mardi 18 octobre 2022

Lamartine

Le poète et homme politique Alphonse de Lamartine s’adressant au gouvernement dont il fait partie en 1848 :

« Vous sentez-vous assez mûrs pour n’avoir d’autres maîtres que vous-mêmes ?… Assez justes pour faire droit même à vos ennemis ?... Assez magnanimes, assez cléments pour vous immoler aux autres, pour oublier les injures, pour ne pas envier les heureux, pour faire grâce à vos ennemis, pour désarmer vos cœurs de ces arrêts de mort, de ces proscriptions, de ces échafauds qui ont déshonoré ce nom sous la tyrannie populaire qu’on a appelée du faux nom de république il y a un demi-siècle ? »

(Sylvie Yvert "Il était une fois Lamartine")

samedi 8 octobre 2022

Le roman artificiel

Les nouvelles technologies fondées sur l'utilisation d'ordinateurs de plus en plus puissants vont permettre bientôt, si ce n'est déjà, de demander à la machine de rédiger elle-même un roman. Il suffira pour cela de lui faire ingurgiter de force des milliers d'œuvres littéraires de référence, puis de lui demander d'écrire un roman d'amour en deux cents pages qui se passe à tel endroit, le tout à la manière de tel écrivain à succès.

La mode veut que l'on appelle cela "intelligence artificielle". Je crois que l'on a sombré, au contraire, dans le puits sans fond de la non-intelligence. Car, l'intelligence n'a rien à voir avec la performance électronique d'une machine. L'intelligence est spécificité de la personne humaine, don à la créature qui trouve sa source dans l'immatérialité de l'être. C'est cette intelligence-là, naturelle, voire surnaturelle, que l'écrivain tente de transmettre par sa plume, comme le compositeur le fait avec les notes, et l'artiste avec son pinceau. La machine n'y aura jamais accès. 

Par ailleurs, s'ouvre avec ces techniques l'épineuse question des droits d'auteur. Quel droit aurait le commanditaire d'une telle construction préfabriquée de s'en prétendre l'auteur ? Où serait, dans cette suite de mots arrangés par la machine, la pensée de l'auteur, c'est-à-dire son intelligence ?

Les écrivains crient au plagiat. Les éditeurs montent aux créneaux. Les lecteurs choisiront ce qu'ils veulent consommer. Ou bien l'artifice de l'intelligence électronique retombera tout seul comme une mauvaise mayonnaise, ou bien l'intelligence humaine est décidément en voie de disparition. 

mardi 4 octobre 2022

Travail…

 

Le Figaro publie une analyse intéressante sur « Les Français et le travail ». Depuis ces deux années de télétravail où il fut possible de se "la couler douce" en recevant néanmoins son salaire, lesdits Français — et leurs voisins aussi — n'entendent plus revenir à la contrainte "d'aller bosser". Ils veulent privilégier désormais la vie de famille en consacrant le minimum à leur travail externe, juste ce qu'il faut pour justifier leur modeste salaire. J'y verrais volontiers un sens à la vie respectable, si cette philosophie domestique nouvelle ne se heurtait à deux obstacles qu'il faudrait surmonter. D'une part, s'agissant de la famille, la pensée unique sponsorisée par d'obscures puissance de l'argent, véhiculée par les média aux ordres et l'Éducation nationale gauchiste, s'emploie à la détruire. Alors, à quoi bon se consacrer à ce qui disparaîtra si l'on ne se bat pas pour sa défense ? D'autre part, les revendications bruyantes déclenchées ici et là pour le pouvoir d'achat laissent présager que cette philosophie généreuse se brisera vite sur les réalités économiques. 

La vérité qui se cache derrière ce mouvement d'humeur, sans doute passager, est qu'il ne concerne que les personnes, trop nombreuses il est vrai, qui sont employées à des tâches sans intérêt, sans le moindre espoir de valorisation. Je ne crois pas qu'un vrai professionnel, quel qu'il soit, soit victime de ce syndrome. Et cela ne se limite pas aux grandes professions. C'est aussi vrai pour un maçon, une cuisinière, tout métier dont on est fier. Alors, si l'on veut tirer l'enseignement de cette période de pandémie, c'est vers cette recherche de valorisation des emplois qu'il faut travailler. Il n'est pas normal qu'au vingt et unième siècle, encore, l'on n'aime pas son métier.