Il y aurait en France près de 180.000 embryons congelés, stockés en attente de décision sur leur sort. La population d’une grande ville française ! Il pourrait y en avoir un million dans le monde !
Il s’agit des embryons conçus par fécondations en éprouvettes et gardés en réserve aux fins de réimplantation en cas d’échecs. Il est alors demandé aux parents de décider de leur sort : soit le don à la science, soit le don à autrui, soit la destruction. Une minorité s’exprime en faveur des deux premières “solutions”. Les autres confirment l’abandon ou restent muets. Ils aimeraient que les médecins décident à leur place (ou peut-être le Gouvernement…). Mais personne n’a envie de décider.
Parmi les causes de ce silence, il y a comme une gêne à réutiliser ces embryons congelés pour une deuxième grossesse. Comme si, “des embryons frais, c’est quand même mieux”… Mais aussi, une interrogation plus subtile tracasse : quel serait donc l’âge réel du nouveau petit frère ou de la petite sœur, conçu ou conçue finalement en même temps que l’aîné, mais mis au monde plus tard ? Ces interrogations, à faire pleurer, donnent la mesure de l’énormité du scandale.
Or ce ne sont pas les législations nationales sur le statut des embryons ou des fœtus qui vont apporter la lumière aux parents désemparés. Un embryon de quelques semaines ne sera rien dans un pays, deviendra un être humain si l’on passe une frontière, et perdra à nouveau son identité au retour. On n’est pas Homme au même âge de part et d’autre d’une même frontière ! Les législations sont des chefs d’œuvres d’hypocrisie, condamnées à louvoyer entre des lobbies de pressions contradictoires, animées par des idéologies radicales.
Quant à la science, elle se montre souvent plus préoccupée par la notoriété et les retombées financières induites par les expérimentations médiatisées, que par la recherche d’une vérité humaine. D’éminents professeurs expliquent que jusqu’à quelques semaines, les cellules de l’embryon sont totipotentes, c’est à dire aptes à se diviser, chacune prise isolément, en un nouvel embryon. Et d’en déduire que, jusqu’à cet âge-là, l’embryon n’est donc pas un être humain, mais une potentialité humaine !
ô supercherie du sophisme ! À quelle heure la potentialité devient-elle réalité ? Et quel événement fait qu’à cette heure-là, les choses basculent ? Quel big bang sonne chez l’embryon le temps zéro de la vie humaine ?
Si l’embryon avant ces quelques semaines n’est pas un être humain, qu’est-il donc ? Une éprouvette de produits chimiques ? « L’homme, du carbone, de l’oxygène, de l’hydrogène, de l’azote, du phosphore, du souffre… Et rien d’autre », disent certains. Alors oui, vu ainsi, l’embryon peut être jeté dans l’évier. Mais l’être humain aussi, qu’il est devenu ensuite en vieillissant ! Qu’est-ce qui justifierait qu’une denrée sans importance devienne tout à coup un être sacré, par décision administrative ? Encore une fois, que s’est-il passé entre les deux ? Rien !
Le vrai problème n’est pas tant de savoir à partir de quel âge la loi peut décider de planter l’étiquette ”homme” sur un amas de cellules, mais de dire si la science a raison ou tort, si elle a le “droit”, d’interrompre à sa guise le processus de création d’un être humain. De l’aider, oui ; de l’améliorer si elle en a acquis le pouvoir, pourquoi pas, bien que le spectre de l’eugénisme rôde toujours ; mais de l’interrompre ?
Pourquoi donc un enfant est-il si précieux? Parce que les enfants d’aujourd’hui sont les parents de bientôt. Parce qu’un enfant qui meurt, c’est 100.000 vies qui manqueront à l’humanité dans les siècles à venir. Chaque enfant est potentiellement l’ancêtre de l’humanité de demain. Et pour ceux qui attendent, congelés, nul n’a le droit de leur refuser le futur.
Regardez cet embryon, que la télévision nous montre complaisamment, tremblant face à la pipette qui manipule ses quelques cellules. Il est issu de la division d’une seule cellule engendrée elle-même par la rencontre mystérieuse et merveilleuse de deux pronucléus parents. Cette cellule originelle n’était pas là avant. Elle porte désormais en elle un patrimoine génétique totalement original, inédit et qui ne se reproduira plus jamais. En elle s’est engendré un nouvel individu. Commence alors la division cellulaire en deux puis quatre cellules identiques et ainsi de suite, qui auront toutes ce même patrimoine génétique et formeront un organisme. Dans ce développement de la vie, chaque vie nouvelle apparaît par le fait d’une rencontre, par engendrement. Deux cellules deviennent une nouvelle qui n’avait pas de réalité avant la rencontre.
Mais si la vie se développe ainsi depuis toujours par divergence, comment est apparue la première cellule vivante ? Comment sinon par réunion de ses éléments ? Une seule fois il y eut création, convergence, convergence de la Pensée créatrice.
Alors, cet embryon ! Il ne fait que renouveler à sa façon cet acte unique, originel, transcendant qui fit la vie. Comment peut-on imaginer que le miracle ne commence qu’au bout de quelques semaines ? Au fait, l’embryon a-t-il une âme ? S’il n’en a pas, alors le fœtus en a-t-il une ? Si celui-ci n’en a pas non plus, l’âme s’accroche-t-elle au corps de chair, seulement à la sortie de l’utérus, comme un dernier wagon à la sortie de la gare de triage ? Et si le fœtus a une âme, pourquoi l’embryon n’en aurait-il pas ? Où est la différence ? Est-ce le poids qui compte ?
Il faut se rendre à l’évidence : l’être humain n’est pas fait que de chimie. La chair n’est que l’aspect ici-bas, dans notre espace et dans notre temps, d’une réalité transcendante faite d’autre chose que de matière, et qui trouve sa matérialisation à l’instant de la fécondation, de la rencontre.
Qu’y a-t-il avant ce commencement de la vie terrestre ? La question rejoint celle-ci : qu’y avait-il avant le big-bang ? Elle n’a simplement pas de sens. Car avant le commencement de la vie, comme avant le big-bang, il n’y a pas d’avant, puisqu’il n’y a pas de temps. Il y a, c’est tout. Mais il y a quoi ? Vous ne trouverez pas la réponse dans la science. Vous la trouverez peut-être dans l’amour. Et l’amour n’est jamais loin de Dieu. Au bout de combien de jours est-il permis d’aimer l’embryon ?
2 commentaires:
Le problème, si problème il y a, ne se situe en rien dans le bébé issu de cette assistance médicalisée. Il est un être identique, dans toutes ses dimensions y compris spirituelles, à ce qu’il aurait été dans une rencontre dite naturelle. C’est en tout cas ma conception.
Le problème se situe dans l’existence des embryons surnuméraires que la médecine impose lors de cette assistance. Qu’en faire ensuite ? Les parents, tout à leur bonheur premier, se retrouvent alors confrontés à des questions face auxquelles ils restent seuls. Bien sûr, une nouvelle implantation serait un nouveau bonheur. Mais cette issue a ses limites. Et l’accueil d’un nouvel enfant dans un ménage ne peut être imposé par des considérations de technique médicale.
Or nul n’est en mesure aujourd’hui de connaître la vérité qui s’attache à la personnalité de ces embryons. Il s’agit de la définition de la vie humaine. Celle-ci déborde largement les limites de l’univers matériel. Les législations n’ont aucune autorité en la matière. Quant à la science, elle ne trouvera jamais la réponse dans ses laboratoires. Les échappatoires du genre “il s’agit d’êtres en devenir“ ne sont que des mots. Sans parler de l’attitude indigne de certains lobbies médicaux qui, devant les intérêts financiers en jeu, confondent science et affairisme sans scrupules. Un jour, sans doute rapidement, cette contrainte médicale sera levée, et la technique n’imposera plus aux parents d’avoir à résoudre seuls le problème de leurs embryons.
Mais en attendant, que faire ? De toute façon, conserver ces embryons éternellement congelés ne résout rien. Alors ? Les mettre à disposition d’autres couples stérile, est-ce une solution ? Peut-être ! Les livrer a la science ? Peut-être ! Interrompre leur développement ? Peut-être ! Les uns considéreront que l’embryon est sacré dès la première seconde. Ils devront dès lors en tirer toutes les conséquences et conduire leur vie en fonction de cette vision qu’ils en ont. Les autres estimeront que la conscience qu’ils ont de l’identité humaine se manifeste plus tardivement. Alors ils orienteront leurs décisions sous cet éclairage. Les deux sont souverains. Personne n’a le droit d’imposer son point de vue aux autres. Mais chacun a le devoir de respecter les convictions des autres. L’essentiel est d’agir selon sa conscience, sans tricher.
Et puis, il reste ceci à dire aux parents : si le ciel vous a donné le bonheur d’un enfant, et l’amour pour l’en baigner, c’est qu’il vous veut du bien ! Alors, n’ayez pas peur de décider.
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