. 
Voilà pourquoi j’applaudis à l’avènement du livre électronique. Ce diabolique ustensile va faire sauter la dictature du littérairement correct en replaçant au premier plan le contenu du livre, et non plus le pedigree de l’auteur. Le libre accès, moins onéreux, à la formidable production littéraire mondiale, affranchi du filtre commercial de l’édition, va provoquer une véritable renaissance de la lecture et, souhaitons-le, de l’esprit critique.

Aucun commentaire: