samedi 29 juin 2013

Le nombril des Français


Dans une chronique de Natacha Polony publiée dans Le Figaro de ce jour, on peut lire cette anecdote : « Mais ça ne nous intéresse pas, on n'était pas nés », répondit un jour un étudiant à l'auteur de ces lignes, lors d'un cours sur le Front populaire. Et l’auteur de conclure : L'horizon de la vie de ces jeunes gens, c'est leur nombril.
Je crois que l’on trouve là le vertigineux raccourci du mal français. Trente ans de formatage idéologique scolaire de nos enfants ont engendré une population (peut-on encore parler d’un peuple ?) qui n’a plus de racines, que ni le passé ni l’avenir n’intéressent, qui pousse comme des poulets dans leur case, l’œil rivé sur leur gamelle du jour. Ils ne savent pas qu’alors, ils servent eux-mêmes à alimenter le banquet de ceux qui les ont enfermés ainsi. 
Comment faire sortir le troupeau de sa cage, et lui faire redécouvrir la vraie vie d’homme ou de femme libres ? Libres de penser autrement. Libres d’oser. Libres d’être heureux.
Faites passer : évadez-vous !

jeudi 20 juin 2013

Cumul des mandats


Voilà que ce gouvernement a trouvé un autre truc pour occuper les gens et les empêcher ainsi de voir le désastre. Il s’agit du non-cumul des mandats électif. La ruche médiatique s’agite. Chacun y va de son commentaire. Je vais encore être en opposition avec cette pensée unique là. En quoi cela gène-t-il qu’un homme ou qu’une femme qui a l’envergure,  la compétence, la puissance de travail, la vision de l’avenir, le tout assis sur le sens de l’honneur et de l’honnêteté, mette ces qualités exceptionnelles au service de plusieurs collectivités ? C’est encore cet état d’esprit réducteur vers le bas qui cherche à écrêter tout ce qui dépasse et à aligner tout le monde sur la médiocrité ambiante. Ce n’est pas le cumul des mandats qu’il faut combattre, mais le cumul de la sottise (pour être poli), le cumul de l’imposture, de la tricherie, du brigandage politicien.

vendredi 14 juin 2013

Papa, maman


J’observais un couple, sur la plage, jouant avec son chien. « Va voir papa ! », disait la femme. Et le chien se précipitait vers “papa“ qui, à son tour, disait : « va voir maman ! ». Et le chien courrait ainsi de l’un à l’autre sous les rires attendris du “papa“ et de la “maman“. Cela prête à rire ? Moi, je n’ai pas ri… Manifestement, ce couple reportait sur l’animal une certaine privation d’enfant. De quelle nature ? Je l’ignore. Mais la scène exhalait le salé sucré fait de joie et de tristesse mélangées. L’animal, lui, était heureux entre ses deux “parents“. 
Pourquoi ai-je alors pensé à ces couples nouvelle vague, faits de deux pères ou de deux mères qui, je veux bien l’admettre, souffrent peut-être aussi de l’inassouvissement du désir d’enfant ? Mais, c’est leur choix de vie. Or, pour certains d’entre eux, un chien ne suffit pas. Il leur faut un enfant d’Homme, un vrai. Ont-ils pensé que, si l’animal de mon histoire semblait heureux de ce manège, un enfant, à sa place, ne l’aurait pas été ? Lui auraient-ils crié : « va voir parent 1, va voir parent 2 » ? Ceux qui ont un peu de cœur comprendront cela. Hélas, ce sont les autres qui font la loi, pourvu qu’ils soient riches.   

mercredi 5 juin 2013

Chaque seconde, une messe…


Le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine utilise une formule-choc dans cette admirable homélie qu’il consacre au sacrement de l’Eucharistie : « chaque seconde, quelque part dans le monde, une messe est dite » ! J’ajouterai qu’il n’y a même pas assez de secondes dans chaque journée, pour les 277 000 prêtres du monde.
Chaque seconde donc, pour reprendre la formule, un prêtre célèbre l’Eucharistie, c’est-à-dire le sacrifice du corps et du sang de Jésus Christ présent sous les espèces du pain et du vin.  Alors, de deux choses l’une : ou bien l’on est totalement fermé au vertigineux mystère christique, et alors, cette information donne au moins la mesure de l’universalité de l’Église catholique ; ou bien l’on est pleinement doté de la foi chrétienne, et alors on chancelle sous l’immensité de cette révélation : toutes les secondes, Dieu pénètre dans sa création ! 
Car la religion du Christ n’est pas une philosophie de vie à laquelle on souscrirait, comme l’on milite au sein d’un parti politique. L’Église du Christ n’est pas une ONG à laquelle on apporterait son obole pour qu’elle répande le bien dans le monde. La messe n’est pas une célébration initiatique où l’on viendrait une fois par semaine, le plus près possible de l’autel, recevoir les bénéfices d’une bénédiction ésotérique. La sainte Hostie n’est pas un cachet que l’on absorberait pour se protéger du diable.
La messe est un Saint Sacrifice. Elle renouvelle à chaque fois, en vrai, la mort du Christ, puis sa résurrection en chacun d’entre nous. Et ce miracle inouï se reproduit toutes les secondes…
Hélas ! Sous couvert d’une réforme conciliaire mal comprise, ou volontairement détournée de sa pensée constituante, la vérité profonde des rites jusqu’alors pratiqués lors des offices catholiques a souvent été oubliée, et la puissance de la contemplation qui en émanait, anéantie. Un succédané de protestantisme mâtiné de club de rencontre l’a parfois remplacé, voie royale vers le puritanisme le plus superficiel. Où est Dieu dans tout cela ? Ce Dieu qui nous ouvrait les bras, dès le seuil du sanctuaire franchi. Ce Dieu qui nous arrachait au quotidien de la vie, dans la violence des chœurs et des orgues ; qui nous ouvrait, béante, la porte du monde de l’amour. Où est-Il ce fils crucifié, ce Dieu un instant fait homme, cet homme totalement Dieu, dont la présence vraie emplissait nos âmes ? Qui ressent encore sa présence brûlante dans l’hostie ? Qui a conscience qu’à l’instant de l’Eucharistie, le prêtre, représentant désigné du Christ, acquiert le pouvoir inouï d’emplir nos âmes de sa présence vraie ? Qui vit vraiment cet instant préservé, merveilleux, sacré, lors duquel éclate en chacun l’éblouissante vérité des deux mystères de la foi : l’incarnation, irruption vraie de Dieu dans sa création, et la résurrection, présence désormais éternelle du Christ au cœur des âmes ?
Alors, non, devant pareille charge spirituelle on ne s’ennuyait pas à la messe ! Et, si l’on veut que, de nouveau, les églises se remplissent, non pas de touristes du dimanche en quête de rencontres, mais de fidèles, de croyants, de pratiquants, alors il faut y replacer Dieu pour qui rien n’est trop beau, ni le cérémonial, ni la majesté du lieu, ni la profondeur du prêche ; ni surtout, l’état de grâce de chacun pour Le recevoir, pour “communier“, au sens propre.