samedi 10 décembre 2011

L'Entreprise.


L’Entreprise avait pris le large, tel un fier vaisseau conquérant. 
Pendant quinze ans, les vents alliés avaient poussé ses voiles neuves à la conquête des terres lointaines. 
Les cargaisons étaient précieuses. Les retours furent prospères.
Il y eut des tempêtes, des écueils, le feu. Le bateau résista.
Puis un jour, le coup fut rude. Le vent mauvais s’acharna. La mer ouvrit sa gueule hideuse pour engloutir l’intrus. Le bois craqua, des poutres cédèrent. Il fallut jeter le lest.  Tout ce qui ne comptait pas fut donné en pâture à l’ogre vorace. L’équipage s’enfuit parfois, dans les chaloupes imprudemment larguées dans les creux immenses.
Le capitaine s’agrippa. Ses deux fidèles seconds l’assurèrent. 
À trois ils souquèrent ferme. Il fallait continuer d’avancer. Maintenir le cap. À mains nues.
Parfois, l’un d’eux, épuisé, se cachait pour pleurer. Pour prier.
Alors, le vent du diable, lassé d’échouer, passa son chemin, chercha d’autres proies. La mer s’apaisa. Le ciel se laissa voir. Les étoiles… Enfin !
Brisé, démâté, mais fier encore, le vaisseau rentra au port sous les vivats, la cargaison sauvée. 
Et l’on vit les trois empoigner les marteaux et réparer. Il fallait consolider, remplacer, reconstruire. Déjà un équipage nouveau se présentait à l’embauche. 
Bientôt le navire rénové et invincible franchissait à nouveau la passe pour affronter les éléments désormais domptés. Les tempêtes économiques. Les ouragans financiers.
Déo gratias. 

1 commentaire:

CHTOPHE a dit…

Telle est bien l'entreprise. Telle est bien la vie.