mardi 21 mars 2017

Salons du livre : salons des écrivains, ou salons des libraires ?

La presse fait état d’une baisse sensible de fréquentation du Salon du livre de Paris en 2016, de 27.000 entrées, avec155.000 visiteurs contre 200.000 escomptés. Mis en cause, le prix d’entrée jugé excessif (39 € pour les quatre jours, 12 € pour le samedi ou le dimanche). Certes, ce paramètre compte, mais est-ce la vraie raison ?
On y apprend par exemple qu’il a été interdit aux visiteurs d'apporter leur propre exemplaire déjà acheté pour obtenir une dédicace de l’auteur présent. Voilà qui caricature à souhait la dérive mercantile de trop de ces salons — pas tous, heureusement ! —. Les auteurs qui pratiquent un peu de communication annoncent pourtant souvent : “Je dédicacerai tel jour à tel endroit…”. Faut-il sous-entendre : “Je dédicacerai le livre que vous achèterez au libraire présent” ? Dès lors, les visiteurs de ces manifestations sont en droit de faire observer qu’on ne paye pas pour entrer dans une librairie.
Parallèlement, est-il justifié de faire payer un écrivain qui vient dédicacer ses livres vendus par ledit libraire ? L’auteur d’un livre est-il un fournisseur qu’on pourrait soumettre à la pression d’un supermarché ? Ferions-nous payer Balzac, Sand, Hugo s’ils offraient leur temps pour une journée dédicace ? Oh ! je sais ! l’auteur lambda n’a pas cette stature ! Il n’empêche, sans auteur, pas de littérature, pas de livre et pas de libraire. Mais alors, direz-vous, si personne ne cotise, qui paiera les frais du salon ? Eh bien ! ceux qui y font commerce ! Les libraires, et les éditeurs — dont je fais modestement partie — ! À eux de faire leur compte d’exploitation, et de décider s’ils font ou non l’investissement.
Seulement, voilà ! Les frais de ces salons-là sont énormes. Pourquoi ? Parce qu’en plus des dépenses matérielles, il y a les “peoples”; ces vedettes de l’audiovisuel que l’on s’arrache à grands frais pour attirer les foules. Il n’y a rien de littéraire dans cette démarche, sinon par nègre interposé. L’événement n’est plus un salon littéraire, mais une foire commerciale. Dès lors, est-il tellement illégitime de faire payer le badaud qui ne se déplace que pour voir, pour toucher, telle ou telle célébrité de la télévision ; pour emporter comme une relique quelques gouttes de son encre sur un bouquin qu’il ne lira jamais, quand il ne demande pas l'autographe sur un prospectus gratuit ?
La chaîne du livre, dont on se gargarise à l’excès, pourrait-elle remettre enfin ses maillons dans l’ordre, au bénéfice de sa raison d’être : la rencontre, le dialogue, entre un auteur et un lecteur ?

lundi 6 mars 2017

Smartphone… à vos souhaits !

Qui donc a inventé ce mot de torture pour notre langue française ? Un “ph” qui suit directement un “rt” ! Quatre consonnes à franchir d’un coup ! Il faut se livrer à des contorsions linguales pour prononcer ça. On croirait que l’on crache un pépin… S’il manque une dent de devant à votre interlocuteur, vous êtes bon pour les postillons dans la figure… Essayez “smartophone” ou “smartiphone”, ça va quand même mieux !