lundi 20 août 2012

Démocratie (suite 2)


Dans Le Figaro de ce jour, Chantal Delsol évoque l’histoire pour rappeler que l’élection du Président de la République au suffrage universel a pu être le « marchepied pour une dictature ». Elle cite Louis Napoléon Bonaparte qui, une fois élu, restaura l’Empire. Elle évoque le général de Gaulle qui se défendit d’en avoir l’idée. Elle convient que, le système ayant aujourd’hui fait ses preuves, « il serait absurde d’y voir un risque de coup d’État ». Mais, quand même, conclut-elle, l’élection au suffrage indirect limiterait la dérive de « people-isation » qui fait que l’électeur, finalement, « s’occupe davantage de connaître les maîtresses que les idées » du candidat.
Qu’elle me permette d’avoir une lecture moins optimiste du problème. Les temps ont bien changé depuis Napoléon III, et même depuis De Gaulle. Nous vivons désormais dans l’âge de la télévision omniprésente et diaboliquement efficace, et sommes en train d’entrer dans celui de la cyberinformation.  Cela veut dire que le libre arbitre du citoyen électeur, auquel se référait le Général, n’existe plus. L’électeur se manipule aujourd’hui sans difficulté, et ce sont désormais les médias de l’audiovisuel, d’une part, d’Internet, d’autre part, qui font les élections. La dernière aventure “citoyenne“ dans le genre, en France, nous en a fourni la preuve éclatante.  
Le danger n’est donc plus dans quelque velléité despotique d’un césar en herbe, mais bien dans une prise de pouvoir subreptice, par un lobby puissant, ou une confession conquérante. Le candidat, dès lors, ne serait qu’un alibi fabriqué. Ce scénario est, hélas, plus qu’une hypothèse ; il est éminemment probable, si on laisse les choses en l’état ; il s’est déjà joué dans le monde ; je ne vois pas comment on pourrait y échapper.
Est-ce à dire que la démocratie est aujourd’hui un système dépassé ? Sans doute pas. Mais, il doit être sérieusement actualisé, à l’aune du monde moderne. 
Comment faire pour qu’un peuple sache dépasser ses bas instincts de jalousies diverses, de haines refoulées, de désirs de casse que les candidats despotes savent si bien manipuler à leur profit ? Comment faire pour que ce peuple, alors, puisse être instruit des vrais enjeux de l’avenir et sache se prononcer en son âme et conscience ? Utopie ? Non, des voies existent, des cybersolutions, peut-être.

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